La victoire de Patrice Talon au second tour de la présidentielle a été confirmée par la Cour constitutionnelle

La Cour constitutionnelle du Bénin a proclamé ce vendredi les résultats du second tour de l’élection présidentielle. Selon ces résultats proclamés par la Cour, Patrice Talon, a remporté le scrutin avec 65,37% (2 030 941 voix validées) face à Lionel Zinsou, crédité lui de 34,63% des suffrages, soit 1 076 061 voix validées. Nous vous proposons ici le parcours du président fraichement élu, Patrice Talon, qui devrait prêter le 6 avril prochain.

La victoire de Patrice Talon au second tour de la présidentielle a été confirmée par la Cour constitutionnelle
La victoire de Patrice Talon au second tour de la présidentielle a été confirmée par la Cour constitutionnelle

Né à Abomey le 1er mai 1958, Patrice Talon a fait son enfance dans le quartier Déguè-Gare à Porto-Novo. Il est issu d’un père qui était un cheminot originaire de Ouidah (Sud) et d’une mère originaire d’Abomey. Et son ancêtre, Pierre Talon, serait arrivé au Bénin à la fin du XVIIIe siècle en tant que garde du fort français de Ouidah, ancien port négrier.
Après son pays, il effectua une partie de sa scolarité à Dakar, où il obtint un bac C (bac Scientifique). Sur place, il entama des études en mathématiques. Seulement deux ans après, avec son Diplôme d’études universitaires générales (DEUG II) en poche, il décrocha le concours de pilote de ligne d’Air Afrique. S’en est suivie une formation à l’École nationale d’aviation civile (Enac) de Toulouse en France. Mais l’homme sera recalé peu de temps après.
Et dès 1980, changement de cap : le voilà activement dans l’importation des intrants pour la culture du coton au Bénin. Cinq ans plus tard, il créa la Société de distribution internationale (SDI) qui deviendra la première pierre de son empire cotonnier. En effet, cette société réussit à s’implanter au Burkina Faso, au Mali, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Et son promoteur est également présent au conseil d’administration de deux groupes ivoiriens : la Société d’engrais et de phytosanitaires de Côte d’Ivoire (SEAP CI) et AF-CHEM SOFACO (elle aussi spécialisée dans le phytosanitaire). Moins de dix ans après, il obtint pour le compte de la SDI, un florissant marché d’implantation au Bénin, de trois usines d’égrenage d’une capacité de 25 000 tonnes chacune.

Son copinage avec le politique

Grâce au coton, Patrice Talon devint un homme d’affaire très connu et très riche. Il se lança dans une sorte de copinage avec le politique qu’il soutient financièrement. En 1991 déjà, il a soutenu financièrement Nicéphore Soglo lors de l’élection présidentielle. Puis en 1995, il s’est investi dans le financement de plusieurs leaders politiques à l’occasion des législatives. Une méthode qu’il répétera élection après élection.
Et c’est en homme copain du politique qu’il rencontra en 2005, Thomas Boni Yayi, alors à la tête de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Commença ainsi une autre aventure avec ce dernier qu’il contribuera – financièrement surtout – à faire élire en 2006 comme président du Bénin. En retour, le renforcement – à travers divers marchés publics – de ses deux usines d’égrenage se doubla de la privatisation à son profit en 2008, de la division coton de la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra). Mieux, il récupéra en 2011, la gestion du Programme de vérification des importations (PVI) du port de Cotonou. Et dans le cadre des élections législatives d’avril 2015, il pesa de son poids et pour l’élection en tant que député, et pour l’installation au perchoir, d’Adrien Houngbédji en qualité de président de l’Assemblée nationale béninoise.

Ses déboires avec Boni Yayi

L’aventure de Patrice Talon avec le président Boni Yayi pris un tournant scandaleux dans le contexte d’une réforme constitutionnelle que ce dernier avait projetée, sans doute pour rester au pouvoir au-delà du délai établi par la Constitution béninoise. A ce projet de réforme, M. Talon a publiquement affiché son opposition. Et la suite, c’est que ses démêlées avec la justice ne tardèrent pas à se mettre en branle.
Du reste, en avril 2012, l’homme d’affaires a été visé par sept plaintes pour crimes économiques. Il a aussitôt été placé en garde-à-vue, puis entendu à plusieurs reprises par la justice. Peu de temps après, ses juteux contrats conclus avec l’Etat béninois sont suspendus. Un mois plus tard, il réussit à quitter le Bénin en catimini pour la France (où il possède un appartement cossu dans le 16e arrondissement) via les Îles Seychelles, l’Allemagne, et Belgique.
Un mandat d’arrêt international est lancé à ses trousses. Il fera ensuite l’objet d’une batterie d’accusations judiciaires, notamment pour tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat qu’était Boni Yayi avec des pilules radioactives, pour acquisition de drones en vue d’attaquer l’avion présidentiel, pour recrutement de commandos, pour vol à hauteur de 12 milliards de FCFA dans les caisses des douanes. Si la première affaire est clôturée au Bénin, elle fait encore l’objet d’une procédure judiciaire ouverte en juin 2014 en France. Il est également guetté par la justice suisse. Mais la justice béninoise lui a donné raison dans le contentieux né de la suspension de son contrat PVI.

Son engagement personnel en politique

De retour de son exil français, Patrice Talon exprima sa volonté de candidater à la présidentielle. Pour se donner des chances de succès, il intégra un caucus de leaders politiques eux-aussi candidats. Caucus au sein duquel, il a été convenu que le premier à arriver en tête face au candidat Lionel Zinsou, serait soutenu par les autres dans le cadre d’un second tour. Et M. Talon bénéficiera de ce pacte, lorsque Sébatien Ajavon (22,07 % au 1er tour), Abdoulaye Bio-Tchané (8,29 %), Pascal Irénée Koupaki (5,60 %), et bien d’autres leaders politiques proches de Boni Yayi comme Marcel de Souza, Kogui N’douro, Nassirou Bako Arifari, Napondé Aké, Yayi Chabi Sika, se sont effectivement engagés à le soutenir. Résultat, Patrice Talon remporte l’élection avec 65,39% des voix.
Personnage méthodique, fin stratège, affable, séducteur mais aussi terriblement méfiant, Patrice Talon a désormais la charge de diriger le Bénin durant les cinq prochaines années. Il a pris l’engagement devant le peuple béninois de ne faire qu’un seul mandat, et passer la main à autre valeureux fils du Bénin. Pourvu que ce ne soit pas un engagement à la  »Macky ». Attendons de voir…

F.P.

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