Le premier ministre tunisien, Habib Essid, a été démis de ses fonctions, ce samedi 30 juillet 2016, après avoir perdu un vote de confiance du Parlement. Le gouvernement de M. Essid, un économiste spécialisé en agriculture qui a fait ses études aux États-Unis, est donc dissout.
Un total de 118 parlementaires ont voté contre le maintien du gouvernement fortement critiqué, dépassant le seuil des 109 votes nécessaires pour le renverser. La période de débats a pris fin tard en soirée.
Un tel résultat était prévisible puisque Habib Essid faisait face à des critiques provenant d’un bout à l’autre de la scène politique. Le vote de censure témoigne par ailleurs de l’instabilité qui secoue ce pays d’Afrique du Nord depuis la vague de manifestations prodémocratiques qui s’est propagée dans de nombreux pays arabes en 2011.
En s’adressant aux députés rassemblés samedi, le président du Parlement tunisien, Mohamed Ennaceur, a souligné la situation difficile dans laquelle se trouve la Tunisie, « qui demande des sacrifices de la part de tous ».
L’autorité de Habib Essid avait déjà été entachée par un jeu de manœuvres politiques qui se sont succédé au sein du parti Nidaa Tounes, une formation politique laïque.
Le président de la Tunisie, Béji Caïd Essebsi, avait d’ailleurs plaidé, le mois dernier, pour qu’un nouveau gouvernement d’union nationale voie le jour.
Le premier ministre défait a promis de faire tout en son pouvoir pour assurer une transition stable vers le prochain gouvernement.
Durant la session parlementaire extraordinaire qui a mené à sa destitution, M. Essid a admis que le débat tenu avait « consacré la démocratie naissante de la Tunisie ».
À la différence de plusieurs pays – comme l’Égypte, le Yémen, la Syrie et la Libye – où les révoltes du Printemps arabe ont laissé place à des coups d’État ou à de complexes conflits civils, la Tunisie a jusqu’à maintenant réussi à maintenir la démocratie parlementaire instaurée après le renversement du régime dictatorial.
Mathias Lompo
Burkina Demain