Ils sont tous des personnages bien connus des Burkinabè

Ce sont tous des personnages publics burkinabè bien connus que l’on ne présente plus. Au cours de cette année 2016 qui s’achève ils auront été plus ou moins actifs. Tant en actions qu’en paroles. Mais, ce que l’on pourrait justement retenir d’eux en termes de paroles au cours des douze derniers mois, c’est certains de leurs propos qui ont fait jaser et fait le buzz sur les réseaux sociaux, tant ces propos ont choqué dans certains milieux, compte tenu du contexte de renouveau démocratique auxquels gouvernants et gouvernés burkinabè semblent aspirer sous l’ère Roch Marc Christian Kaboré. Mais, qui sont-ils et qu’ont-ils dit au juste ? 

Ils sont tous des personnages bien connus des Burkinabè
Ils sont tous des personnages bien connus des Burkinabè

BoukaryKaboré dit le ‘’Le Lion’’ : «Si l’État est contre la population, alors nous n’avons plus besoin de cet État”

Boukary Kaboré, dit le Lion
Boukary Kaboré, dit le Lion

Alors que le débat sur les Koglweogo faisait rage, avec à la clef un bras-de-fer qui se dessinait entre le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure et eux ; le groupe d’auto-défense sonna le rassemblement de ses troupes à Kombissiri dans le Centre-sud du pays. Fait marquant de cette grande assemblée, l’apparition à leurs côtés du bouillant BoukaryKaboré dit «Le Lion». Surnommé sur-le-champ Wibga (épervier en mooré), le président du Parti de l’unité nationale et du développement (PUND) apporte sans réserve son soutien aux Koglweogo qui voient en lui une sorte d’officier supérieur sur lequel ils pouvaient compter en cas de missions difficiles. Dans son soutien sans borne au groupe d’auto-défense parce qu’il contribuerait à la sécurité des Burkinabè, chose que les forces régulières avaient du mal, à son sens, à assurer ; le Lion lâche : «Si l’État est contre la population, alors nous n’avons plus besoin de cet État». En d’autres temps, cette sortie quelque peu musclée  de l’ex-capitaine et commandant du Bataillon d’Intervention Aéroporté (BIA) sous la révolution lui aurait valu au moins une audition. Le Lion lui-même est bien placé pour le savoir. En effet, c’est une phrase du genre au lendemain de l’avènement du Front populairequi serait à l’origine de l’attaque menée par l’armée en octobre 1987 contre son ex-Bataillon, ce qui a entraîné des massacres dans la cité du Cavalier rouge. Heureusement qu’une telle réaction excessive n’a pas été enregistrée du côté du nouveau pouvoir. Mais, toujours est-il que cette apparition surprise du Lion aux côtés des Koglweogo a amené les autorités sécuritaires à prendre plus au sérieux la question du groupe d’auto-défense.

Safiatou Lopez/Zongo : «Le palais de justice pourrait connaître le même sort que l’Assemblée nationale le 30 octobre 2014 si…»

Safiatou Lopez Zongo
Safiatou Lopez Zongo

Le 2 juin 2016, la présidente d’honneur du Cadre de concertation nationale des organisations de la société civile (CNCOSC), Safiatou Lopez/Zongo qui n’a rien perdu de son activisme, laisse entendre au cours d’un meeting au Palais de Justice de Ouagadougou, que l’institution pourrait connaître le même sort que l’Assemblée nationale le 30 octobre 2014 si elle ne se montre pas à la hauteur des attentes du peuple. En clair, Lopez menace de mettre le feu au Palais de justice si la justice n’est pas rendue conformément aux attentes du peuple. Dans les rangs du monde judiciaire, c’est l’émoi. Safiatou est d’abord convoquée le 28 juillet 2016 au Service régional de la Police judiciaire à Wemtenga pour s’expliquer sur ses propos incendiaires. Si la police judiciaire avait par cette première audition intimider la jeune dame, c’était peine perdu puisqu’elle martèlera au cours de cette au cours de cette audition : ««Si nous n’avons pas reculé devant les balles du RSP, ce ne sont pas les robes noires des magistrats qui vont nous faire reculer». Avec la même détermination, forte du soutien de ses partisans, Lopez  fera par la suite  l’objet d’un procès en bonne et due forme au Palais de justice qu’il menaçait d’incendier. A ce jour, le verdict n’est pas encore connu.

