Les Italiens se sont massivement prononcés, ce dimanche 4 décembre 2016, contre le projet de réforme constitutionnelle proposé par le président du Conseil Matteo Renzi, qui a aussitôt annoncé sa démission lors d’une allocution à la télévision.
Matteo Renzi s’est démis cette nuit à 0h25 de la présidence italienne du Conseil, tirant sans tarder les résultats de l’échec cinglant du référendum sur la réforme constitutionnelle. Le chef du gouvernement présidera lundi après-midi son dernier conseil des ministres avant de monter au Quirinal où il notifiera sa démission au président de la République Sergio Mattarella.
Le Président du Conseil a annoncé sa démission lors d’une brève déclaration dans les salons du Palais Chigi alors que la deuxième projection des instituts de sondage confirmait l’ampleur de la défaite: 40,7 % pour le Oui qu’il défendait, 59,3 % en faveur du Non qui l’emporte dans presque toutes les régions, à l’exception du Trentin Haut-Adige.
Il est particulièrement prononcé dans le Mezzogiorno et dépasse 70 % en Campanie (Naples) et en Sardaigne.
«J’ai perdu et je le dis à haute voix»
Durant son allocution, Matteo Renzi, visiblement ému, a défendu le mérite de son référendum, revendiquant sa paternité et déplorant de n’être pas parvenu à convaincre une majorité de ses concitoyens. Il a reconnu la victoire «extraordinaire nette» du Non: «J’ai perdu. Dans la politique italienne, personne ne perd jamais. Ils disent tous qu’ils n’ont pas gagné. Je suis différent. J’ai perdu et je le dis à haute voix, même si j’ai un nœud dans la gorge. Je ne crois pas que la politique soit représentée par le nombre incroyable de politiciens que nous avons en Italie. (…) Je crois dans la démocratie. Si on perd, on ne peut pas faire mine de rien. Je crois avoir fait tout ce que je pouvais faire pour la changer. J’avais obtenu la confiance (NDLR: en février 2014) sur les réformes que je voulus faire. La réforme constitutionnelle en était. Je voulais abolir les innombrables fauteuils de la politique italienne. Je n’y suis pas arrivé et le fauteuil qui saute est le mien».
Avant d’abandonner ses fonctions, Matteo Renzi a remercié son épouse Agnese, qui se trouvait dans la salle, de s’être toujours trouvée à ses côtés. Il a également rappelé les nombreuses réformes qu’il a fait voter et assuré qu’il resterait en exercice le temps de faire approuver définitivement au Sénat le budget 2017 déjà adopté par la Chambre des Députés.
Une participation plus large que prévue
La consultation référendaire a suscité une grande mobilisation dans le pays: la participation a atteint 68,27%, un taux élevé et bien plus large que prévue. Les «Non» ont réalisé un score identique à celui du référendum de 1974 organisé par le conservateur Amintore Fanfani pour abroger la loi sur le divorce, votée quatre ans auparavant.
La démission de M. Renzi ouvre une période d’incertitude à la fois politique et économique en Italie. Après le choc du Brexit et la montée des mouvements populistes, une nouvelle phase d’instabilité dans la troisième économie de la zone euro est possible.
Anderson Koné
Burkina Demain