Une vingtaine de jours après son inhumation dans son Yatenga natal, Salifou Diallo alias Gorba continue d’alimenter les conversations, la chronique. Son nom est surtout évoqué ces temps-ci dans certains milieux, concernant notamment le soudain réveil de la justice burkinabè qui a procédé, en l’espace de quelques semaines seulement, à l’arrestation de personnages publics dits protégés du défunt homme fort du régime Kaboré. Le baobab étant tombé, les arbustes jadis sous sa coupe se retrouveraient ainsi face aux vraies réalités de la forêt, exposés qu’ils sont désormais aux rayons ardents du soleil judiciaire burkinabè.

Par crainte ou pour respect pour lui, du vivant déjà de Salifou Diallo, beaucoup de choses, pas toujours à son honneur, se disaient dans son dos, par ses détracteurs ou adversaires. Quand les affaires de la République ne se faisaient  pas normalement, tout de suite tout le monde pensait à lui. Il était fréquent d’entendre «ça doit être encore un coup tordu des Salif». Et comme l’homme ne passait pas par quatre chemins pour dire ce qu’il pensait et parfois de façon crue ; les uns et les autres en profitaient.  La logique des détracteurs ici est simple : «S’il ose dire ça publiquement, c’est qu’en privé il peut faire pire».

Maintenant qu’il n’est plus de ce monde et que l’on assiste brusquement à un réveil de la justice burkinabè qui a procédé en l’espace de quelques semaines à l’arrestation et au déferment à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) de personnages publics dont la présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC), il n’en fallait pas plus pour que beaucoup établissent un lien entre ce réveil judiciaire diversement apprécié et la disparition de Salif Diallo. Les personnes arrêtées sont considérées à tort ou raison comme les protégés de l’illustre disparu et qu’elles n’auraient pas connu ce sort s’il était encore vivant. Ce qui amène à poser des questions.

Notre justice sur la bonne voie ?

Gorba était-il vraiment celui qui empêchait la justice burkinabè de tourner au quart de tour comme elle tenterait de le faire présentement ? En d’autres termes, était-il l’obstacle à la pleine expression de la justice burkinabè ?  Pouvait-il d’un côté être pour l’indépendance du Parlement et de l’autre être celui qui entrave la bonne marche de la justice ? Est-il l’homme au dessus de l’institution judiciaire ?Par ailleurs, était-il le seul à avoir des protégés au sein du régime ? Si toutes ces questions sont confirmées, alors on pourrait dire que notre justice, partant notre démocratie, est désormais sur la bonne voie.

Mais, si au bout de quelque temps, l’on constate que la justice retombe dans ses travers du passé, alors on aura finalement entretenu le mythe Salifou Diallo pour rien, on aura gâté son nom «cadeau», comme disent les Ivoiriens. Et peut-être en ce moment, Gorba certes inhumé, invisible et peut-être présent, pourrait se révéler peut-être plus redoutable car, «les morts ne sont jamais morts», nous dit Birago Diop.

Christian Tas

Burkina Demain

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