Suite au sit-in du Syndicat national des agents des impôts et du domaine( SNAID), le directeur général des impôts, Adama Badolo a accepté, le 4 juillet 2016 à Ouagadougou, de revenir sur les motifs du mouvement, avant de faire la lumière sur ce qui parait un « agenda caché du SNAID ».
BADOLO


Burkina Demain (BD): Monsieur le Directeur général, est-ce parce que la plate-forme revendicative de vos agents n’a pas été satisfaite qu’ils sont allés en grève?

Adama Badolo (AD):

Pour ce qui est des motifs de la grève, il y a cinq gros points essentiels qui ont été évoqués. Le premier concerne la gestion du personnel et les affectations. Le Snaid nous reproche de faire des affectations sans tenir compte du plan de carrière. Ce qui n’est pas juste, parce que depuis mon arrivée, il y a un peu plus de deux mois, je n’ai pas encore fait d’affectation contraire au plan de carrière. Il y a eu trois affectations. En fait, la première concerne des membres du Snaid, qui sont en province. Après la mise en place du nouveau bureau, il y a des agents, en province, membre du bureau national, qui ont demandé à être affecté à Ouagadougou. Et j’ ai donné une suite à leur requête. La deuxième, la « direction des enquêtes et de la recherche fiscale » une nouvelle direction. J’ y ai affecté deux agents pour nécessité de service, en vue de faire fonctionner cette direction. Ces agents étaient à Ouagadougou; ils ont tout simplement changé de service. La troisième affection porte sur la création de la deuxième direction des moyennes entreprises. On a mis en place, à la demande du syndicat, une commission spéciale d’affectation qui a travaillé. Donc, je ne vois pas en quoi j’ai fait des affectations contraires au plan de carrière. A en croire les syndicalistes, par le passé, il y a eu des affectations contraires au plan de carrière. Même si c’était le cas, il n’en est plus de même aujourd’hui. Et moi je me suis engagé à appliquer le plan de carrière. J’ai posé deux actes dans ce sens. J’ai pris service le 13 avril 2016 et le 19 suivant, j’ai envoyé une lettre circulaire, disponible, à tous les directeurs de la DGI du Burkina pour leur demander d’appliquer les plans de carrière.

J’ai ensuite mis en place un comité de relecture du plan de carrière. Malheureusement, les travaux de ce comité ont été retardés car, le syndicat m’a demandé de m’engager pour que le document final soit adopté en conseil des ministres, signé par le président du Faso, le premier ministre, le ministre de la fonction publique et le ministre de l’Economie et des Finances. Naturellement, je ne pouvais pas prendre d’engagements.
A présent, nous sommes en négociations pour trouver un juste milieu où nous nous accorderons pour commencer les travaux.

B D. Pensez-vous que le syndicat est allé en sit-in pour mettre la pression sur vous?

A B: C’est une forme de pression que je ne comprends pas. Le deuxième point à l’ordre du jour de leur mouvement porte sur la question des locaux. C’est un réel problème à la DGI; il ne date pas d’aujourd’hui. Nous en sommes conscients; c’est pourquoi, nous avons inauguré ce bâtiment ce jour. Et nous avons de nombreux services en location à Ouagadougou et à l’intérieur du pays. Est-ce que moi je peux résoudre tout cela en deux mois? Ce n’est pas possible. Le ministre de l’Economie, des finances et du développement ne peut pas non plus résoudre la question en un si peu laps de temps.

Ce que le syndicat aurait du chercher à comprendre est de savoir si nous avons pris à bras-le-corps cette revendication. Y a-t-il des signes qui vont dans le bon sens? Si oui, le syndicat devait être compréhensif.

Moi, je crois qu’il y a des signes qui vont dans le bon sens, car nous avons trouvé un local pour les brigades du Centre. Cela a pris du temps, mais les emménagements ont commencé. Bientôt, les agents vont investir le site pour le travail.