Roch Marc Christian Kaboré : «Si vous avez un Etat où la magistrature est son propre patron, cela peut créer beaucoup de problèmes»

Roch Marc Christian Kaboré
Roch Marc Christian Kaboré

Lors de son investiture le 29 décembre 2015, le nouveau président élu du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, promet entre autre la réconciliation nationale à son peuple. Une réconciliation nationale qui doit en son sens passer par la justice. Mais, trois-quatre mois après, les choses ne bougent pas du côté de la justice comme l’aurait voulu le président. Pire, contrairement à sa promesse de mettre fin à l’impunité dans le pays, il assiste  comme son peuple à des libérations provisoires de personnes inculpées. Et le comble, c’est que le président du Faso et son ministre de la justice qui ne sont plus membres du conseil supérieur de la magistrature depuis les états généraux de 2015, n’ont aucun pouvoir légal d’imprimer un rythme politique à la justice. Or, les conséquences politiques des décisions judiciaires à l’heure actuelle, c’est le pouvoir Kaboré qui doit, à l’entendre, supporter. Et le chef de l’Etat semblait vivre une sorte d’injustice qu’il voudrait bien voir corriger dans le cadre du projet de Constitution de la 5e République. Il était comme victime d’une situation dont il n’est pas comptable. Et cela devenait de plus en plus difficile à supporter pour Roch Marc Christian Kaboré.

Visiblement excédé par les lenteurs de la justice héritée de la Transition de 2015, le président  fait le 3 juin 2016 cette déclaration aux Burkinabè du Sénégal : «je voudrais simplement vous dire que lors de la transition, il a été décidé de réformer la justice pour la rendre indépendante, en retirant du Conseil supérieur de la magistrature le président de Faso et le ministre de la justice, parce qu’on considère que la présence de ces deux- là empêche l’indépendance de la justice. Aujourd’hui, au plan de la justice, les décisions qui se prennent là-bas, nous n’y sommes pas impliquées.

Malheureusement, lorsqu’on a des gens en liberté provisoire, la tendance c’est de dire que c’est le gouvernement qui a dit de les libérer, or, nous-mêmes, on apprend les décisions comme tout le monde. C’est dire que sur le plan de l’application de ce que nous avons appelé l’indépendance de la justice, je crois qu’aujourd’hui, chaque burkinabè comprend pourquoi il est nécessaire que le Président du Faso et le ministre de la justice soient au Conseil supérieur de la magistrature. Parce que si vous avez un Etat où la magistrature est son propre patron, cela peut créer beaucoup de problèmes. Et je crois que lors des discussions constitutionnelles pour le passage à la 5ème République, ce seront des questions qui seront revues, au regard de la réalité et l’applicabilité sur le terrain».

Mais, cette sortie du président ne tarda pas à susciter l’inquiétude des juges qui n’entendent pas perdre leur indépendance nouvellement acquise. Dès leur lors, ils se mobilisent à travers leurs syndicats et crient à une cabale présidentielle. A ce jour, l’on semble s’acheminer vers le maintien du principe de l’indépendance de la magistrature. Si le chef de l’Etat se dit favorable à l’indépendance de la justice, il ne manque pas l’occasion pour rappeler aux juges leurs obligations vis-à-vis du peuple, c’est-à-dire celles de rendre justice conformément aux attentes des populations.

