Le président du Front populaire ivoirien (FPI) , 63 ans, a accordé une interview à Jeune Afrique à Abidjan en Côte d’Ivoire. Se considérant comme le chef de file de l’opposition, il se dit convaincu que son parti pourra former un groupe parlementaire à l’issue des prochaines législatives.
Réagissant à une question relative à la santé du parti, il a rappelé son parcours politique: » J’ai été directeur de cabinet de Laurent Gbagbo en 1994, puis son directeur de campagne en 1995, puis son Premier ministre de 2000 à 2003, date à laquelle j’ai pris la tête du FPI. Je me considère légitimement comme l’héritier politique de Laurent Gbagbo. Un parti n’est pas une organisation figée dans le temps, il doit se moderniser. Et de nouveaux membres nous apportent du sang neuf. Le FPI c’est nous, sa direction actuelle, qui est reconnue par l’État. La cabale montée contre moi n’a pas marché, et cette dissidence s’effrite ».
A la question de savoir si le principal problème du FPI n’est pas le culte de la personnalité de Laurent Gbagbo, il a laissé entendre: « Laurent Gbagbo a été et reste une force pour le parti. Mais aussi un handicap. Aujourd’hui, notre travail consiste à permettre à tous ceux qui sont restés dans cette posture messianique d’évoluer et d’avoir une attitude plus rationnelle ».
Interpellé sur son apparente entente avec Alassane Ouattara, il a dit que c’est, qu’il n s’entendent pas bien, qu’ils discutent, qu’il y a de lourds contentieux entre eux. « Nous avons des rapports de pouvoir à opposition. Le président nourrit l’ambition de faire en sorte que l’opposition existe, qu’elle prenne sa place dans la vie politique nationale, c’est un bon signe. Mais nous n’avons pas la même vision des choses », a-t-il dit.
Parlant de la stratégie de campagne lors des législatives à venir, il a fait savoir que le parti sera présent dans toutes les circonscriptions, en parfaite synergie avec l’ensemble de l’opposition. Il est prêt à faire gagner des candidats de partis concurrents. De ses explications, des candidatures consensuelles de rassemblement seront organisées. L’objectif étant de gagner le maximum de sièges pour peser efficacement sur le jeu politique national et avoir une capacité d’influence sur les institutions.
A la question de savoir si des candidats « dissidents » du FPI se présentent aux législatives, il a répondu: « Je ne crois pas qu’il y en aura. Mais celui qui se présentera contre le FPI ne pourra plus revendiquer le statut de militant du parti. Par ailleurs, si les principaux frondeurs, Aboudramane Sangaré et Laurent Akoun, ne font plus partie de la direction du FPI, ils sont encore membres du parti ».
Se prononçant sur le projet de fusion entre le Rassemblement des républicains (RDR), d’Alassane Ouattara, et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), d’Henri Konan Bédié, il n’est pas allé du dos de la cuillère.
« Je pense que c’est une alliance en fin de vie. Elle a été conclue pour permettre à deux hommes, Bédié puis Ouattara, d’accéder au pouvoir. Ils ont atteint leur objectif, donc cette alliance n’a plus aucun sens. Le fait de poser la question d’un parti unifié montre bien qu’il y aura un problème. En réalité, ceux qui prendront la relève ne sont pas prêts à s’unir derrière un seul parti, car tous sont des candidats potentiels à une prochaine élection présidentielle ».
Anderson Koné
Burkina Demain