Il ne reste plus que quelques 72 heures à la Guinée Bissau du président José Mário Vaz pour se conformer aux injonctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui la somme de nommer un Premier ministre de consensus avant le 31 janvier 2018. Faute de quoi, le pouvoir bissau guinéen s’expose à des sanctions. Brandies en mi-décembre dernier à Abuja au cours du sommet des chefs d’Etat de l’organisation régionale ; ces menaces ont été réitérées samedi dernier  à Addis Abeba lors d’un  mini-sommet tenu en marge du 30e sommet de l’Union africaine. Une situation qui fait penser à ce qui s’est passé il y a un an en Gambie où la CEDEAO était intervenue par la force pour obliger l’ancien président Yaya Jammeh à lâcher le pouvoir au profit de Adama Barrow, nouvellement élu président.

Le président José Mário Vaz veut demeurer un président avec tous les pleins pouvoirs

Quelles sanctions la CEDEAO va-t-elle opposer au président José Mário Vaz, et à son pouvoir, si les injonctions de l’organisation régionale de nommer un Premier ministre consensuel d’ici le 31 janvier sont ignorées à Bissau ? En pareille situation, difficile de ne pas penser à ce qui s’est passé il y a un an en Gambie où le président sortant Yaya Jammeh refusait de quitter le pouvoir alors que la commission électorale du pays avait bien déclaré Adama Barrow président élu. Et il a fallu que la CEDEAO engage l’épreuve de force pour l’obliger à respecter le verdict des urnes et à prendre la direction de l’exil.

S’achemine- t-on vers le même scénario à Bissau ?

Le président José Mário Vaz aux côtés de son ex-homologue gambien Yahya Jammeh en août 2014 à Nouakchott

Assurément non, les deux situations n’étant pas les mêmes. Il n’y a pas deux présidents pour un fauteuil en Guinée Bissau. Ce qui se passe à Bissau  n’est ni moins, ni plus qu’un problème de leadership entre le président Vaz et les responsables du parti au pouvoir, le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert. En clair, il y a d’un côté le président bissau guinéen qui veut disposer des pleins pouvoirs et avoir la haute main sur le choix du Premier ministre, sur  la direction du pays. De l’autre, les responsables du PAIGC dont est issu le président Vaz et qui veulent cantonner le président à ses fonctions présidentielles, conformément aux dispositions constitutionnelles, et donc laisser l’influence de l’action gouvernementale à la direction du parti .Conséquence : la crise perdure avec à la clé plusieurs Premiers ministres sacrifiés sur l’autel de ces rivalités politiques.

Face à la situation, la CEDEAO tente le tout pour le tout pour parvenir à une sortie de crise qui tarde à venir. La CEDEAO n’a pas encore précisé la nature des sanctions qu’elle entend prendre à l’encontre des autorités bissau- guinéennes. Mais, il pourrait s’agir par exemple de sanctions ciblées sur les dirigeants et n’ayant pas d’incidences fâcheuses sur la vie des populations du pays. Comme disent les Anglais, Wait and See.

Martin Philippe

Burkina Demain

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