 

Salif Diallo : «On s’en fou, on n’a même pas regardé la marque des tablettes»

Salifou Diallo
Salifou Diallo

On est en debut décembre2016. L’affaire des 130 tablettes de la société Huawei offertes  aux députés bat son plein. Au cours d’une conférence de presse de son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le président intérimaire Salif Diallo, par ailleurs président de l’Assemblée nationale, aborde la question. Il sous-estime alors le problème et perçoit dans cette affaire une manœuvre d’officines politiques adverses qui tenteraient de l’instrumentaliser pour décrédibiliser les parlementaires. Excédé, il lâche au cours de la conférence de presse : «On s’en fou, on n’a même pas regardé la marque des tablettes». Pour ces soutiens, ces propos étaient surtout adressés à ces officines politiques. Mais, mal lui en a pris. Les réseaux sociaux s’enflamment. Le président de l’Assemblée nationale est considéré comme un irresponsable. C’est désormais la crédibilité de son institution et celle du régime qui est menacée. Salif Diallo finit par réaliser la menace et annonce lui-même le 5 décembre  au cours d’une session plénière du Parlement la restitution des tablettes incriminées au ministère de l’économie numérique.

 

Simon Compaoré :«Nous avions pour la plupart des kalachnikovs. La puissance de feu était supérieure à la nôtre».

Simon Compaoré
Simon Compaoré

Suite à l’attaque terroriste  du 16 décembre 2016 à Nassoumbou ayant fait au total 12 morts et 4 blessés dans les rangs de l’armée nationale ; Simon Compaoré est sur le plateau du JT de 20 h de la Télévision nationale du Burkina. Le ministre de la Sécurité intérieure y était invité pour parler de l’attaque, des circonstances dans lesquelles elle s’est produite. Les assaillants «étaient suffisamment équipés. Ce sont des armes lourdes, des 12,7 mm. (…) Ce sont des armes qui font mal et qui tirent à distance. Nous, nous avions pour la plupart des kalachnikovs. La puissance de feu était supérieure à la nôtre».

Cette explication du ministre Compaoré a déplu dans plusieurs milieux. Ses détracteurs y voient un aveu d’impuissance et de culpabilité du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Du coup, l’idée,long temps rejetée, d’un éclatement de son super ministère, avec un département entièrement dédié à la sécurité, a progressé. Le président kaboré a annoncé sa prise en compte dans le cadre du prochain gouvernement.

 

Alpha Mamadou Barry : «Un appel téléphonique Blaise Compaoré –Roch Kaboré, c’est complètement faux»

Alpha Mamadou Barry
Alpha Mamadou Barry

Au sortir,en fin juillet 2016,des travaux de la session du cinquième Traité d’amitié et de coopération (TAC) Côte d’Ivoire – Burkina Faso, tout le monde se félicite des résultats enregistrés avec des protocoles d’accord de coopération signés dans plusieurs domaines. Cette satisfaction exprimée de part et d’autre se justifiait à plus d’un titre, cela d’autant que le TAC V intervient après une période de brouille politico-judiciaire. Et c’est dans cette euphorie légitime que naît une banale affaire d’appel téléphonique entre le président Roch Kaboré et son prédécesseur Blaise Compaoré. L’appel aurait eu lieu à Yamoussoukro en marge des travaux du TAC V. Alors que les uns et les autres s’interrogeaient sur la véracité de l’information ; c’est le ministre des Affaires étrangères et des Burkinabè de l’étranger, Alpha Mamadou Barry, qui s’est chargé de démentir le fait à la télévision nationale. «Il n’y a eu aucun appel entre Blaise Compaoréet Roch Kaboré. C’est complètement faux», soutient-il. Mais, ce démenti ne convainc pas. Les réseaux sociaux et les politiques s’en mêlent. L’affaire va alimenter la chronique pendant plusieurs jours, voire semaine. Cette affaire a quelque peu terni les résultats du TAC V et l’action de ses artisans, notamment celle du ministre Barry qui s’est beaucoup défoncé dans ce rapprochement ivoiro-burkinabè.

Philippe Martin

Burkina Demain

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