Dans la dernière parution de son hebdomadaire en langue arabe, l’État islamique propose une interview de Abou Mosab Al Barnaoui, présenté comme le nouveau responsable de sa « province en Afrique de l’Ouest ». Il remplacerait donc Abubakar Shekau, nous apprend Jeune Afrique.
Al Nabaa est la parution hebdomadaire en langue arabe de l’organisation de l’État islamique (EI). « Dans son premier entretien avec le journal Al Nabaa après sa désignation comme Wali (chef) sur l’Afrique de l’Ouest, cheikh Abou Mosab Al Barnaoui parle de l’histoire du jihad dans cette région », annonce le journal dans son numéro 41 daté de mardi 2 août.
Al Barnaoui était apparu dans plusieurs vidéos de Boko Haram et faisait office de porte-parole.
Dans son entretien avec Al Nabaa, ce dernier ne fait aucune référence claire au sort du chef reconnu de Boko Haram Abubakar Shekau, sauf pour rappeler l’histoire du mouvement, qui a prêté allégeance à l’État islamique en mars 2015 et se fait appeler depuis Jama’at Ahl al-Sunnah Lil Dawa Wal Jihad (la Province ouest-africaine de l’organisation de l’EI).
La dernière apparition d’Abubakar Shekau date de mars 2016. Dans une vidéo non datée et dont on ignorait où elle avait été tournée, Shekau déclarait en haoussa et en arabe : « Pour moi, la fin est venue. Qu’Allah nous protège du mal (…) je remercie mon créateur. »
Cette nomination intervient alors que plusieurs sources militaires affirment que Boko Haram serait divisé. La thèse de la « scission » a été avancée il y a quelques semaines par Thomas Waldhauser, le chef de l’Africom (le Commandement des États-Unis pour l’Afrique), devant des sénateurs américains. Elle est reprise aujourd’hui par plusieurs services de renseignement de la sous-région. « Il semble que Boko Haram soit traversé par des dissensions. Il n’est pas impossible qu’il y ait aujourd’hui plusieurs factions, et donc plusieurs chefs », explique un officier nigérien.
Il y aurait d’un côté les partisans de la « logique millénariste » héritée du fondateur de la secte, Mohammed Yusuf, et de l’autre les partisans de la « logique terroriste », désireux d’approfondir leurs liens avec l’EI. Les premiers seraient restés dans les fiefs historiques du groupe (la forêt de Sambisa et les monts Mandara, au Nigeria), tandis que les seconds pourraient s’être établis dans les îles et sur les berges du lac Tchad. Ce sont eux qui sont soupçonnés d’avoir mené le raid sur la ville de Bosso, au Niger, le 3 juin (26 soldats tués).
Burkina Demain
Source: Jeune Afrique