Le 30 mai 1967, le Gouverneur militaire de la région de l’Est du Nigéria, le lieutenant-colonel Chukwuemeka Odumegwu Emeka Ojukwu, déclare « solennellement que le territoire et la région connus sous le nom d’ « Est du Nigeria », avec son plateau continental et ses eaux territoriales, sont à compter de ce jour, un État souverain indépendant du nom de ‘‘République du Biafra’’ ». Pour Le général Yakubu Gowon, président lui-même putschiste de l’Etat Fédéral, ceci est une déclaration de guerre.
Des intérêts financiers sont en jeu dans cette région riche en pétrole, sous tentions tribales exacerbées dans le pays. Il va s’ensuivre une guerre meurtrière qui va faire 01 million de morts, dont de très nombreuses victimes de la famine. L’émotion va frapper le cœur de l’opinion publique internationale.
Le 15 janvier 1970, l’armée loyaliste parvient à reprendre le Biafra. Le Premier Ministre auto-proclamé du Biafra, signe la reddition. Quelques jours plus tôt, Emeka Ojukwu avait fui en Côte d’Ivoire.
AUCUN PROCES n’a jamais été organisé au Nigéria dans cette affaire, par le Président vainqueur Yakubu Gowon. Pourquoi ? C’est le président Yakubu Gowon qui va nous répondre : (avec en gros, des phrases comme) : Je tiens à ce que les soldats vaincus, ne soient pas inquiétés. Je refuse qu’ils soient vus ou traités comme des ennemis. Les soldats Biafrais qui le désirent sont invités à rejoindre l’armée régulière. La seule priorité, c’est de réconcilier l’ensemble des Nigérians. AUCUN PROCES ne sera organisé.
Et Yakubu Gowon tiendra Bon, malgré les blessures que nul n’ignore. AUCUN PROCES N’A JAMAIS ETE ORGANISE dans cette affaire. Et le pari de la vraie réconciliation Nationale a été gagné au Nigéria.
CHEZ NOUS, …
Après le désaveu populaire de la tentative de modification de la constitution, suivi de la démission, et l’exile du Président Compaoré, il restait sur la scène politique, des acteurs, qui ne sont autres, que d’anciens collaborateurs de l’ex-Président Compaoré, à pouvoir prétendre lui succéder. Les règlements de comptes, doublés de manœuvres politiciennes vont alors prendre place dans le pays.
« La charte Africaine de la démocratie est supérieure aux autres textes … » !…
Ceux qui ont collaboré 24 ans durant avec Compaoré (parce que ayant quitté le navire les premiers), trouvent qu’ils sont les plus légitimes, à diriger à présent le pays. Ils soutiennent que ceux qui ont collaborés prêt de 26 ans et Demi durant avec Compaoré, et qui sont par ailleurs les initiateurs du projet de révision de la constitution, ne peuvent plus incarner le changement voulu par la population.
Ceux qui ont collaboré 26 ans et demi durant avec Compaoré et qui sont par ailleurs les initiateurs du projet de révision de la constitution, (parce qu’ils ont quitté le navire quelques mois avant), trouvent que ceux qui ont collaboré tous les 27 ans (jusqu’au 30 Oct. 2014) n’ont plus droit à rien (politiquement), parce qu’ils ont consommé cette même idée de la modification de la constitution !
Ceux qui ont consommé l’idée de modification de la constitution jusqu’au 30 Oct. 2014 (parce qu’ils ont été désavoué par un mouvement populaire), trouvent qu’il appartient au même peuple Burkinabé, de juger le restant des acteurs politiques (après le départ de Compaoré). Ce serait donc aux Burkinabé eux même de juger directement chaque acteur politique, eu égard à son passé récent ou plus ou moins lointain.
C’est à qui aura alors les faveurs du pouvoir de la transition !
Alors brutalement, plus de 03 mois après l’installation de la transition, on commence à expliquer au Burkinabè, la nécessité morale de sanctionner les acteurs désavoués le 30 Oct. Quand bien même, des patrons de la transition sont dès le début pointés du doigt, quant à leur rôle lors des opérations de tueries des manifestants le même 30 Oct.
La transition explique donc qu’il faut les exclure des prochaines élections et qu’au nom de la charte africaine de la démocratie, que le Burkina Faso a ratifié, de son plein gré, il était possible, d’adopter une loi avec un effet rétroactif, applicable immédiatement ! Un des arguments était que : « La charte Africaine est supérieure aux autres textes de lois du Burkina » !
Les décisions de la Justice Internationale, auquel le Burkina a adhéré, s’imposent à toutes les juridiction…» !
Soit ! Après avoir réussi ainsi à exclure ceux qui pouvaient perturber ce forcing, la transition, avec d’autres, commençaient à crier victoire. Conscient que s’il n’y a pas d’exclusion, il y aura un second tour de scrutin.
Mais voilà ! Le Régiment de Sécurité Présidentielle, décide de mettre un terme au processus. D’après les communiqués lus à la télévision, le Régiment expliquait, que la loi d’exclusion, a été invalidée par la justice internationale. Un des arguments était que: « Le Burkina a adhéré de plein gré, à la cour de justice de la CEDEAO, et les décisions de cette cour s’impose à toutes les juridictions du Burkina » !
