Donald Trump, 45e président des Etats-Unis, prête serment ce vendredi

Aux Etats-Unis d’Amérique, la page du démocrate Barack Obama est tournée et son successeur, le républicain Donald Trump, va, dans quelques minutes, prêté serment à Washington en sa qualité de quarante-cinquième président du pays. Parmi les interrogations importantes qui taraudent les esprits figure celle-ci : quelles seront les relations des USA avec le monde avec l’avènement Donald Trump, considéré dans certains milieux comme l’homme du Kremlin ?

Donald Trump et Vladimir Poutine vont-ils regarder dans la même direction sur les affaires internationales
Donald Trump et Vladimir Poutine vont-ils regarder dans la même direction sur les affaires internationales

Dans les milieux diplomatiques, la prestation de serment ce vendredi du républicain Donald Trump en tant que 45e président des Etats-Unis d’Amérique ne passera pas inaperçue. Bien au contraire, le cérémonial fait l’objet de toutes les attentions, les faits et gestes du président milliardaire minutieusement scrutés. En fait, l’avenir des relations internationales se jouent aussi avec cette entrée en fonctions officielle du 45e président des Etats-Unis.

Certes, comme son prédécesseur, Donald Trump va s’engager à défendre, à sa façon, les intérêts de ses compatriotes. Mais, la manière qu’il va défendre ces intérêts américains peut influencer d’une manière ou d’une autre la façon dont les autres leaders de la planète vont défendre ceux de leurs peuples. En attendant d’en savoir davantage sur là où Trump veut situer les Etats-Unis sur la carte des relations internationales, les uns et les autres se font déjà plus ou moins une idée de la future trajectoire des rapports du pays de l’Oncle Sam avec le reste du monde. Cela au regard de la composition de l’administration du nouveau président, de ses propos, ses faits et gestes.

Des faits et gestes qui ont quelques fois été applaudis dans certaines chancelleries et déplus, voire décriées dans d’autres. Donald TrumpTrump a par exemple pris sur lui la responsabilité d’appeler au téléphone, au lendemain de son élection, la présidente taiwanaise, Tsai Ing-Wen, au grand dam des autorités de Pékin qui ne transigent pas sur le principe de la Chine unique. Trump a également déplu à Paris, Berlin, Prague et Varsovie lorsqu’il a traité l’OTAN de structure obsolète. Tout proche, à Mexico, c’est la peur de recevoir de milliers de Mexicains expulsés des USA qui habitent depuis plusieurs semaines les autorités. En revanche à Moscou Donald Trump a été applaudi lorsqu’il a rejeté les accusations du camp démocrate et des services de renseignement selon lesquelles des agents russes auraient influencé les résultats de la présidentielle en sa faveur et au détriment de Hilary Clinton. Mais, entre ces allégations et une éventuelle connivence entre le maître du Kremlin et Donald Trump, il n’y a qu’un pas que ses détracteurs ont vite fait de franchir en le considérant comme l’homme du président russe, Vladimir Poutine. Ainsi, autant cette investiture de  Trump peut susciter des espoirs de bonnes relations à Moscou, Londres, Ankara, Le Caire, Tel-Aviv et Taipeh ; autant il peut être  facteur d’énormes craintes, notamment à Pékin, Berlin, Paris, Bruxelles, Mexico et La Havane.

Rupture  avec la politique d’ouverture tous azimuts de Obama

La page de la politique étrangère de Barack Obama est tournée
La page de la politique étrangère de Barack Obama est tournée

Barack Obama, auréolé de son prix Nobel de la paix,  s’était évertué durant son mandat à réconcilier les Etats-Unis avec le monde d’avant la seconde  guerre mondiale, en témoignent ses visites à La Havane à Cuba et à Hiroshima au Japon. Obama a mené une politique d’ouverture tous azimuts dans le monde, sans même tenir compte des zones d’influence héritées de la période de la guerre froide. Ce faisant, il a été le champion de l’expansion du système occidental vers l’est, cela au grand dam de Moscou. D’importants pays orientaux jadis sous influence russe comme l’Ukraine, la République Tchèque, la Pologne  passent sous le joug occidental en devenant membres à part entière de l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), structure militaire occidentale héritée de la guerre froide.

Jamais, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la Russie ne s’était pas aussi sentie cernée par l’ennemi.  Mais, Vladimir Poutine qui avait promis de restaurer la grandeur de la Russie n’a pas renoncé à sa promesse. Il procède par des incursions militaires en soutien à des groupes séparatistes dans des pays anciennement sous domination de l’Union soviétique. C’est ce qui s’est passé en Géorgie et en Ukraine avec à la clé des Etats séparatistes russes constitués (Ossétie du Sud et la République populaire de Donetsk) fragilisant ainsi ces Etats. Aussitôt la peur s’est emparée des autres pays de l’Europe orientale  qui craignent de subir le même sort et de se retrouver de nouveau dans le giron russe. Ils sollicitent et obtiennent la protection de l’OTAN dont le commandement sera même confié à un haut gradé de la région, en l’occurrence le général tchèque Petr Pavel.

Et pour parer à toute éventualité sur le front est, l’OTAN va procéder ces dernières années  à un déploiement massif  d’armements lourds au point qu’on a pensé à un moment au déclenchement d’une troisième guerre mondiale, tant les russes ne sont pas restés inactifs de leurs  côtés. Les relations des pays de l’OTAN  avec la Russie étaient devenues d’autant plus explosives que les exceptionnelles mesures de prévention à l’est  avaient été précédées de sanctions économiques sévères contre la Russie pour ses incursions via des groupes séparatistes dans les pays de l’est.

