Avec plus de 65% des voix, François Fillon devance nettement Alain Juppé au second tour de la primaire de la droite et du centre. Comment a-t-il construit son succès ?
Dimanche dernier, François Fillon avait remporté le premier tour de la primaire de la droite et du centre avec 44% des voix. Un score très important qui l’avait immédiatement placé comme le favori du second tour. Un statut qu’il a confirmé durant toute la semaine de l’entre-deux-tours en se posant déjà comme le candidat de la droite à l’élection présidentielle, concentrant ses attaques sur la gauche au pouvoir et le FN de Marine Le Pen plutôt que sur son concurrent Alain Juppé. Sa sérénité lui a d’ailleurs permis de ne pas être mis en difficulté lors du débat d’entre-deux-tours.
Le coup de main de Sarkozy
L’appel de Nicolas Sarkozy à voter pour François Fillon, lancé dès le soir du premier tour, a été déterminant pour ne pas dire décisif. Au premier tour, François Fillon avait récolté près de 1,9 millions de voix. Il avoisine ce dimanche les 3 millions. Sur un plan comptable, il est donc indéniable qu’une part importante des électeurs de l’ancien président de la République (qui avait récolté 886.137 voix) se sont reportés sur le député du Paris. D’ailleurs, les premiers mots de François Fillon dimanche soir, juste après l’annonce de sa victoire, ont été pour Nicolas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy : « Je ne suis pas parvenu à convaincre une majorité d’électeurs. Je voterai François Fillon au second tour de la primaire »
Un positionnement qui correspond aux attentes de l’électorat de la droite
Qualifié « d’ultra-libéral » et « conservateur », le projet de François Fillon a en tout cas séduit de très nombreux électeurs de droite. Malgré les critiques d’Alain Juppé, la radicalité de ses mesures économiques (vaste plan d’économies de 100.000 milliards d’euros dans les finances publiques, suppression de 500.000 postes de fonctionnaires, +2 pts de TVA, etc.) ont été plébiscitées. Tout comme son positionnement sur les questions sociétales, pourtant lui aussi décrié par les partisans du maire de Bordeaux. Il a notamment su faire venir à lui les opposants à la loi Taubira, qui avaient manifesté par milliers en 2013. Un apport électoral tout à fait conséquent.
Un directeur de campagne « faiseur de roi »
Si François Fillon est évidement le premier artisan de sa victoire, son succès est aussi celui d’une équipe. Beaucoup de parlementaires, d’élus locaux ou encore de collaborateurs inconnus du grand public l’ont aidé dans cette campagne. Et parmi eux, un homme a eu une très grande importance : Patrick Stéfanini. Cet ex-préfet est un orfèvre en matière de campagne électorale. La victoire de Chirac en 1995 c’est lui. Celle de Valérie Pécresse aux régionales de 2010, c’est encore lui.
Ancien proche d’Alain Juppé, il avait demandé au maire de Bordeaux, après la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, s’il serait candidat à la présidentielle de 2017. Il n’avait pas eu de réponse. Il prendra également soin de le prévenir quand François Fillon lui a demandé de diriger sa campagne. De son ancien mentor, il attendait peut être un geste pour le retenir… qui ne viendra pas. Sans regret, Patrick Stefanini s’engage donc derrière le député de Paris, auquel il restera fidèle, dans les bons comme les mauvais moments. En cas de victoire de François Fillon en mai 2017, beaucoup l’imaginent déjà secrétaire général de l’Élysée.
Anderson Koné
Burkina Demain