Ces dernières années, le web social a accru de façon considérable nos espaces de liberté contribuant à la réussite des mobilisations et des luttes dans beaucoup de pays. Les récents événements au Burkina Fasoont achevé de nous convaincre de la force d’internet et particulièrement des réseaux sociaux, notamment Facebook et Tweeter. Dans la résistance face au récent coup de force, Facebook et Tweeter ont grandement contribué à relayer les mots d’ordre, les stratégies de mobilisation, les informations officielles, les appels à la paix,… Bref, chaque acteur a trouvé la nécessité de communiquer via les réseaux sociaux.
Dans son rôle de promotion des droits de l’homme sur internet et d’éducation à l’utilisation des TIC, le Centre d’études et de recherches sur les TIC et la cyberactivité aconstatécependant avec regretbeaucoup de dérives sur cetespace de communication et de liberté. Dans leur volonté de porter l’information à la connaissance des amis, beaucoup de personnes ont commis par mégarde ou sciemment de nombreuses violations de droits (à la vie privée, aux données personnelles, à l’honneur et à la dignité, …) et occasionné indirectement la destruction de biens.
Les poursuites judiciaires nées d’actes posés sur internet ne sont pas encore dans les habitudes sous nos tropiques ; cependant, il ne faut pas perdre de vue que des propos tenus sur Facebook ont déjàcausé par exemple de nombreux licenciements légitimés par les juridictions. Des injures, outrages et diffamations sur Facebook ont causé des condamnations à des peines de prison ferme et/ à des dédommagements, etc.
La liberté d’expression est certes garantie par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ancêtre des instruments juridiques protecteur des droits de l’homme, mais, il est bon d’avoir à l’esprit que les lois répressives au niveau des Etats et les législations en matière de presse encadrent et donnent des limites à ce droit fondamental.
La responsabilisation des cybernautes appelle de notre part la formulation de quelques mesures de sensibilisation.
1. Toute personne a le libre loisir d’émettre ses idées et opinions sur les réseaux sociaux.
D’ailleurs depuis juillet 2012, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a reconnu pour la première fois, à travers une résolution le droit à la liberté d’expression sur internet et demandé aux Etats membres d’assurer le respect de ce droit. Cependant, dans ses opinions et commentaires sur internet (web social notamment) chaque internaute doit se donner les moyens pour éviter les injures et la diffamation. Car comme le dit Me Julien Fournier « le meilleur moyen d’échapper aux poursuites, c’est encore de n’insulter personne. Beaucoup pensent avoir bien verrouillé leur compte sur les réseaux sociaux, mais ils sont peu nombreux à pouvoir en être certains ».
2. Vérifier toujours l’information avant de la poster sur votre page.
Internet demeure un mythe. Cela fait que l’information collectée sur le réseauest prise pour vraie par beaucoup de personnes. Pour ne pas détruire des vies, il faut toujours se donner la peine de vérifier votre information ou vous assurer qu’elle est vraie. Avant de poster une information (pas une opinion), assurez-vous que vous avez fait leconstat personnel de la véracité de l’information, ou vous l’avez entendue à la radio, vue à la télé, lue dans un organe de presse, entendu le témoignage des acteurs, etc.)
Les internautes manquent généralement à cette obligation parce chacun veut être le premier à poster l’information. Malheureusement, être le premier à informer ne donne pas droit à un trophée. Prenez donc quelques minutes pour vérifier votre information avant de la partager à des milliers de personnes.
Pendant les évènements de septembre, c’est par un post sur Facebook que nous avons appris la supposée nomination de Jean Baptiste NATAMA comme Premier ministre des putschistes du CND. Ce message a suffi pour que son domicile soit mis à sac et incendié.L’intéressé a tenté de démentir, mais c’était déjà tard.
3. Se poser la question de savoir si l’information postée est utile.
Même vraie, le sens de la responsabilité doit guider tout utilisateur des réseaux sociaux à se poser la question de l’utilité de son post.
Le 18 septembre à Laico, pendant la chaude matinée de négociation avec les chefs d’Etat et les ambassadeurs,Monsieur K.A., Chargé de communication d’une prestigieuse institution de la République poste sur sa page Facebook :« C’est confirmé. Dans leur folie meurtrière, les putschistes du RSP ont tiré à bout portant sur des diplomates ce matin à l’hôtel Laïcode Ouagadougou blessant un des garde-corps de l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Burkina. Faut-il en rire ou en pleurer? »
Ce message était-il vraiment approprié? A vous de juger.
4. Resteztoujours en phase avec l’éthique sur internet (règle de la Netiquette) ?
Mener un débat en présentiel impose un certain respect vis-à-vis de son interlocuteur. Mais lorsqu’il s’agit d’échanges sur internet, l’internaute, à l’autre bout, sans même mesurer qu’il a affaire à un grand-frère, son enseignant, son supérieur hiérarchique, une personne âgée, …se jette dans un « débat » sans se soucier du minimum de respect dû à un semblable parce qu’il est « sur internet ».
Autant les échanges face-à-face imposent le respect mutuel, autant vos échanges sur internet doivent se tenir dans le même respect mutuel. Ne jamais dire à une personne sur internet ce que vous n’êtes pas prêt à lui dire si vos échanges se déroulaient dans le monde réel.
Il faut se comporter en personne responsable, bien éduquée, polie et respectueuse. Les réseaux sociaux ne doivent pas être le lieu de règlement de compte ou de virulentes bagarres. Restons mesurés, notre responsabilité dans la construction d’un cyberespace de libertés, respectueux des droits fondamentauxest grande.
Pour le Bureau exécutif national,
Le Directeur exécutif
Arnaud K. NIKIEMA