Accusé d’avoir soutenu le pustch manqué au Burkina Faso, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne a publié mercredi dernier un « e-book » sur son site internet pour dénoncer une « cabale » à son encontre.
Le titre du « e-book »: « Affaire écoutes téléphoniques. Démantèlement d’une cabale : les écoutes chimériques ! »
L’ouvrage de 78 pages, disponible gratuitement sur internet, n’est pas signé de la main de Soro. Il compile des textes d’auteurs – parfois sous pseudo – défendant le numéro deux de l’État ivoirien, des commentaires d’internautes acquis à sa cause, ou encore des articles de presse le défendant dans l’ « affaire des écoutes ». Le tout agrémenté de caricatures ou de dessins humoristiques.
Seules les deux dernières pages du livre reprennent directement des propos de Guillaume Soro, avec une retranscription de son discours devant l’Assemblée nationale ivoirienne, le 15 décembre dernier, dans lequel il se défend en évoquant des « chimères » et des « pseudo écoutes téléphoniques ». « J’ai été choqué au plus haut point d’être victime de l’une des pires campagnes de dénigrement et de calomnie jamais orchestrées contre ma personne et mon combat politique. J’ai été blessé et meurtri. Comment ne le serai-je ? ».
Un personnage est particulièrement visé dans cet « e-book » de Soro : Yacouba Isaac Zida, l’ancien Premier ministre de la transition burkinabè. Autrefois très proches – Zida était l’officier de liaison burkinabè auprès de la rébellion ivoirienne conduite par Soro au début des années 2000 -, les deux hommes se vouent désormais une haine tenace. Le premier accuse son ex-« frère » d’avoir pactisé avec les putschistes pour le faire tomber, tandis que le second estime que son rival est à l’origine de cette affaire des écoutes.
Dans le chapitre qui lui est consacré, il est notamment rappelé qu’Isaac Zida avait, au micro de la radio burkinabè Savane FM, affirmé que les enregistrements sonores impliquant Guillaume Soro et Djibrill Bassolé (l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré) dans le putsch manqué étaient « authentiques ».
Or, le 8 février, le lieutenant-colonel Norbert Koudougou, le procureur du tribunal militaire de Ouagadougou, avait affirmé que la justice militaire n’avait pas « encore pu authentifier » les écoutes téléphoniques qui mettent en cause Guillaume Soro et Djibrill Bassolé.
Au-delà de ces écoute téléphoniques présumées, les juges d’instruction burkinabè en charge de l’enquête restent convaincus que le dirigeant ivoirien a joué un rôle durant la tentative de putsch. Ils veulent notamment l’entendre sur deux points : la découverte de 300 gilets pare-balles et de grenades lors d’une perquisition à son domicile de Ouagadougou, début octobre, et l’aller-retour d’un hélicoptère de l’armée de l’air burkinabè entre Ouaga et la petite ville de Niangoloko, près de la frontière ivoirienne, le 19 septembre, deux jours après la prise du pouvoir par le général Gilbert Diendéré. L’appareil avait alors récupéré des caisses de grenades lacrymogènes et une valise auprès de véhicules venus de Côte d’Ivoire.
Anderson Koné
BURKINADEMAIN.COM