Figure emblématique de l’État d’Israël, Shimon Peres est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 93 ans. Son parcours politique, qui aura marqué l’histoire de son pays, lui avait valu une reconnaissance internationale.
Le doyen de la scène politique israélienne Shimon Peres est mort à l’âge 93 ans, des suites d’un accident vasculaire cérébral, a indiqué son médecin personnel et gendre Rafi Walden. Il s’est éteint dans son sommeil « à 3 h du matin » dans la nuit de mardi 27 à mercredi 28 septembre.
Shimon Peres a succombé entouré des membres de sa famille, a indiqué un proche sous le couvert de l’anonymat.
Du militantisme sioniste de sa jeunesse au sommet de l’État d’Israël dont il fut président et plusieurs fois Premier ministre, il était une figure emblématique de la scène politique israélienne, plus respectée à l’étranger que populaire dans son pays. Sa carrière ayant débuté à l’aube de la proclamation de l’État hébreu, il fut le principal artisan du développement de la puissance militaire de son pays, avant de devenir dans la seconde partie de sa vie l’un des architectes de la paix dans la région tourmentée du Proche-Orient.
C’est en 1934, à l’âge de 11 ans, que Shimon Pérès arrive en Palestine, sous mandat britannique. Il vit dans un kibboutz de Galilée, intègre une école d’agriculture où se forme sa conscience politique. Il décide aussi de changer de nom, abandonnant Persky pour Pérès (aigle). Un nom qui lui vaudra des décennies plus tard l’ironie facile de commentateurs à propos de rapaces en voie d’extinction.
Converti au socialisme des pionniers juifs, il grimpe dans la hiérarchie des mouvements de jeunesse à une vitesse stupéfiante. Lorsqu’éclate la guerre en 1948, après la proclamation de l’Etat d’Israël, il est déjà responsable des effectifs au sein de l’armée tenue longtemps clandestine, la Haganah.
Pendant qu’un autre jeune pionnier prometteur, Yitzhak Rabin, se fait un nom au sein du Palmach, le corps d’élite, Shimon Pérès, lui, est chargé des achats d’armes des Forces israéliennes de défense, appelées désormais « Tsahal ». Une œuvre capitale, mais une tâche de l’ombre, là où se produisent les faux documents et les fausses pièces d’identité.
En 1949, avec son épouse Sonia et leur fille, Shimon Pérès s’installe aux Etats-Unis. Il passe quelques mois à Harvard. En même temps, il travaille pour la mission du ministère de la défense, avec comme priorité l’acquisition d’armes pour le jeune Etat hébreu.
A son retour, David Ben Gourion le nomme directeur général adjoint, puis rapidement directeur général, du ministère de la défense. Il joue un rôle majeur dans les contrats à l’étranger, notamment en Europe de l’Est, sous la coupe de l’Union soviétique (URSS), en dépit de l’embargo officiel des Nations unies (ONU). Il est à l’origine de la création de la première entreprise de matériel militaire aérien.
Au ministère de la défense, Shimon Pérès établit d’étroits contacts avec la France qui se concluent par la signature des premiers contrats, en 1955. Il s’agit du prélude à l’expédition conjointe de Suez, menée avec les Britanniques un an plus tard, qui s’achève par un fiasco retentissant. Les liens avec Paris ne sont pourtant pas coupés, loin de là. C’est au contraire grâce à l’aide de la France que naît le programme nucléaire militaire israélien, dont l’existence est officiellement ni infirmée ni confirmée jusqu’à aujourd’hui.
Anderson Koné
Burkina Demain