Les rideaux sont tombés mardi sur le colloque international de Ouagadougou sur les alternances politiques en Afrique. Organisée par la Société burkinabè de droit constitutionnel (SBDC) en partenariat avec l’Université Ouaga II, sous le haut patronage du président du Faso, Roch March Christian Kaboré et le parrainage de l’ambassadeur de France Gilles Thibault ; l’initiative a enregistré un grand engouement avec une participation active et en grand nombre d’experts de haut vol venus de divers horizons.
C’est à l’ambassadeur de France, Gilles Thibault, parrain, que l’honneur est revenu ce mardi 15 mars, de prononcer le mot de clôture du colloque international de Ouagadougou sur les alternances politiques en Afrique. Occasion pour Son excellence Thibault de saluer cette heureuse initiative de la Société burkinabè de droit constitutionnel (SBDC) présidée par le Pr. Abdoulaye Soma.
Pour le diplomate français, l’alternance démocratique au cœur du présent colloque est un élément indispensable de la démocratie et revêt à ses yeux une importance capitale. Elle permet, explique-t-il, de renouveler les élites politiques et économiques dans les pays. Et de souhaiter que l’exemple burkinabè en la matière, avec la bonne conduite de la transition ayant abouti à une alternance sans heurts, fasse tache d’huile en Afrique francophone et même au-delà.
Alternance comme principe et indicateur de la démocratie
Six panels ont ponctué l’ensemble de ces deux jours de réflexion sur la question de l’alternance politique en Afrique. L’alternance est perçue comme un principe et un indicateur de bon fonctionnement d’un Etat démocratique.
Pour le Pr Abdoulaye Soma certains pays Africains sont le fruit d’un système traditionnel de gouvernance politique dans lesquels l’alternance n’était pas une priorité. Du coup « il nous faut conjuguer pour réussir les alternances politique la traditionalité politique et la modernité politique ».
Il estime que l’idéal démocratique reste encore possible « parce que les peuples de plus en plus conscients de leur droit et de la nécessité de l’alternance finissent parfois par imposer l’alternance comme cela s’est passé au Burkina Faso.
Conditions d’une bonne alternance politique
Soma a expliqué qu’une bonne alternance nécessite avant tout la maturité politique du peuple. Il fait savoir que la conception démocratique du pouvoir implique que le peuple ne doit pas imposer le pouvoir à une autorité politique. En plus il faut que l’alternance soit encadrée par les constitutions et la constitution doit être perçue comme sacrée. La constitution « n’est pas un bout de papier mais la parole du peuple » a-t-il achevé.
Des démocrates fortifiés par des constitutions fortes pour avoir l’alternance politique
Le rapport de ce colloque retiendra également qu’il reviendra aux organisations africaines de prendre le train des reformes pour un meilleur accompagnement démocratique au service de l’alternance politique. Selon le Pr Joel Aivo et Dr Edwige Soma, face à l’alternance politique finalement obtenue par la rue, l’on se doit de procéder à des réformes constitutionnelles qui consolident l’alternance. Le Pr Paul E. Batchom soutiendra que « pour qu’il ait alternance politique, il faut des démocrates fortifiés par des constitutions fortes ».
Sur l’aspect des reformes constitutionnelles, Pr Soma a laissé entendre qu’elles devraient être consensuelles et démocratiques sur un fond d’équilibre partisan. Pour lui, la réflexion précède l’action il faut concevoir les choses avant de les appliquer. « On espère qu’avec ce colloque la convergence des réflexions va murir l’idée de la nécessité des reformes et de l’alternance».
Joachim Batao
Burkina Demain