Depuis l'époque des colons jusqu'à maintenant, l'impérialisme s'est renforcé sur le continent noir, selon Maikoo

Voici une tribune qui va faire réfléchir plus d’un à quelques jours de l’ouverture officielle du sommet Afrique – France de Bamako.Pour son auteur, Ousmane Somah dit Maikoo, l’impérialisme n’a jamais été aussi présent  sur le continent que maintenant. «On nous dira que nos pères ont combattu la France pour accéder à l‘(in)dépendance. Nous dirons qu’ils ont lutté pour accéder à la dépendance et cette dépendance continue et persiste», soutient l’Africain engagé.

Depuis l'époque des colons jusqu'à maintenant, l'impérialisme s'est renforcé sur le continent noir, selon Maikoo
Depuis l’époque des colons jusqu’à maintenant, l’impérialisme s’est renforcé sur le continent noir, selon Maikoo

«Vous dites de bouter l’impérialisme français hors de nos frontières ?: Loin de moi, l’esprit de fatalité, de résignation et de renonciation! Crier à l’impérialisme tous les jours ne changera en RIEN nos quotidiens qui restent assez difficiles sur tous les plans. La sécurité, premier élément vital pour les affaires, l’économie et le respect des droits de l’homme sont quasi-absente, ce qui a d’ailleurs donné le courage aux populations rurales de s’ériger en brigades d’autodéfense avec tous les abus que cela comportent (séquestrations, recels, maltraitances de détenus, extorsions de fonds…). Sommes-nous réellement (in)-dépendants?

Certains analystes nous dirons OUI. Nous doutons fort de cette (in)dépendance qui a une forte odeur de dépendance. Pour nous comprendre, allons au- delà  du visible! On nous dira que nos pères ont combattu la France pour accéder à l‘(in)dépendance. Nous dirons qu’ils ont lutté pour accéder à la dépendance et cette dépendance continue et persiste.

Les frontières, ces tueuses silencieuses

La dépendance s’est amplifiée, le jour où nous acceptâmes les frontières, ces tueuses silencieuses d’efforts de développement, d’entraide, d’échanges de technologies etc. Les frontières restent à notre sens le premier facteur d’une dépendance annoncée. Cette dépendance s’est amplifiée et a pris des dimensions belliqueuses et anti-union (Combien de guerres y-a-t-il eu entre les pays africains depuis 1960?).

En plus du manque de sécurité, il faut ajouter le manque d’indépendance dans tous les secteurs. Au niveau des télécommunications, nous n’avons pas de satellites, ni de serveurs africains pouvant stocker nos données. Nos appels sont sur écoute et n’importe quel petit quidam sachant utiliser la technologie peut décrypter une conversation de haut niveau mettant en péril le secret d’Etat. Au niveau de l’armée, nous crions que la France nous lâche en paix, mais la réalité est tout autre.

Nos soldats sont pour la plupart du temps des produits de coopérations militaires, parfois plus nord-sud, que sud-sud. Sur le plan commercial, nous produisons des matières premières, dont les prix ne sont pas fixés par nous. Le contraire n’existe pas. Vous ne pouvez pas décider en France dans un supermarché de payer des produits à des prix que vous voulez. On vous montrera la sortie, car il y a une discipline des prix existante.

Différents types de colonisation

Vous voulez toujours chasser l’impérialiste français? Courage! Commençons par avoir notre serveur, notre moteur de recherche, notre langue nationale… Pouvez-vous réfléchir dans la langue d’autrui sans prendre des brides de sa pensée? Difficile! Le Burkina Faso, à l’instar de nombreux pays francophones, est victime de plusieurs types de colonisations qui sont classables par ordre. On nous parlera de „recolonisation“. La recolonisation suppose que le colon était parti, hors cela n’a jamais été le cas. On nous dira que nos ancêtres ont lutté, il y a eu des guerres, il y a eu la fin des travaux forcés… Mais la réalité est que le colon n’est jamais parti, bien au contraire, il a renforcé sa présence dans le commerce, les publicités, dans la coopération, dans les ONG. Nous parlons aujourd’hui de colonisations:

– La colonisation de premier ordre: Elle est arabo-berbère dans plusieurs parties de l’Afrique de l’Ouest et s’est épanouie à travers le commerce transsaharien et la religion. Certains africains à l’image de Samory Touré ont permis son implantation.

– La colonisation européenne: elle est arrivée juste après la chute de celle arabe. Elle se voulait „civilisatrice“ et exploitatrice. Elle a connu deux phases: Une d’exploration et une active (exploitation et expropriation)

– La colonisation chinoise: Elle semble être récente, mais est en réalité vieille. Elle est très active et combine l’exploitation douce à l’impérialisme non-violent à travers le commerce et diverses coopérations.

– La colonisation de 4ème ordre: elle est menée par les USA, qui sont en quête incessante d’alliés et de partenaires. Elle joue sur le bâton et la carotte.

L’une dans l’autre, l’Africain en général et le Burkinabè en particulier est un produit de diverses formes coloniales, qui lui font perdre son repère. Si la colonisation française a pu s’imposer, elle est de plus en plus mise à rude épreuve par les deux ordres cités notamment la présence chinoise et étatsunienne. C’est pourquoi la France compte recadrer les jeux, comme Simon, qui compte recadrer les Kolgweogo, en intensifiant sa présence à travers les bases militaires, d’unités spéciales pour sa survie. Sans colonies, la France est vide de sa substance. L’économie coloniale ne doit pas mourir. Elle doit vivre et même survivre. Il y va de la survie sur le plan interne et externe de la France, qui a besoin de liquidités pour payer le SMIG et les diverses allocations.

Parlez-nous encore d’indépendance et on vous dira de l’être sur:

– Le plan sécuritaire,

– Le plan alimentaire,

– Sur le plan des télécommunications,

– Sur le plan de la recherche,

– Sur le plan technologique,

– Sur le plan économique …

On nous dira qu’il faut réduire les fractures. Mais comment? Tenez-vous bien, les armes d’assaut de l’armée française sont de fabrication française et plus de 90% du matériel roulant utilisé est aussi français (dernièrement, la France a décidé de payer des véhicules de combats américains). Nous importons presque tout et nous crions à l’impérialisme. L’ordinateur qui a d’ailleurs servi à saisir ce texte est de fabrication… non, ça va, il y a un peu d’impérialisme dedans, tout comme le facebook, qui servira à le distiller. L’impérialisme n’est plus dans nos grains de riz, mais dans tout. La voie pour l‘(in)dépendance n’est pas pour demain. Alors, on fait comment? »

Maikoo

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