Le ministre Assoa Adou, désigné directeur de la campagne du candidat Gbagbo en 2015

Comme il fallait s’y attendre, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a été solennellement investi, le 3 novembre 2015 au Palais présidentiel d’Abidjan en Côte d’Ivoire.
AssoaAdou

Devant le peuple souverain de Côte d’Ivoire, il a juré sur l’honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution, de protéger les droits et les libertés des citoyens. Partant de là, il a appelé le peuple à lui retirer sa confiance, en lui faisant subir toute la rigueur de la loi, au cas où il venait à le trahir.

En tous les cas, le président s’est engagé à être « le dirigeant sans exclusive « . C’est à dire qu’il entend se mettre au service de tous les ivoiriens, sans discrimination aucune, sans considération aucune. Et le chantier sur lequel il est le plus attendu est celui de la réconciliation nationale.

Les résultats de la présidentielle d’octobre viennent renforcer la conviction selon laquelle des Ivoiriens ne se reconnaissent pas entièrement dans sa politique. La preuve, ils ont royalement boycotté le scrutin. On ne se voilera pas la face, ce sont eux qui ont contribué à gonfler le taux des abstentionnistes, en le portant à 47%.

Que veulent ces derniers? Ils revendiquent la libération de leur champion Laurent Gbagbo, incarcéré dans les geôles métalliques de Scheveningen à la Haye. Pas seulement lui, ils demandent aussi l’élargissement d’autres détenus politiques. Au nombre d’entre eux, les anciens ministres Assoa Adou, Lida Kouassi Moise, Alphonse Doauty et des jeunes militants dynamiques. On n’oubliera pas la première dame, Simone E. Gbagbo, contrainte à ronger son frein en résidence surveillée au Nord-Ouest du pays, en l’occurrence à Odienné.

Aux dernières nouvelles, Assoa Adou et Lida Kouassi Moise auraient été transférés de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan au camp pénal de Bouaké, une prison de fer, réputée austère et dépravante. Les autres, quant à eux, ont été expédiés à l’intérieur du pays pour être enferrés dans des prisons encore inconnues.

Cela aura trop duré. On estime que bon nombre d’entre eux, auteurs de fautes bénignes, ont suffisamment payé. Surtout que c’est le chef d’Etat lui-même qui les avait appelés à rentrer au pays, on ne comprend pas ce qui se passe. On n’a surtout pas compris qu’il ait donné l’impression de ne pas savoir que des anciens ministres sont enferrés, à la veille de la campagne présidentielle.

Maintenant qu’il a su qu’ils sont au trou, surtout qu’il a été réélu et n’a plus rien à craindre, il doit se hâter pour leur donner une seconde chance. Pas pour eux seulement, mais aussi et surtout pour la Côte d’Ivoire. Le pays qu’il est en train de construire avec entrain.

En politique, les attitudes revanchardes ne paient pas. Elles n’ont d’autres effets que de nourrir et entretenir la flamme de la haine qui, à son tour, débouche sur la violence. Et ça Alassane Ouattara le sait très bien. Lui, qui, entre temps, fut victime d’une politique d’ostracisme de la part de son allié d’aujourd’hui, Henri Konan Bédié.
Voilà pourquoi, le président Ouattara ne devrait pas faire montre d’amnésie. Il devrait jeter un regard dans le rétroviseur de l’histoire pour mieux aborder son deuxième et dernier quinquennat.

Héritier politique du vieux Houphouët Boigny, il devrait penser à sortir par la grande porte. Pour ce faire, il doit impérativement gracier et favoriser du coup le retour à la vie politique ou socioprofessionnelle de ses opposants. C’est à ce prix qu’on reconnait les grands hommes. Et puis, cela devrait pouvoir l’aider à réaliser son idéal d’une Côte d’Ivoire rassemblée, comme il le clamait déjà en 2010, au lendemain de crise postélectorale.

Ainsi espère-t-on qu’il libérera tous les détenus politiques, avant les fêtes de fin d’année. Espère-t-on qu’il ne se laissera pas ankyloser par les discours sirupeux de ses sbires, qui n’ont de cesse de lui répéter qu’ils ont le contrôle de la situation. Espère-t-on qu’il comprendra que lorsque la situation leur échappera, il sera seul face à ses responsabilités. Le temps est donc venu d’écouter son cœur, la voix qui vient du plus profond de son être.

Anderson KONE

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