En vue de leur clarifier la vision et la politique énergétiques de son département, du gouvernement ; le ministre burkinabè de l’énergie, des mines et des carrières s’est entretenu ce vendredi 28 octobre 2016 à Ouagadougou avec les Partenaires techniques et financiers (PTF). Occasion pour le Professeur Alfa Oumar Dissa de rappeler la nécessité de restructurer le secteur de l’énergie, avec notamment l’option claire d’une transition vers énergies renouvelables, afin de lui permettre de jouer véritablement ce rôle de levier de développement socioéconomique du pays.
Agence française de développement (AFD) ; Ambassade de Taiwan ; Autorité de régulation du sous-secteur de l’électricité (ARSE) ; Banque africaine de développement (BAD) ; Banque ouest-africaine de développement (BOAD) ; Banque mondiale ; Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) ; Fonds de développement de l’électricité (FDE) ; Union monétaire et économique ouest-africaine (UEMOA) ; Union européenne, Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), …
Bref, les principaux partenaires techniques et financiers nationaux, régionaux, bilatéraux, multilatéraux et internationaux du secteur de l’énergie du Burkina Faso ont répondu favorablement, ce 28 octobre 2016 à Ouagadougou, à l’invitation du ministre de l’énergie, des mines et des carrières, Alfa Oumar Dissa. Le Professeur Dissa a souhaité en effet rencontrer ces partenaires institutionnels pour leur clarifier la vision et politique énergétiques du pays. Mieux, la plupart des institutions concernées étaient représentées par leur premier responsable.
L’ARSE était représentée par sa présidente Mariam Gui Nikièma ; la SONABEL par son directeur général, François de Salle Ouédraogo, et la BAD par sa représentante-résidente, Antoinette Batumubwira, pour ne citer que ces partenaires techniques et financiers du secteur de l’énergie.
Agence Nationale des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique
Dans son mot introductif aux échanges, le ministre Alfa Oumar Dissa a explicité la politique énergétique du gouvernement qui a fait l’option claire de la transition vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétiques afin de répondre à la forte demande en énergie qui s’accroît d’environ 13% l’an. Et pour y parvenir, explique le Pr Dissa, une réorganisation, une restructuration du secteur s’impose, si tant est qu’on l’on veut qu’il soit véritablement ce levier de développement socioéconomique du pays. D’où la création le 5 octobre dernier, aux côtés des structures techniques existantes, de l’Agence nationale des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ANEREE). Bras technique et opérationnel du département de l’énergie, l’ANEREE vise à amorcer avec réussite la transition énergétique «dont le développement d’un marché des énergies renouvelables au niveau national.
L’ANEREE a pour missions :
-Contrôler, encadrer et favoriser le marché des Energies renouvelables (ER) et de l’Efficacité énergétique (EE) ;
-Etablir une stratégie nationale de promotion de l’efficacité énergétique ;
-Fédérer le privé, les ONG et les partenaires et financiers ;
-Exécuter des prestations commerciales et toutes autres missions de services publics dans le secteur des ER/EE ;
-Soutenir la recherche, l’innovation et la formation dans le domaine des ER/EE. Placée sous la tutelle technique du ministre en charge de l’énergie et la tutelle financière du ministre en charge des finances, l’ANEREE devra consolider l’offre énergétique actuelle, caractérisée par un déficit chronique, par la mise en place d’un cadre institutionnel approprié de la gestion des énergies renouvelables et de la maîtrise de l’énergie.
Une épine de moins dans le pied de l’UEMOA
La présente démarche du ministre Dissa a été appréciée à sa juste valeur par ses interlocuteurs. Si certains ont souhaité de plus amples éclaircissements, la plupart des intervenants à la rencontre semblaient approuver la vision et la politique énergétiques du Burkina. «Les énergies renouvelables, c’est l’avenir. Et nous sommes disposés à faire, conformément des Objectifs de développement durable (ODD), en sorte de ne laisser personne pour compte», a indiqué le représentant du Programme des nations unies pour le développement (PNUD).
«Pour nous, ces initiatives tombent à point nommé. L’électricité, éclairer l’Afrique dont le Burkina fait partie de nos cinq priorité», a laissé entendre la représentante-résidente de la Banque africaine de développement. Et le représentant de la Commission de l’UEMOA de renchérir : «La création de l’ANAREE au Burkina est une épine de moins dans le pied de l’UEMOA qui ambitionnait d’aider tous les pays membres à s’en doter». Même appréciation positive du côté du représentant de l’ambassade de Taiwan qui a rappelé les multiples actions de son institution en matière d’installation de centrales solaires dans le pays. Saluant la démarche et les initiatives du ministère, la présidente de l’ARSE pense que ces différentes initiatives devraient même permettre au Burkina Faso d’aller plus loin, c’est-à-dire vendre de l’énergie solaire aux pays voisins, compte tenu du potentiel d’ensoleillement du Burkina (ensoleillement moyen journalier de 5,5 kWh/m2 pendant 300 à 3500 heures par an).
Chiffres caractéristiques actuels et projections
Les chiffres suivants caractérisent la situation énergétique du Burkina Faso. De 2011 à 2015, le pays a accusé un déficit moyen de 25 GWh par an et des déficits de puissance pouvant atteindre 110 MW. En 2015, le taux d’électrification national était de 18,83% et le taux de couverture électrique, 34%. La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique reste encore marginal (6,4% en 2015). La production thermique (62,9%) et les importations (30,7%) occupent toujours les plus grandes parts dans l’offre totale d’électricité.
Mais, avec la lettre de politique sectorielle qui fait l’option claire d’une transition énergétique vers les énergies vertes et renouvelables, notamment l’énergie solaire ; le département du Pr Dissa ambitionne d’atteindre un certain nombre de résultats en terme d’accès des populations à l’énergie d’ici 2020. Il est question de passer d’un taux de couverture de 34% en 2015 à un taux de 80% en 2020. L’autre ambition, c’est d’arriver à une puissance installée de 1 000 MW en 2020 contre une puissance installée actuelle de 325 MW. Le président Roch Marc Christian Kaboré a également promis dans son programme de société, de doubler d’ici à 2020 le nombre des abonnés estimés actuellement à 544 827. Le président Kaboré s’est également engagé à assurer la disponibilité permanente des hydrocarbures sur toute l’étendue du territoire national. Et le ministre Alfa Oumar Dissa est déterminé à traduire dans la réalité, avec l’accompagnement des partenaires techniques et financiers, ces engagements énergétiques du président du Faso.
Philippe Martin
Burkina Demain