19 mai 1990. 19 mai 2016. Voilà 26 ans que disparaît l’étudiant de 7ème année de médecine, Dabo Boukari. 26 ans après ce drame, les tortionnaires, les assassins et les commanditaires de l’étudiant courent toujours. Beaucoup de salive et d’encre ont coulé sur ce drame. Par devoir de vérité, je partage cet extrait d’interview réalisée avec maître Halidou Ouédraogo, ancien président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) sur les crimes impunis au Burkina Faso. Ma part de vérité est une contribution à éclairer la lanterne de la jeunesse burkinabè sur l’affaire Boukari Dabo.
Un soir, j’étais chef moi me dit Halidou Ouédraogo. Une grosse Mercedes s’attaque à mon domicile à Gounghin. Un monsieur sort. Il me dit que le président (du Faso) souhaite me rencontrer. Je lui ai dit: Je ne veux pas rencontrer le président. Ils ont tout fait. J’ai refusé. Ma femme a préparé du tô. Et ils ont mangé.
Ils me disent également: est-ce que Salif (Diallo) peut venir. Je réponds: si Salif veut venir, c’est chez lui, ici. Il vient quand il veut. Il repart quand il veut. Après, j’ai fixé un rendez-vous à Salif. Il a amené Badini (Boureima). C’est dans l’affaire David (Ouédraogo) et Norbert (Zongo). On s’est rencontré chez Salif Deré. Quand on était là, le président (du Faso) téléphone à Salif. Il me passe la communication. On s’est parlé. Ce jour, j’ai dit de dire au président de laisser François (Compaoré) répondre. C’est la clé du dénouement de l’affaire David Ouédraogo. Badini a sauté dans la conversion pour dire: qu’est-ce qu’il a fait? Je dis à Salif: tu vois quand tu veux me voir, tu viens. Mais ne m’amène pas des gens comme ça. Il a fait quoi c’est quoi. Salif a beaucoup aidé le président. S’il était resté à côté de lui, il n’aurait pas fait de bêtises.
Dans l’affaire Dabo Boukari, on a commencé à jeter du discrédit sur Salif. Dabo Boukari venait soigner mes enfants. Un enfant arrive ce soir par Air France. Le lendemain, j’ai appris qu’on l’a arrêté (Dabo Boukari). J’ai appelé Salif. Je lui ai dit: il faut que je voie le président. C’est toute suite. Il m’a amené. J’ai dit au président de tout faire pour libérer les étudiants parmi lesquels Dabo Boukari. C’est le médecin de mes enfants. En plus, c’est un responsable d’étudiants. Cette fois, il a été libéré. C’était la première fois. Maintenant, il a été repris. Je ne sais pas comment sur le campus. On ne peut pas m’empêcher de dire que Salif n’a pas tué Dabo Boukari. Salif était là quand je suis allé négocier la libération de Dabo Boukari chez le président (Blaise Compaoré).
Il m’a dit qu’il n’avait pas le dossier. C’est le président et le lieutenant Gilbert (Diendéré) qui l’avaient. Quand le juge a convoqué Salif tout dernièrement, il a dit de demander au président. C’est lui et Gilbert Diendéré qui avaient le dossier. C’est fini. Il a refermé le dossier. Il a demandé au juge d’appeler le président…. Dabo Boukari est mort quand Salif Diallo était à Bamako. Quand il est allé avec moi chez le président, après, il a pris l’avion après, pour Bamako. C’est à son retour qu’on lui a dit que Dabo est mort. C’est pourquoi, il a dit devant le juge d’appeler le président et Gilbert Diendéré. On dit que ce sont les militaires Gaspard Somé et Hyacinthe Kafando qui ont marché sur la colonne vertébrale de Dabo Boukari. Ce n’est pas propre….
Pour écouter la bande sonore d’extrait d’interview dans l’affaire Dabo Boukari, merci d’envoyer votre e-mail à soubeiga20@yahoo.fr.
Journaliste d’investigation et activiste WASH
Dieudonné Soubeaga