Aujourd’hui, tout cela semble relever du souvenir, tant le successeur d’Obama, Donald Trump semble avoir opté pour une nouvelle politique étrangère.

Les pays de l’est européen bientôt sans défense ?

Donald Trump a été très clair. Il ne veut plus mettre l’argent du contribuable américain dans les dépenses de l’OTAN qu’il qualifiera d’ailleurs de structure obsolète. Dans le même temps, il a appelé les pays européens à prendre en charge leur propre défense.

L’on imagine la déception des pays de l’est qui vont bientôt se retrouver sans défense à la porte la puissante Russie. Et les politiques qui voudraient jouer de rôles importants dans ces pays en passe de réintégrer le giron russe, vont devoir se tourner désormais vers Moscou pour avoir l’onction du Kremlin. L’on va probablement assister dans les mois et années à venir à l’avènement dans la région de dirigeants pro-russes. Mais, il n’y a pas que les pays de l’est qui seront concernés par la ‘’Russisation’’ ou «Poutinisation » du monde. Beaucoup d’autres dirigeants du monde l’ont déjà compris : C’est désormais Vladimir Poutine qui a la haute main sur les affaires politiques internationales. Ankara, Le Caire, Tel-Aviv, Gaza sont déjà en phase avec le nouvel ordre international. Même en Occident, beaucoup de leaders politiques ayant des ambitions présidentielles prennent déjà pour référence Poutine.

La politique protectionniste queTrump veut mener sera en effet une grande aubaine pour Vladimir Poutine qui pourra enfin réaliser son rêve d’un retour de la grande Russie sur la scène internationale.

L’ancienne puissance russe était issue du rôle que l’Union soviétique sous la direction de Joseph Staline a joué dans le dénouement de la seconde guerre mondiale. La néo-puissance russe pourrait,  elle, découler du rôle du pays dans le dénouement de la guerre syrienne qui  aura duré autant que la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-dire six ans.

Et la prochaine de conférence d’Astana sur la résolution définitive  de la crise syrienne aura quelque part des allures de la conférence de Yalta de février 1945. En effet, c’est au cours de cette conférence que Joseph Staline, défunt  homme fort de la Russie,  avait exigé et obtenu de ses alliés occidentaux le contrôle de tous les pays de l’est européen que l’armée rouge avait libéré du joug  du régime nazi pendant la guerre. Pour réaliser à l’époque son coup de force international, Staline avait pu compter sur la bienveillance du Premier ministre Britannique Winston Churchill et du président Américain Franklin Delano Roosevelt. Cette fois-ci, Poutine devrait pouvoir compter lui aussi, sur la bienveillance du Premier ministre Britannique Theresa May et du président Américain Donald Trump.

Cette reconfiguration en cours de l’ordre international au détriment de l’occident n’a pas échappé au désormais ancien vice-président américain, Joe Biden. Dans son intervention à la tribune du 47e forum économique de Davos, il a considéré «la Russie comme la plus grande menace contre l’ordre international libéral», mettant en garde  les dirigeants européens contre la Russie. Dans son dernier discours le président Barack Obama  s’est voulu quelque peu rassurant, soulignant la nécessité pour les Etats-Unis d’avoir de bonnes relations avec la Russie. Mais, n’empêche, cela ne remet pas en cause ce nouvel ordre international.

La carte de «l’Amérique d’abord»

Donald Trump, 45e président des Etats-Unis, prête serment ce vendredi
Donald Trump, 45e président des Etats-Unis, prête serment ce vendredi

Donald Trump a beau jouer à fond la carte de «l’Amérique d’abord», promettant d’être le plus grand employeur que le monde ait connu, il aura quand même besoin d’entretenir avec des relations à l’extérieur. Il pourrait entretenir de bonnes relations avec la Grande Bretagne du Premier ministre Theresa May, tenue elle aussi de mener une politique protectionniste, suite au Brexit. Trump pourrait également entretenir de bonnes relations avec la Russie, Taiwan, Turquie, Egypte, Israël. En revanche, l’on pourrait assister à des rapports conflictuels avec la Chine, les pays de l’Union européenne qui ont entretenu jusqu’au bout de bonnes relations avec l’administration Obama. Aux dirigeants de ces pays incombera désormais la mission de défendre, sans le soutien américain, ce qui reste encore de l’ordre international libéral qui a atteint son apogée aux débuts des années 1990. Ironie de l’histoire, c’est désormais la Chine, ancien Etat protectionniste et ancienne alliée de la Russie au temps de la Grande Union soviétique qui est en pointe pour la défense de l’ordre international libéral.

«Le protectionnisme, c’est comme s’enfermer dans le noir. Personne ne sortira vainqueur d’une guerre commerciale. La Chine gardera sa porte ouverte, ne la fermera pas (…) et nous espérons que les autres pays garderont eux aussi leur porte ouverte pour les investisseurs chinois avec un environnement équitable », a soutenu le président chinois, Xi Jinping, au 47e forum économique de Davos.

On l’aura compris, en ce XXIe siècle, les idéologies ne tiennent plus face aux intérêts des Nations. Et c’est également au nom de ce principe de la primauté des intérêts nationaux que le nouveau président Donald Trump, qui est loin d’être idéologue, entend tourner le dos des Etats-Unis à la globalisation tous azimuts. Les Etats, on le sait du Général De Gaule, n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts.

Philippe Martin

Burkina Demain

 

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