Ensuite, nous sommes engagés à construire à Ouagadougou et dans les provinces. Nous avons même communiqué là-dessus. Nous avons déposé un dossier pour la construction du siège à Ouaga 2000. Nous sommes en train de négocier pour l’acquisition d’un immeuble R+ 5 ici dans la ville de Ouagadougou. Ce processus est en cours.
Le troisième problème évoqué par le syndicat est celui du carburant. Voilà un problème qui a toujours existé à la DGI. Moi, j’ai pris service et j’ai proposé de mettre en place un document consensuel définissant les critères de répartition du carburant pour l’ensemble des 2000 agents des impôts, mais aussi pour le fonctionnement des services. On a mis en place un comité dans lequel le syndicat a siégé et on est tombé d’accord avec un document consensuel, adopté par le conseil de direction de la DGI.

Nous avons dit qu’il fallait diffuser le document, comme il est très important, pour que les agents en prennent connaissance avant que moi je ne le signe. Nous étions en attente du terme de ce processus au bout duquel je devais le signer. Dans tous les cas, c’est clair que l’application de l’accord doit rentrer en vigueur à partir du premier juillet passé. C’est ce qui a été décidé de commun accord. Ici encore, moi je ne vois pas où se trouve le problème. A moins de vouloir remettre au goût du jour de vieux problèmes.

B D:Aviez vous donc été surpris par ce mouvement?

A B: Non, pas vraiment. Je le voyais venir. Moi, je pense que la vraie raison, c’est d’empêcher un mouvement des agents de la DGI. J’ai proposé de remettre les compteurs à zéro. Voyez-vous, il y a des gens qui sont dans des services depuis 10 ans à Ouagadougou tout comme en province. Il y a aussi qui sont à Ouagadougou depuis qu’ils sont sortis de l’école de formation (ENAREF), alors qu’il y a manque de personnels en provinces. Quand on veut affecter les agents en provinces, ils refusent, arguant que ce sont « directs sortis de l’ENAREF » des écoles qu’on doit envoyer là-bas. Il y a aussi qui partent pour l’école à la faveur des concours professionnels, qui en ressortent, et refusent des affectations en provinces.
J’ai donc mis en place un dispositif pour recenser les travailleurs sur la base de leur ancienneté dans leur poste de travail.
Je voudrais donc que des agents partent de Ouagadougou pour l’intérieur du pays et vice-versa.

B D: Avez-vous le soutien de la ministre de l’Economie et des finances?

A.B: Ha oui, il me semble naturel; je ne peux pas entreprendre un mouvement de ce type sans l’en informer. Et puis, ça rentre dans le cadre de la bonne gestion des ressources humaines. Moi-même, j’ai servi pendant 11 ans en province, en l’occurrence à Bobo Dioulasso. Or il ya des gens qui n’ont jamais quitté une seule fois Ouagadougou.

B D: A présent où vous avez été mis devant le fait accompli, qu’allez-vous faire, allez-vous continuer avec le dialogue?

A. B: Nous sommes disposé pour le dialogue, permanemment, permanemment.

B D: Avez-vous un appel à lancer au syndicat?

A B: Je demande aux militants du SNAID et au bureau national de jouer la carte de l’apaisement. Je leur demande de revenir à la table de négociation pour que nous puissions nous accorder sur la manière de gérer ensemble la DGI. En tous cas, moi, je suis prêt à prendre en compte les propositions, suggestions et avis et à tout moment.

A titre d’exemple, pour affecter les agents à la deuxième Direction des moyennes entreprises, nous avons mis en place un comité de travail qui a désigné les agents devant être muté là-bas. On m’a soumis une note de service à signer. J’ai informé le syndicat et il a dit que je ne pouvais pas affecter des agents, sans l’en informer. Nous avons tenu une réunion avec lui; il a identifié dix noms à retirer de la liste d’affectation. L’argument du syndicat, ces derniers n’avaient pas encore fait plus de trois ans dans leur service. A la demande du syndicat, on a retiré ces dix noms sur la liste.

Autre chose, le directeur régional des impôts du Centre avait affecté des agents. Et le syndicat a demandé d’annuler ces affectations, on l’a fait. On ne sait plus ce qu’il veut. On ne peut plus prendre de discisions? Nous, nos soucis, c’est que les services fonctionnent. Ils doivent fonctionner.

Anderson Koné

Burkina Demain

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