Des heurts sanglants ont opposé, ce lundi 19 septembre 2016 à Ouagadougou, de jeunes manifestants de l’opposition à la police anti-émeute à Kinshasa avant une manifestation hostile au président congolais Joseph Kabila. Le dernier bilan fait état de 17 morts selon le ministère de l’Intérieur congolais – dont 14 civils et 3 policiers –
Par contre, l’opposition, qui parle de «plus de 50» morts, a déclaré dans un communiqué vouloir «amplifier la mobilisation» contre le président de la RDC, en poste depuis 2001. La manifestation prévue n’a pas eu lieu.
Les policiers dispersaient à coup de grenades lacrymogènes plusieurs centaines de personnes qui leur lançaient des pierres et tentaient d’avancer vers le Palais du Peuple (Parlement), selon des journalistes sur place. Un peu plus tôt, sur une grande artère du centre de la capitale de la République démocratique du Congo, des affrontements similaires avaient mis aux prises les forces de l’ordre et quelques dizaines de manifestants lançant en français ou en lingala des «Kabila akende !» et «Kabila dégage !»
Au milieu des effluves roses des gaz tirés par les forces de l’ordre, émergeaient des drapeaux blanc et bleu de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti d’Étienne Tshisekedi, figure historique de l’opposition congolaise. Avant les affrontements, des journalistes ont vu un minibus et une voiture incendiés à Limete, le quartier du siège de l’UDPS, dans le centre-ouest de Kinshasa.
A l’échangeur de Limete, point de départ de la manifestation censée commencer à 13 heures (14 heures à Paris), des manifestants ont mis le feu à une affiche montrant un portrait géant du président appelant au «dialogue» pour surmonter la crise politique que traverse le pays depuis sa réélection contestée en novembre 2011.
Sur le boulevard Lumumba, la grande artère de Limete, plusieurs pneus ont été incendiés sur la chaussée en divers endroits et des jeunes filtraient les rares voitures qui circulaient, ne laissant passer que les journalistes. De source diplomatique, on signalait aussi des échauffourées plus au sud en «divers endroits» sur la route menant à l’aéroport.
Réuni autour de M. Tshisekedi, un «Rassemblement» des principaux partis d’opposition a appelé à manifester lundi dans tout le Congo pour signifier à M. Kabila son «préavis», trois mois avant l’expiration de son mandat, le 20 décembre, et exiger la convocation de la présidentielle censée avoir lieu avant cette date.
Anderson Koné
Burkina Demain