Le Burkina Faso commémore ce dimanche 15 janvier 2017 le premier anniversaire des attaques terroristes du 15 janvier dernier. Un an après ces événements dramatiques qui avaient fait une trentaine de morts et des dizaines de blessés, les plaies ne sont pas encore totalement guéries. Même certains pansements ne sont pas terminés. Reportage.
Jeudi 12 janvier 2017. Il est 11 h. Nous empruntons l’avenue Kwamé N’Krumah. Très vite, nous nous retrouvons au niveau du restaurant Cappuccino et l’hôtel Splendid. Les souvenirs des horreurs des attaques terroristes du 15 janvier 2016 que le pays commémore ce dimanche par diverses manifestations, se réveillent en nous. Nous marquons une pause pour observer et constater rapidement de l’extérieur ce qui a changé sur les lieux. Des pansements ont été opérés sur les édifices touchés. Splendid Hôtel semble avoir retrouvé sa splendeur d’antan avec une façade extérieure entièrement rénovée. Du côté du restaurant Cappuccino, la façade est moins éclatante mais plus présentable qu’au lendemain des événements où tout en cet endroit et les environs n’était que tristesse et désolation.
Au lancement des travaux de reconstruction du bar-restaurant le 30 juillet 2016, soit six mois après la tragédie, le propriétaire du commerce, Gaétan Santomenna s’était engagé à tout mettre en œuvre pour rouvrir ce 15 janvier. Ce pari était loin d’être gagné à notre passage. L’établissement n’était pas encore fonctionnel. En revanche les choses ont plus ou moins repris en face à Splendid Hotel et ce depuis plusieurs mois.
«Nous avons besoin de soutiens»
A Splendid Hotel, les choses ont effectivement repris. Des éléments de sécurité procèdent systématiquement aux fouilles des personnes entrant dans l’établissement. A l’intérieur les personnels sont à leurs postes. Mais, il n’y a pas d’affluence. Notre constat sera confirmé plus tard par les responsables de l’hôtel. A en croire le directeur administratif, Diakaridia Koné, l’établissement a été abandonné après les événements. Il n’est plus aussi sollicité par les clients. Il est devenu comme une adresse interdite aux gens. «Quand on veut parler de nous, beaucoup disent que nous sommes en réfection, alors que nous avons rapidement repris nos activités. Ce qui fait que ces 12 mois ont été très difficiles chez nous plus que chez les autres. Nous n’avons pas eu de soutiens. Quand nous parlons de soutiens, ce n’est pas l’argent liquide mais nous avons besoin qu’on sollicite nos services». A l’écouter, c’est surtout grâce au soutien du président directeur général Emmanuel Zongo et de la directrice générale Madeleine Zongo que Splendid Hotel s’est remis debout. Les investissements pour cette reprise sont estimés à plusieurs centaines de millions de francs CFA. Mais, des investissements importants restent à faire pour que l’hôtel puisse fonctionner pleinement. L’établissement fonctionne à 50% de ses capacités avec 72 chambres sur une capacité de 147 chambres.
«Splendid existe et existera toujours»
Pour les responsables de Splendid Hotel, l’idée de la commémoration de ces attaques est une bonne chose. Ils disent y avoir été associés par les autorités. «le ministre Simon Compaoré était là ce matin. A chaque fois qu’il passe par là, il s’arrête pour saluer et nous n’allons pas gâter son nom», nous confie Diakaridia Koné. Pour lui, cette commémoration à leur niveau, est une occasion de montrer à l’opinion nationale et internationale que «Splendid Hotel existe et existera toujours».
Une vision qui ne s’écarte pas de celle des plus hautes autorités du pays. Faut-il le rappeler, au lendemain des attaques, le 16 janvier 2016, le président du Faso Roch Marc christian Kaboré avait dans son message à la Nation indiqué ceci :
«C’est mal connaitre le Peuple burkinabè qui n’a jamais marchandé son honneur depuis la nuit des temps et ne s’est jamais plié ni résigné devant ses ennemis. Face à ce nouveau défi, il se mobilisera comme un seul homme pour opposer une défaite cinglante aux entreprises terroristes sur notre sol national. En dépit de la douleur, nous ne devons céder à aucune pression».
Les autres attaques du 15 janvier
Le 15 janvier 2016, Ouagadougou n’avait était la seule cible des terroristes. Certes, la capitale a payé le plus lourd tribut avec trente personnes tuées, dont vingt-deux de nationalité étrangère ; mais deux autres localités avaient également été attaquées.
En effet, dans l’après-midi de ce 15 janvier, un convoi officiel de la gendarmerie nationale a été pris pour cible dans le secteur d’Ina Bao, dans la province de l’Oudalan. Le bilan sur place a fait deux morts et deux blessés.
Puis, un peu plus tard dans la nuit du 15 au 16 janvier, le Docteur Kenneth Arthur Elliot et son épouse Joceline, de nationalité australienne, installés à Djibo depuis 1972 et responsables de la clinique Elliot, ont été enlevés.
Le défi un an après
Un an après ces attaques terroristes revendiquées par l’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le Burkina Faso reste une cible pour ces assaillants sans foi, ni loi. En témoigne la série d’attaques perpétrées plus tard dans le nord du pays dont la plus importante en date reste celle du 16 décembre à Nassoumbou dans laquelle ont péri une douzaine de soldats burkinabè. Il y a également le problème du Docteur Kenneth Arthur Elliot qui demeure dans les mains de ses ravisseurs, son épouse ayant été libérée entre-temps. Pour toutes ces raisons, la vigilance devrait toujours être de mise sur le front sécuritaire pour parer à toute éventualité.
Martin Philippe
Burkina Demain