A travers cette interview réalisé à son domicile, le candidat indépendant à la présidentielle du 29 novembre 2015, maître Issaka Zampaligré, est revenu sur ses motivations. Lisez plutôt!
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A quand remonte votre engagement politique ?

Mon expérience politique au Burkina a commencé tôt avec d’énormes souffrances. Cela, parce que dans les années 1988-1989, le front populaire, dans toute sa rigueur de mise à mort d’un processus libérateur, s’était acharné sur ma personne. C’est ainsi que j’ai passé deux mois dans le sous-sol de la sureté nationale. A l’époque le responsable de cette instance s’appelait Tapsoba Madi Pascal. C’est entre les mains de la police que j’ai atterri dans le conseil et je rend grâce à Dieu, parce qu’en son temps il y avait plusieurs centres opérationnels qui procédaient aux mêmes enlèvements les nuits et il y avait aussi la gendarmerie nationale qui faisait les mêmes opérations pour faire taire définitivement la voix de justice et de la libération que nous avons enclenché déjà 1983. Après avoir passé deux mois à la sureté, mon passeport m’a été retiré par Tabsoba Kouka Pierre. Je ne peux même pas vous dire ce qu’on me reprochait. Les mêmes personnes de la police qui m’ont retenu pendant ce temps là m’ont pris un jour et dit que les personnes qui avaient demandé de me garder ne demandent plus de mes nouvelles, qu’ils allaient me libérer, mais c’est à moi de faire en sorte que l’on ne puisse pas remettre en cause la décision. Un prisonnier ne recherche que la liberté, c’est ainsi que je suis parti pour retrouver ma famille. Notre pays a besoin de justice, c’est pourquoi je m’engage à incarner cette justice là. Moi, j’ai eu plus de chance à l’époque; d’autres ont malheureusement disparu. Aujourd’hui, je souhaite que nous puissions tourner le dos à tous cela. Pour moi, ce qui est important, c’est de reconsidérer le Burkina Faso et de se considérer comme une seule et même famille.

Votre nom de chef signifie la promesse de Dieu s’accomplira est-ce que votre candidature est une promesse de Dieu ?

Je ne sais pas; j’ai écouté mon cœur tout simplement. Je suis candidat par devoir, parce que notre situation interpelle chacun de nous. Vous auriez pu faire la même chose comme moi. Tous ceux qui sont indignés, qui recherchent le chemin de la renaissance, du renouveau, une solution pour que le vivre ensemble redevienne le critère de notre vie et non pas l’argent; tous ceux qui pensent que le Burkinabè a besoin de dignité ont le devoir de le faire. Nous sommes tous interpellés. Il n’y a aucun bonheur pour moi à être dans un palais, alors que les Burkinabè ne sont pas heureux.
Des Burkinabè vivant à l’extérieur sont entrés au pays pour se présenter, afin de se faire une place auprès du pouvoir. Serait-il pas votre cas ?
Vous savez si j’avais voulu être premier ministre dans ce pays, je l’aurais été puisque ce sont mes collègues qu’on venait chercher à la BCEAO pour en faire des ministres. Il ne pouvait pas me le proposer, parce qu’ils savent qui est Zampaligré. Tous ceux qui ont été à la BCEAO et qui sont encore vivants le savent même Charles Konan Bany de la Côte d’Ivoire en sait quelque chose.
On ne va pas au moment du ramassage des copies d’une épreuve d’examen demander de remettre en route de nouvelles épreuves. Tout ce passe comme si finalement aujourd’hui on découvrait ce qui se passait dans notre pays. Or, tout ce qu’a été fait dans ce pays relèvent des noms, des mains, des cœurs, des esprits, des intelligences qui l’ont conçu et mis en œuvre.

Quels sont les moyens de la mise en œuvre de votre projet de société.?

Nous avons les moyens. Si nous revoyons le train de vie de l’Etat, si nous consacrons peu de ressources à des dépenses inutiles. Je ne veux pas afficher une prospérité grandiloquente qui impressionne, qui séduise mes compatriotes. Identifions les postes prioritaires, afin que demain s’il y a 100 F CFA dans les caisses de l’Etat que chacun puisse en avoir au moins 1 F CFA. Même s’il faut mettre Kosyam en location pour que la population vive mieux.

Quelles seront vos mesures de sortie de crise sur la situation de l’université de Ouagadougou?

Vous êtes perdus si vous pensez qu’il faut agir dans le court terme, parce que vous aurez à subir et non à agir. La communauté scientifique et universitaire qui regorge tant de compétences me proposera dans un délai très réduit comment elle pense résoudre cette crise là. Elle est payée pour ça. Je leur dirai pourquoi on ne mettrait pas dans chacune des régions un lycée professionnel, en ce sens que si l’on a un métier, on ne manque jamais d’emploi…

Comment comptez-vous résoudre la question de la justice et les dossiers de crimes économiques et de sang pendants en justice?

Dire aux magistrats qu’il y a simplement à se souvenir de la formation de juriste qu’ils ont reçu et de l’obligation qu’ils ont à travailler, parce qu’ils perçoivent un revenu. Un délai leur sera accordé. Les décisions que ces magistrats prendront seront rendues publiques. Si vous avez un salaire dans votre organe vous avez l’obligation de travailler. Il n’est pas normal que des gens perçoivent des doubles revenus et ne fassent même pas leur travail et nous allons être alerte dessus. Nous connaissons les textes, nous verrons ce qu’ils ont produit. Est-ce qu’ils ont rendu une décision de justice et on pourra mesurer la performance des uns et des autres. C’est la vérité aussi, c’est ça la justice sociale. On ne va pas entretenir des gens qui sont des serpents dans nos vies. C’est aussi simple que ça et on n’a pas besoin d’aller à l’université pour le dire.

Quel pronostic faite vous ?

Moi, je veux être le président qui va arriver soit le 29 novembre soit après le 29. Les statistiques, on en a même pas ici. Nous n’avons pas d’appareils statistiques. Celui qui se chatouille pour rire doit savoir que le peuple burkinabè a les yeux ouverts. Rappelez-vous que ce sont des véhicules des gens de l’ancien régime qui ont été brulés et si nous n’avons pas de solutions pour cette jeunesse si nous ne rétablissons pas l’égalité et la justice sociale le même fléau frappera chacun d’entre nous quelque soit le président qui arrivera.

Réalisé par Joachim Batao

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