Au Burkina l’on est rentré depuis quelque temps dans une période d’agitation politique avec en toile de fond les municipales du 22 mai 2016. Chaque formation espère secrètement renforcer ses acquis lors de ce scrutin de proximité.
Le bilan des 100 premiers jours au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré ne finit pas de défrayer la chronique. Aussi bien du côté de l’opposition que de la coalition au pouvoir. Ainsi après les responsables du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) qui a publié un mémorandum sur la question ; c’était le tour des responsables du Parti de la renaissance nationale (PAREN) de se prononcer sur ces 100 premiers jours du pouvoir Kaboré. Pour Laurent Bado, fondateur du PAREN, membre de de la coalition gouvernementale ; le président Kaboré travaille mais il manque encore de signaux forts. Alors que pour le parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) le bilan du président Kaboré en 100 jours d’exercice est satisfaisant et demande aux populations de faire encore preuve de patience pour permettre au pouvoir de dérouler son programme de développement.
Bref, si le bilan des 100 premiers jours du président Kaboré fait couler tant d’encre et de salive, c’est qu’il intervient à un moment particulier : la veille des municipales du 22 mai 2016 qui comportent d’énormes enjeux aussi bien pour les partis de la coalition au pouvoir que pour les partis de l’opposition.
D’abord le parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a besoin de gagner ces municipales, avec ou sans l’appui de ses alliés. Cela pour renforcer ses acquis et faciliter la mise en œuvre de son programme de société dans le pays. Dans cette perspective, le MPP avait intérêt à défendre le bilan de son président chef de l’Etat et à faire en sorte que ce bilan soit bien perçu dans l’opinion. De ce fait, les membres du MPP sont quelque peu gênés aux entournures qu’ils entendent parler d’échec des 100 premiers jours du président.
Mais, cela devrait surtout mettre dans une mauvaise posture les partis alliés qui gèrent le pouvoir avec le MPP. Car si échec il y a, ils sont aussi responsables. Ces partis alliés sont alors obligés de se démarquer du MPP pour faire entendre aussi leur voix, ne serait-ce que le temps de ces municipales. C’est une stratégie bien pensée car les résultats de ces municipales vont compter énormément après ces municipales ; surtout que l’idée de la constitution d’une large formation politique de gauche fait son chemin et pourrait conduire à l’entrée d’autres formations politiques dans le gouvernement qui sera constitué après les municipales. En clair, au sein du pouvoir, l’on tiendra forcement compte de la configuration des résultats des municipales dans la composition du futur gouvernement.
Ensuite du côté de l’opposition, noircir le bilan des 100 premiers jours du président Kaboré est sûrement un moyen de discréditer le MPP et sa coalition et de leur prendre des voix lors de ces municipales. En tout cas, ces élections municipales est une opportunité pour le chef de l’opposition Zéphirin Diabré de prouver qu’il s’est bien remis de la claque de la présidentielle. Comme on le voit, ce n’est ni moins ni plus que les municipales qui font courir les politiques ces temps-ci.
Pourvu tout simplement que l’intérêt général et l’esprit démocratique prévalent sur les autres considérations.
En Vérité !
Burkina Demain
