Le président Ali Bongo Ondimba s'est senti dans l'obligation réagir

Les brouilles diplomatiques entre Paris et Libreville, qui se sont multipliées ces derniers mois, vient de franchir un nouveau cap avec l’escalade verbale du Premier ministre français, Manuel Valls, tendant à mettre en doute la légitimité du président gabonais. Piqué dans son amour propre, Ali Bongo Ondimba, a réagi en rappelant son ambassadeur pour consultation.
Le Gabon a décidé de rappeler son ambassadeur à Paris Ngoyo Moussavou suite aux propos du Premier français Manuel Valls selon lesquels le président gabonais, Ali Bongo, n’avait pas été élu « comme on l’entend ». Ali Bongo Ondimba qui s’apprête à succéder à lui-même à la tête du Gabon dans le cadre de la présidentielle de 2016, ne pouvait pas apprécier ces insinuations de Manuel Valls. Au juste, que s’est-il passé ?

Le Premier ministre socialiste Manuel Valls n'a pas du tout ménagé Ali Bongo, ami de l'adversaire de son patron
Le Premier ministre socialiste Manuel Valls n’a pas du tout ménagé Ali Bongo, ami de l’adversaire de son patron

Retour aux faits
Tout est parti d’un échange entre Manuel Valls et Jéremy Ferrari sur le plateau de « On n’est pas couché » samedi soir.
Interrogé par l’humoriste Jéremy Ferrari sur la présence du président gabonais, Ali Bongo, à la gigantesque manifestation à Paris le 11 janvier 2015 contre le terrorisme suite à l’attaque de Charlie Hebdo ; Valls e en effet laissé sous -entendre a sous-entendu qu’Ali Bongo n’avait pas été élu démocratiquement.
« Comment vous expliquez qu’Ali Bongo se retrouve en tête d’une marche pour la liberté d’expression? », a alors lancé Jérémy Ferrari.
Et Manuel Valls de répondre : « Dans cette manifestation, il y avait des chefs d’Etat et de gouvernement. Vous retenez Ali Bongo, moi je retiens surtout un autre Africain, élu lui : Ibrahim Boubacar Keïta ».
« Ah, parce qu’il n’est pas élu Ali Bongo finalement? », a répliqué l’humoriste.
« Non, pas comme on l’entend », a lâché Manuel Valls.
Voilà ainsi retracés les faits. Etaient-ils suffisants pour que le Gabon rappelle son haut-représentant à Paris ? Rien n’est moins sûr.

Le président Ali Bongo Ondimba s'est senti dans l'obligation réagir
Le président Ali Bongo Ondimba s’est senti dans l’obligation de réagir

Le Gabon de Ali Bongo a ses raisons de réagir de la sorte parce que l’incident vient s’ajouter à d’autres précédents tels la mise en garde à vue en août dernier par la police judiciaire française du directeur de cabinet du président gabonais, en l’occurrence Maixent Accrombessi, alors en séjour à Paris.
La présidence gabonaise avait vivement protesté contre cette manière de faire ‘’qui devient récurrente et viole les principes fondamentaux et les pratiques du droit international ».
En visite officielle à Elysée en mi-septembre 2015, Ali Bongo en avait parlé avec son homologue français, François Hollande. Il était apparemment venu plaider pour que l’’’harcèlement judiciaire français contre son entourage’’ cesse. Un mois plus tôt, le 7 août, une information judiciaire avait été ouverte à Paris à l’encontre de Maixent Accrombessi pour «corruption active et passive d’agents étrangers, abus de bien social, blanchiment, recel, faux et usage de faux » dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en juillet 2007. Le patron de Marck, Philippe Belin, a lui aussi été entendu en garde à vue. L’instruction a été confiée au juge Roger Le Loire, qui dirige également l’enquête dite des « biens mal acquis » visant plusieurs dirigeants africains – dont le père et prédécesseur de l’actuel président du Gabon.
Dans le cadre de cette information judiciaire, l’homme d’affaires sénégalo-malien, Seydou Kane, associé Maixent Accrombessi sera interpellé en novembre 2015 à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle par la police judiciaire française. Tout se passe comme si la mission de bons offices de Ali Bongo à Elysée n’avait pas servi à grand-chose pour le pouvoir gabonais.

Malgré tout, le rappel de l'ambassadeur Germain NGoyo Moussavou risque d'être de courte durée
Malgré tout, le rappel de l’ambassadeur Germain NGoyo Moussavou risque d’être de courte durée

Au-delà des problèmes affairo-judiciaires, se trouvent des divergences politiques dans ces incessantes brouilles diplomatiques entre Paris et Libreville. C’est connu, l’ancien président français Nicolas Sarkozy, le redoutable adversaire des socialistes au pouvoir en France, a été pour beaucoup dans l’élection en 2009 d’Ali Bongo Ondimba à la présidence gabonaise. A ce qu’on dit, c’est l’opposant André Mba Obame qui avait remporté l’élection présidentielle et que si Sarkozy avait observé la même attitude comme en Côte d’Ivoire, le défunt opposant gabonais aurait été proclamé vainqueur. C’est connu, surtout en politique, »l’ami de mon ennemi est mon ennemi »
Mais, malgré cette escalade verbale de Valls, ni le pouvoir français, ni le pouvoir gabonais n’a intérêt à ce que cette crise diplomatique perdure, au regard notamment des enjeux économiques et politiques historiques entre la France et le Gabon, piliers de la Françafrique, donnée à chaque fois moribonde, mais jamais morte. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si la proximité du Premier ministre socialiste français avec le président socialiste malien Ibrahim Boubacar Kéita apparaît ici très clairement.

Martin Philippe
Burkinademain.com

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