Coulibay Sié Thomas, étudiant en Licence III d'Anglais

Etudiant en Licence III d’Anglais à l’Université Joseph Ki Zerbo de Ouagadougou, Coulibaly Sié Thomas, à travers ce pamphlet, pose un regard critique sur le programme de recrutement des 4200 enseignants et le système éducatif burkinabè. Lisez plutôt!

Coulibay Sié Thomas, étudiant en Licence III d'Anglais
Coulibay Sié Thomas, étudiant en Licence III d’Anglais

Le président du Faso, Roch Kaboré, est en train de distraire le peuple avec sa fameuse « mesure spéciale de recrutement de 4 200 enseignants », sans test écrit.

La courte durée de formation et la non détermination des catégories des recrues, l’imprécision des résultats attendus, le flou sur la question salariale ont suscité en moi beaucoup d’interrogations. Quels résultats un élève peut-il attendre de son enseignant s’il n’est lui-même pas bien formé? Combien d’étudiants n’ayant jamais tenu la craie devant un élève ont été recrutés? Combien d’étudiants triangulaires, sans aucune culture générale consistante, ne sachant pas bien s’exprimer, ont été retenus? A quels résultats pourrait-on s’attendre aux examens du BEPC session 2017, avec la participation de ces nouvelles recrues?

Je dirai tout simplement que les dirigeants font la promotion de l’alphabétisation se limitant au savoir lire et de la médiocrité en milieu scolaire. Histoire de saper la conscience des enfants du peuple et la flamme d’une indépendance véritable portée par l’atteinte des aspirations profondes.

Nos dirigeants se comportent hélas encore comme des valets locaux, recevant des ordres de leurs patrons impérialistes, qui savent que l’avènement d’une révolution réelle sera conduite par les éclairés, capables d’une analyse profonde, critique, ayant ou pas fait de longues études scolaires.

La faillite de l’école néocoloniale burkinabè est une réalité. Plusieurs facteurs en sont à l’origine. …..Certains pourraient se demander en quoi mon propos a un rapport avec la question des mesures spéciales de recrutement des 4200 enseignements?

En réalité tout est lié. C’est une des facettes cachée de notre système éducatif. On ne peut aucunement répondre à cette question, sans faire recours à celle de notre indépendance. Avec l’histoire des Programmes d’ajustement structurel (PAS) rebaptisés Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), puis Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) et Plan national de développement social ( PNDS), on comprend tout.

Avec ce tâtonnement fébrile, le bâclage de la formation qui a commencé dès le cycle primaire où un élève ne reprend plus de classe jusqu’au CM2, je puis dire que ce régime, héritier de celui de Compaoré, a opéré une fuite en avant; il n’a plus rien à proposer au peuple. Ce d’autant que le fameux continuum manque d’enseignants qualifiés et d’équipements en matériels adéquats.

Au supérieur, le terrible système LMD fait des ravages. Dans certaines promotions, il faut 5, 6 ou même 7 ans pour obtenir une Licence dans le cas où on a pas repris de classe. Alors que le fameux sésame s’obtient en 18 mois, en temps normal. Ce qui décourage et chasse bon nombre d’étudiants hors de nos Universités publiques. Tant pis pour nous les enfants de pauvres qui n’avons pas les moyens pour nous inscrire dans les instituts supérieurs privés.

Je propose donc que le recrutement d’enseignants vise les étudiants titulaires d’une licence au moins dans les disciplines précises prédisposant à l’enseignement. Ces derniers devraient être recrutés par test en nombre suffisant et bien formés à l’ENSK, le temps nécessaire. Mieux, l’Etat gagnerait à investir pour assurer leur formation et améliorer leurs traitements salariaux.

Coulibaly Sié Thomas, étudiant en Licence III d’Anglais

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