Les jeunes soldats burundais, au terme de leur mission à l’étranger, choisissent de ne pas rentrer au pays. Ils disent craindre la répression qui s’abat sur les militaires suspectés d’être proches de l’opposition. Ils sont au moins 14, dont des policiers et des officiers supérieurs, nous rapporte Rfi.
Selon plusieurs rapports d’ONG, les officiers tutsis sont particulièrement ciblés par la répression. Le 12 août 2016, le comité des Nations unies contre la torture s’est dit « alarmé par les informations concordantes faisant état d’assassinats et disparitions forcées d’officiers des anciennes Forces armées burundaises », ex-FAB, l’ancienne armée dominée par la minorité tutsie.
« Toutes les arrestations arbitraires, ces tortures, ces exécutions extrajudiciaires sont effectuées conjointement par les services de renseignement et la milice Imbonerakure, [la ligue des jeunes du parti au pouvoir, ndlr]. Ils se sont octroyé le pouvoir d’arrêter les militaires burundais, surtout ceux de la minorité tutsie et les jeunes officiers. Ils s’en prennent à leurs familles les arrêtent, les insultent, les torturent et parfois ils les tuent. »:, a avancé Thomas est un jeune militaire burundais en mission dans la Corne de l’Afrique.
Thomas et trois de ses camarades affirment avoir trouvé leurs noms sur une liste de militaires à surveiller qui circule sur les réseaux sociaux et avoir reçu des menaces de la part de leurs collègues. Ils prennent alors la décision de désobéir : « Nous avons eu peur d’être arrêtés comme ça a été le cas d’un militaire à l’aéroport de Bujumbura alors qu’il rentrait de mission en Centrafrique, il y a quelques jours », explique-t-il.
Ils ne sont pas seuls : dans un autre pays d’Afrique, deux soldats ont demandé l’asile, selon une source officielle. Par ailleurs, au moins deux policiers ne sont pas revenus au terme de leur mission en Centrafrique et en Europe, deux jeunes qui suivaient les cours d’une école militaire ont fait défection. Sur un autre continent, trois de plus ont décidé de ne pas rentrer, car ils craignent pour leur sécurité. Certains ont entamé des démarches pour demander l’asile politique.
Combien d’autres se cachent ? Selon une source onusienne, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) se prépare actuellement à une multiplication des demandes d’asile de militaires burundais.
Joint par RFI, le colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée burundaise, affirme être au courant de certains de ces cas. Mais il dit ne pas comprendre les motivations de ces soldats. « S’ils ont été manipulés et font maintenant de la politique, alors je m’en lave les mains », dit-il.
M. Baratuza ajoute qu’il ignore également les raisons qui ont poussé son prédécesseur, le lieutenant-colonel Adolphe Manirakiza à présenter sa démission puis de prendre le chemin de l’exil lorsque s’est achevé son mandat comme porte-parole de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca).
Anderson Koné
Burkina Demain
Source: Rfi