Annulée à la dernière minute, la visite que Mohammed VI devait effectuer à Bamako, à partir du mercredi 22 février, est bel et bien la traduction d’un malaise entre les deux pays. En cause : l’activisme algérien de « certains proches » du président Ibrahim Boubacar Keïta qui chercheraient à occulter « le dynamisme du Maroc sur la question de la crise malienne et à ternir l’image de leurs relations fructueuses », confie une source marocaine.
Le royaume a déployé beaucoup d’efforts au Mali où Mohammed VI jouit d’une grande popularité (projets économiques, infrastructures sanitaires, formation des imams…). Il espérait que Bamako « lui rende la politesse » en retirant sa reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
« Malgré ces efforts, Bamako n’a pas inclus Rabat dans l’accord de paix chapeauté par l’Algérie, dans lequel d’autres pays même lointains ont été invités [la France, les États-Unis, la Russie, NDLR], sachant que nous avons encouragé la mise en place du processus [réception des leaders touaregs à Rabat en 2014, NDLR] », indique la partie marocaine.
Du côté malien, on estime que ce report a fait l’objet « de beaucoup de spéculations dans la presse ». « Nous n’avons pas de problèmes particuliers avec le Maroc. Quelques jours avant que cette visite n’ait lieu, on nous a informé de son report », confie un diplomate malien, précisant que « ces changements de dernière minute arrivent souvent dans les agendas des chefs d’État ». Selon lui, les deux parties ont convenu d’une nouvelle visite qui « se fera à une date ultérieure », sans qu’une date ne soit fixée.
Le 23 février, une délégation marocaine, avec à sa tête le secrétaire particulier de Mohammed VI, Mohamed Mounir El Majidi, s’est rendue à Bamako pour inaugurer une clinique prénatale qui était inscrite dans l’agenda de la visite royale. En tout et pour tout, elle est restée deux heures, de 14h à 16h, le minimum horaire pour épargner à cette clinique déjà prête d’attendre une nouvelle visite royale « qui ne se fera pas de sitôt », conclut notre source.
Burkina Demain
Source: Jeune Afrique