La Cour pénale internationale (CPI) a condamné l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba à 18 ans de prison pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés en Centrafrique.
« La chambre condamne M. Jean-Pierre Bemba Gombo a une peine totale de 18 ans de prison », a déclaré la juge Sylvia Steiner en audience publique, considérant que l’ancien chef militaire a échoué a exercer un contrôle effectif sur son armée privée envoyée en République centrafricaine en octobre 2002, où ses hommes ont violé, tué et pillé avec une « cruauté particulière ».
Déduction faite de 8 ans de détention, Jean-Pierre Bemba passera encore 10 ans en prison. Il devra sortir libre en 2026 à l’âge de 63 ans.
Jean-Pierre Bemba a été déclaré coupable le 21 mars de la vague de meurtres et de viols commis par sa milice en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003.
Surnommé le « Mobutu miniature », ce colosse de 1,90 m au visage rond, intraitable et autoritaire, a créé et dirigé le Mouvement de libération congolais (MLC) en République démocratique du Congo, après avoir quitté Kinshasa en 1999 à la suite de la prise du pouvoir par le chef rebelle et père de l’actuel président Laurent-Désiré Kabila. Au début des années 2000, sa milice a régné en maître dans la région de l’Équateur et une partie du nord-est du pays.
À partir d’octobre 2002, quelque 1 500 hommes du MLC se rendent en Centrafrique pour soutenir le président Ange-Félix Patassé face à une tentative de coup d’État menée par le général François Bozizé. Sur place, ils tuent, pillent et violent.
Les experts ont démontré que les hommes de Bemba ont violé avec la volonté de terroriser et de torturer, s’en prenant indifféremment aux hommes, femmes et enfants et forçant parfois leurs victimes à assister aux viols de leurs proches.
Poursuivi non en tant qu’auteur ou co-auteur, mais en tant que « chef militaire », Jean-Pierre Bemba est tenu pour responsable de ces atrocités, même s’il ne les a pas ordonnées. Selon le verdict rendu en mars par la CPI, M. Bemba n’a pas pris « toutes les mesures nécessaires et raisonnables » pour éviter ces crimes alors qu’il disposait d’un « contrôle effectif » sur ses hommes.
Avec cette peine – historique à de nombreux égards – la CPI condamne mardi pour la première fois un commandant militaire, en vertu du principe de la « responsabilité du commandant », ainsi que l’utilisation de viols et violences sexuelles en tant que crimes de guerre.
Burkina Demain