Un jeune écrivain, Adama Bayala, se considérant comme un frère en Christ du premier ministre de la transition, Yacouba Isaac Zida, s’adresse à lui dans cette lettre ouverte. Il l’appelle à rentrer au pays des hommes intègres pour répondre aux accusations qui fleurissent contre lui et ses proches. Lisez plutôt!
ZIDA

Grand frère,

je viens à toi, car je tiens beaucoup à toi.
Peut-être que tu ne le sais pas, je suis ton frère en Christ,
Dieu seul sait combien tu en as promus sous ton règne.
Rien que pour cela, je ne souhaite pas que les nuages qui s’amoncellent au-dessus de ta tête s’abattent sur toi
Toi-même, tu as pu t’en rendre compte, l’être humain est une abominable engeance à laquelle il ne faut jamais se fier.
Il flotte en surface de gros scandales depuis que tu as quitté le pays pour prendre un repos au pays de l’Oncle Sam.

C’est tout comme si quelqu’un ou encore même des gens voulaient ta tête.
Car, nous n’avons pas oublié que c’est toi qui a sauvé le pays qui basculait à vau-l’eau dans la foulée de l’insurrection populaire;

nous n’oublions pas que c’est toi, au prix du sacrifice suprême, qui a commandé et obtenu la liquidation du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui tenait nerveusement le pays dans ses serres;
nous ne sommes pas sans savoir que tu as fait arrêter des barons de l’ancien régime qui se seraient rendus coupables de malversations financières, de corruption et de concussion;
nous avons encore en mémoire que c’est toi qui a doté le pays d’un code électoral émanant de la volonté populaire qui nous aura permis de déboucher sur des élections libres, démocratiques, avec des résultats acceptés de tous et par tous.
Je voudrais m’arrêter à ces réalisations, car ce serait te faire une injure à vouloir égrener l’ensemble des réformes et des chantiers que tu as initiés et abattus dans ce bout de papier.

Grand frère, j’ai tellement apprécié tes actions que j’en étais arrivé à un point où j’envisageais sérieusement à mettre mon intelligence et mon énergie au service de ta structure: « Fondation Zida », qui œuvre pour la promotion de la paix et des valeurs citoyennes. Mais voilà, patatras, j’apprends que tu es un  » imposteur, un populiste invertébré, un démagogue, un vendu, un menteur et pire, un voleur ».

A ma grande surprise, tes pourfendeurs sortent, de je ne sais où, des preuves aussi accablantes les unes que les autres. Il apparait que tu as menti sur l’existence de 19 milliards de F CFA devant permettre de prendre en charge les corrections des disparités entre fonctionnaires et contractuels.

Certains disent que tu as violé les règles et les procédures de passation des marchés publics par entente directe, pour un montant de près de 40 milliards de F CFA; d’autres révèlent que tu as mis la main sur des centaines d’hectares de parcelles dans la zone de Ouaga 2000. Pas seulement, il se rapporte que tu es à l’origine du blanchissement de dizaines de milliards de F CFA et que tu as détourné 1 400 000 000 F FCA de la présidence du Faso pour le compte d’un cabinet militaire.

La fin des haricots, une radio, qui s’est pourtant révélée comme ton soutien à l’époque où tu exerçais le pouvoir d’Etat, a apporté de l’eau au moulin de tes détracteurs. Elle a avancé, sur la foi d’une écoute téléphonique, que tu ne voulais pas supprimer le RSP. S’engouffrant dans la brèche, l’ancien patron du Rassemblement politique nouveau (RPN), Harouna Dicko, s’est appuyé sur l’article 140 du code pénal, pour demander ta mise en accusation. Ses arguments : tu as détourné des parcelles à Ouaga 2000.

Grand frère, ce qui me chagrine dans tout ça, c’est que tes soutiens ont perdu la voix. C’est à croire qu’ils sont en train de te tourner le dos, s’ils ne l’ont pas déjà fait. Regardes toi-même, Hervé Ouattara est devenu aphone; tout comme Marcel Tankoana, Safiatou Lopez, Guy Hervé Kam, Smockey et j’en passe. L’un des rares à parler, Idrissa Nogo, lui, a demandé de faire la lumière sur les accusations qui pèsent sur toi.

Il y a un adage populaire qui dit: « Les absents ont toujours tort ». C’est peut-être parce que tu es hors du pays que les gens se défoulent sur toi. Si tu étais là, je ne pense pas que les choses se passeraient ainsi.
Grand frère, je te suggère de rentrer au pays; le plus tôt sera le mieux. Comme cela, tu pourras déjà répondre aux accusations qui fleurissent contre toi. Je souhaite que tu viennes en compagnie de notre chérie; elle pourrait se révéler utile. Sait-on jamais. Autre chose, n’oublies pas ta bible. Et surtout prends le soin de lire certains versets. Je te conseille surtout celui-là: Matthieu 7:2  » Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez ».

Je devine que toi, diacre dans une église de renommée internationale, as compris mes » insinuations ». Je ne voudrais pas jeter de l’inquiétude à l’inquiétude, mais je t’avoue que je crains qu’on veuille te retirer le grade de général de division qui ne rencontre pas l’assentiment de la haute hiérarchie militaire.
Grand frère, je prie Dieu, qu’il t’inspire, afin que tu prennes, avant qu’il ne soit trop tard, avec l’éclosion d’autres affaires ténébreuses, la décision la plus sage qui soit. Ton peuple, assoiffé de lumière et de justice, qui avait vu en toi le messie, t’attend impatiemment. Surtout ne le déçois pas, sinon tu perdras, à jamais, ton dernier carré de soutiens.

Sois béni mon cher aîné et demeures sous les parvis du très haut divin!

Adama BAYALA, écrivain, ouvrier de la plume

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