Cuisiner au bois, à la bouse de vache, au charbon et à d’autres combustibles solides sur des feux ouverts ou des fourneaux rudimentaires constitue la réalité quotidienne de plus de la moitié de la population mondiale, notamment celle des pays en développement dont le Burkina Faso. Il en résulte malheureusement des niveaux élevés de pollution de l’air à l’intérieur des habitations ; ce qui fait courir un risque majeur de maladies respiratoires aux femmes et aux enfants.
Chaque année, la pollution des cuisines est responsable de la mort de 1,5 million de personnes. L’Afrique sub-saharienne paye un lourd tribut avec 483 000 décès annuels. La pollution de l’air à l’intérieur des habitations touche également de manière disproportionnée les femmes et les enfants. En 2002, la cuisine aux combustibles solides a tué près de 800 000 enfants et plus de 500 000 femmes.
Au Burkina Faso où le bois de chauffe occupe plus de 80% des sources d’énergies utilisées par les ménages pour la cuisson des aliments. Or, on le sait, le bois de chauffe est nocif et dangereux pour la santé de la femme et de l’enfant à cause justement de la fumée qui tue plus que la fumée de la cigarette. Ainsi, au Faso, l’on estime le nombre de victimes de la fumée de la cuisine à 30 000 par an.
Abzèta Nacoulma, restauratrice au quartier Karpala de Ouagadougou peut en témoigner. « J’ai commencé à utiliser le bois avec ma mère depuis l’âge de 8 ans. Aujourd’hui ma mère ne peut plus s’approcher du feu à cause de la fumée qui a réduit sa vision. Cela a commencé il ya quelques années mais nous n’avons pas su que c’était dû à la fumée. Finalement, c’est à l’hôpital qu’un médecin a ordonné à ma mère d’éviter tout contact avec la fumée», raconte-t-elle.
Madame Moubarack, assure elle-aussi avoir arrêté d’utiliser le bois parce qu’elle avait eu des problèmes de respiration alors qu’elle était en train de préparer au bois.
Des solutions existent
La mortalité maternelle et infantile due à l’inhalation de la fumée n’est pas une fatalité en soi. Elle peut être évitée pour peu qu’il y ait une prise de conscience et une volonté de rompre avec les pratiques ancestrales. Surtout que des solutions d’énergies propres pour la cuisson des aliments existent. Au Burkina, des femmes comme Mme Moubarack en font quotidiennement l’expérience.
«J’ai opté pour le gaz butane. Mon mari a acheté aussi un foyer amélioré que nous utilisons de temps en temps en cas de pénurie de gaz».
Par ailleurs, comme le déclarait Dr LEE Jong-Wook, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « Rendre des combustibles plus propres et des fourneaux améliorés accessibles à des millions de pauvres des pays en développement permettra de réduire la mortalité des enfants et d’améliorer la santé des femmes’’.
Des raisons économiques aussi
Au-delà de la question sanitaire, des raisons économiques militent aussi en faveur de l’adoption de solutions pratiques à grande échelle. Amener les ménages à utiliser du gaz, du biogaz ou des combustibles modernes pour faire la cuisine éviterait à plus de femmes et d’enfants d’être exposés aux effets nocifs de la pollution de l’air à l’intérieur des habitations et réduirait les décès dus aux maladies respiratoires. Les familles peuvent installer des fourneaux mieux ventilés et utilisant le combustible de manière plus efficace.
Dans un rapport publié par le département santé publique et environnement de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il ressort que fournir des fourneaux améliorés à la moitié de ceux qui continuent à brûler des combustibles issus de la biomasse et du charbon dans des fourneaux traditionnels permettrait de réduire de 34 milliards de dollars (USD) par an les dépenses pour l’achat de combustible et de dégager un bénéfice économique annuel de 105 milliards de dollars (USD) sur une période de 10 ans.
Le rapport indique que le coût total de 13 milliards de dollars par an pour réduire de moitié d’ici 2015 le nombre des personnes qui utilisent dans le monde du combustible solide pour cuisiner dégagerait un bénéfice annuel de 91 milliards de dollars.
Joachim Batao
BURKINADEMAIN.COM