Soit ! Et la suite est connue. Le coup échoua au bout quelques jours.
Prêt de 48 Burkinabè ont perdu la vie dans tous ces événements (environ 33 autour du 30 oct 2014, et environ 15 autour du 16 sept 2015).
« C’est ZIDA qui donnait les ordres opérationnels au RSP, le 30 oct. 2014 » …
Selon le Procureur du Faso, le 30 oct. 2014, « C’est ZIDA qui menait les opérations, c’est lui qui était le chef de corps adjoint et qui donnait les instructions au RSP ». C’est donc lui qui donnait les instructions opérationnelles au niveau du RSP ce 30 oct. 2014 (ou il y a eu environ 33 morts).
A quoi ressemble ce que certains insurgés ont permis à ZIDA de faire ? Imaginez un instant, une finale de coupe du monde de foot, BURKINA-BRESIL : 1-1 pendant le temps règlementaire, 2-2 après prolongations, tirs au but, BURKINA 4- BRESIL 3 ! Et dès le coup de sifflet de l’arbitre, les joueurs et supporters Burkinabè ruent et cris sur le terrain, ALORS VOICI : Le Gardien Brésilien, cour à vive allure, se saisit de la coupe avec la complicité de quelque joueurs Burkinabè, et explique aux autres Burkinabè tous ahuris, que lui il sait comment organiser la suite de la fête ! …
Le bilan de cette Insurrection est, en ce qui me concerne (au centre de la photo avec le chapeau), très consternant. Les choses étaient simples, mais hélas ! Et même que certains de ceux qui étaient dans la rue ce 30 oct., et qui ont rejeté l’option ZIDA, à la tête de la Transition/Gouvernement, ont tout de suite été réduit au silence et indexés comme des Pro-Compaoré ! Rien de moins. Alors disons ici pour l’Histoire : Non ZIDA n’a jamais été un insurgé ! C’est le Gardien de but Brésilien !
Un autre paradoxe (et la liste est longue) : Est-ce qu’un Burkinabè, qui a coordonné et aurait donné des instructions opérationnelles au RSP le 30 oct. 2014 (avec 33 morts à la clé), était moralement apte à exclure d’autres Burkinabè du scrutin, pour avoir ceux-là participé à un conseil des ministres avant le 30 oct.? Puisqu’il fallait les exclure pour des raisons morales !
Non, Le Burkina Faso « Nouveau de 2014 » à fleureté avec le mensonge dès sa naissance, jusqu’à une profondeur sans précédent ! C’est là que les routes des insurgés se sont séparées. Rawlings a dit : « on ne peut pas développer un pays dans le mensonge ». Et nous, on l’a bu jusqu’à la lie.
Le Burkina Faso de 2016, a besoin du Leadership suffisant, pour imposer la réconciliation de tous ces fils…
Le mal ici semble bien être en chacun de nous. Tous autant que nous sommes. Et le Président KABORE a aujourd’hui, l’appel de l’histoire pour imposer la réconciliation de tous les Burkinabè. Lui seul peut le faire.
Pour ma part, m’inspirant du cas Nigérian, je pense qu’il ne faut organiser AUCUN PROCES, en lien avec les événements d’octobre 2014 à septembre 2015. Ni pour les anciens membres du RSP, ni pour ZIDA et alliés, Ni pour les membres du dernier Gouvernement du Président Compaoré, … Je pense qu’il ne faut organiser AUCUN PROCES et qu’il faut élargir l’ensemble des acteurs, qui ont été cité à un moment ou à un autre dans des affaires.
Tous les observateurs sérieux vous le diront, Le Burkina Faso est un pays Faible aujourd’hui. Trop faible pour rester debout. Le rétroviseur est cassé, et chacun regard le passé avec le morceau de miroir qu’il a en main.
Now, I also have a dream: Que le 04 Août Prochain, à l’occasion de la finale de la coupe du Faso, et bien que les Présidents Jean-Baptiste Ouédraogo, Blaise Compaoré, Yacouba Isaac ZIDA, Michel KAFANDO, et Rock Marc Christian KABORE, soient vus assis côte à côte au stade du 04 Août, en train de suivre cette finale !
Un homme politique Américain, disait dans les années 1970 : « Le Problème après la guerre, C’EST LE VAINQUEUR. Parce qu’il croit désormais que la guerre est payante ! Qui pourrait l’en dissuader ? Car c’est une erreur qui pourrait causer sa perte ».
Il faut savoir finir une guerre, pour enfin gagner un beau pays apaisé et debout.
Autant le CDP de 2014, a manqué du Leadership suffisant, pour éviter que le pays ne connaisse le 30 oct. 2014, autant le Burkina Faso de 2016, à besoins du Leadership suffisant, pour imposer la réconciliation définitive des fils de ce pays.
Dieu vous Bénisse ! Dieu Bénisse le Burkina Faso !
Hermann BADO
hermannbado1@gmail.com