Ancien ingénieur agronome de 41 ans, Youssef Chahed a été chargé de former un gouvernement d’union en Tunisie. Si nombre de Tunisiens ont salué sa jeunesse, certains fustigent sa trop grande proximité avec le chef de l’État, Beji Caïd Essebsi.
TUNISIE I

À bientôt 41 ans, l’ancien ministre des Collectivités locales a été officiellement chargé, le 3 août 2016, par le président tunisien, Beji Caïd Essebsi, de former le gouvernement d’union nationale, qui succèdera à celui de Habib Essid, écarté ce week-end après un vote de défiance. Il dispose de 30 jours pour composer son équipe.

Dans un pays où le chef de l’État approche les 90 ans, l’âge du nouveau Premier ministre apparaît comme un atout. « Sa jeunesse passe bien auprès des Tunisiens qui ont l’impression, notamment depuis la révolution, que l’élite politique âgée ne représente pas la jeunesse », rapporte Sandro Lutyens, correspondant de France 24 à Tunis.

Agronome de formation, Youssef Chahed est entré en politique en fondant, après la révolution de 2011, un petit parti, la Voie du centre. Dans le bouillonnement politique post-révolutionnaire, il rejoint une coalition de plusieurs partis, avant de participer à la création d’une autre formation, Al Joumhouri. En 2013, il rejoint enfin Nidaa Tounès, la formation qui a porté Beji Caïd Essebsi au pouvoir.

Alors qu’une profonde crise agite Nidaa Tounès, le président Essebsi lui montre déjà sa confiance, en le désignant à la tête d’une commission chargée de trouver une issue à la bataille, qui oppose son secrétaire général de l’époque, Mohsen Marzouk, au fils du chef de l’État, Hafedh Caïd Essebsi. Peine perdue : Nidaa Tounès implose et Mohsen Marzouk claque la porte pour fonder un autre parti.

Youssef Chahed reste dans les petits papiers du président. En janvier 2015, il est nommé secrétaire d’État à la Pêche, puis ministre des Collectivités locales un an plus tard. Une courte carrière qui lui vaut d’être considéré par l’opposition comme un homme politique inexpérimenté.

Mais la majorité des critiques vient de sa proximité supposée avec Beji Caïd Essebsi. Selon plusieurs médias tunisiens, Youssef Chahed serait le neveu du beau-fils du chef de l’État. Des liens présumés qui relancent les accusations de népotisme visant le président, déjà soupçonné par l’opposition et des membres de son propre parti de vouloir favoriser l’accession au pouvoir de son fils, Hafedh.

Anderson Koné
Burkina Demain

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