Après l'ère Obama, la liberté sur Internet est plus que jamais en question dans le monde

L’actualité des TIC sur le continent, ces derniers temps, reste marquée par la censure sur internet au Mali, à l’occasion de la manifestation de l’opposition. Ce qui vaut au président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) de recevoir une lettre d’interpellation  de Julie Owono, présidente de l’ONG Afrique Internet sans frontières. Mais, IBK, n’est pas le seul dirigeant politique africain ou du monde à être concerné par la problématique. Jamais la liberté sur Internet dans le monde n’a été aussi bafouée qu’au cours de ces dernières années. Une situation qui nous amène à nous interroger sur  l’impact du combat  mené sur ce terrain à l’époque  par l’administration Obama face aux Russes et Chinois.

Après l’ère Obama, les partisans d’un contrôle des pouvoirs publics de l’Internet  à l’image de Poutine, ont le vent en poupe

Lorsque l’on évoque les acquis remis en cause de l’ex-administration Obama au niveau mondial, ce qui vient immédiatement à l’esprit, c’est le récent retrait des Etats-unis de l’Accord de Paris sur le climat. Mais, par ces temps-ci, il y a aussi un autre domaine sur lequel l’ancien président démocrate et son administration s’étaient illustrés. Il s’agit de la liberté sur Internet. Difficile de ne pas y penser en ce moment où la question des entraves à l’accès à l’internet, notamment aux réseaux sociaux, au Mali domine l’actualité des TIC en sur le continent.

Il y a aussi le fait que nous avons été témoin de cette bataille des Etats-unis pour la liberté d’accès à Internet, lorsque le 17 juin 2015, en plein débat mondial sur la gouvernance de l’internet, nous débarquâmes à Washington ; dans le cadre d’un programme du département d’Etat, avec des consœurs ou confrères nigérian, indien, argentin, brésiliens, mexicain, uruguayen, et même cubain.

A la veille de la dixième réunion du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI+10) qui était prévue pour décembre 2015, l’ex- département d’Etat américain avait initié ce programme pour expliquer aux journalistes la position des Etats-unis sur la gouvernance de l’internet et leur montrer ce qu’était internet aux Etats-unis.

De Washington à Kansas City Missouri  en passant par Bangor dans le Maine, nous avons  pu faire, du 18 au 26 juin 2015, le constat d’une Amérique en progrès parce que de plus en plus interconnectée et librement.

La position américaine alors  réaffirmée avec force

Daniel Sepulveda, ex- coordonnateur de la communication internationale de l’administration Obama

L’une des raisons pour lesquelles les Etats-Unis se battaient pour le maintien de la liberté sur l’internet, avec moins de contrôle des pouvoirs publics comme le voudraient certains pays, réside dans les possibilités qu’offre cet outil de communication révolutionnaire d’assurer de l’innovation continue, de favoriser le développement de ses utilisateurs et de la croissance économique. C’est pourquoi, les Américains n’entendaient pas, dans le cadre du débat qui était en cours depuis quelques années visant une nouvelle règlementation des télécommunications, y compris l’Internet, par l’Union internationale des télécommunications, céder.

La position américaine sur le débat relatif à la gouvernance de l’internet  avait  été réaffirmée avec force, le 25 juin 2015, par l’ex-ambassadeur Daniel Sepulveda, alors coordonnateur de la communication internationale de l’administration Obama, lors d’une rencontre avec les journalistes. Très combatif, l’ex- vice-secrétaire d’Etat adjoint avait  exclu la possibilité pour les USA et leurs alliés de s’incliner face à la volonté des pays comme la Russie et ses alliés de remettre en cause le principe cardinal de l’internet, la liberté qui est source de création et d’innovation. «Cela n’a pas de sens tout simplement», avait-il laissé entendre, en battant en brèche l’idée selon laquelle les Américains chercheraient, par le statut quo dans la règlementation de l’Internet, à maintenir leur position dominante.

Recul de la liberté sur internet partout mais tout n’est pas encore perdu

La liberté sur Internet est plus que jamais en question dans le monde

 Deux ans après, la liberté sur Internet ne s’est pas aussi mal portée que maintenant. A l’époque, dans le monde, les grands ‘’violeurs’’ de la liberté sur Internet et ses réseaux sociaux, c’était surtout la Chine, la Russie, la Corée du Nord, le Pakistan. En Afrique, c’est à la faveur du printemps arabe en 2011 que l’on avait commencé à assister aux pratiques de censure sur Internet, notamment en Egypte.

Aujourd’hui, les pays africains  qui se sont livrés à ce jeu liberticide sur Internet sont innombrables, le Mali étant le dernier en date. Beaucoup de régimes sur le continent ont compris qu’à l’heure de l’Internet et des réseaux sociaux, il ne sert plus à grand-chose de chercher à contrôler seulement  les médias traditionnels (radio, télé et journaux). Et partout le réflexe est devenu le même : quand ils sont en difficultés et veulent étouffer des évènements, ils verrouillent l’accès à internet et aux réseaux sociaux.

«Les dirigeants africains sont obsédés par la surveillance de leurs peuples», indiquait à juste titre la Camerounaise, Julie Owono, responsable Afrique de l’ONG Internet sans frontières. C’est encore elle qui est montée au créneau avec les évènements au Mali pour lesquels elle a adressé une lettre d’interpellation au président malien Ibrahim Boubacar Kéita pour que cesse la censure pour les quelques deux millions d’Internautes maliens.

Avec le travail que mènent les ONG comme Internet sans frontières, l’on ne saurait à ce stade affirmer de façon péremptoire que le combat  menée par Obama et son administration sur la liberté sur Internet est perdu. La liberté étant une quête permanente, il appartient aux internautes africains et d’ailleurs de se mobiliser pour la conquérir et la conserver aussi longtemps que possible. En cela, Obama n’a fait que leur montrer la voie. C’est à eux de l’emprunter maintenant… jusqu’au bout.

Grégoire B. Bazié

Burkina Demain

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.