Ce début de la période de pointe, caractérisée généralement par des délestages, est propice aux arnaqueurs, à ces vendeurs de panneaux solaires photovoltaïques qui promettent ciel et terre à leurs clients, leur faisant croire qu’avec seulement 75 000 F CFA, le problème de l’électricité est réglé pour de bon.
Face à ces gens, nous disons aux honnêtes citoyens de faire attention. Car si l’énergie solaire peut être la solution, forte est de reconnaître qu’elle n’est pas toujours l’alpha et l’oméga de toute situation. Il suffit d’emprunter certaines artères de Ouaga, la nuit tombée, pour s’en convaincre. Ces rues sont mal éclairées, pour ne pas dire sombres, alors qu’elles ont été dotées de matériels d’éclairage solaire. De toute évidence, toutes les conditions techniques n’ont pas été respectées dans l’exécution de ces projets.
C’est peut-être encore le lieu de rappeler aux citoyens la difficulté de définir avec exactitude, par avance la quantité d’électricité que produira un panneau solaire acquis sur le marché, surtout dans un contexte de non-contrôle de la qualité de matériels importés. La production électrique de ce panneau sera en fonction d’un certain nombre de paramètres : lieu d’implantation, sa position, la température. La puissance d’un panneau solaire est exprimée en watt-crête.
Les malheureuses expériences d’éclairage de la voirie
Dans les conditions requises, c’est-à-dire standard, un panneau de 1kWc produira une puissance de 1kW, l’énergie produite étant de 1kWh par heure. Pour autant, il n’y a pas obligatoirement de lien entre watt-crête, watt et watt-heure ! Car, l’énergie produite dans des conditions réelles est le plus souvent inférieure à celle produite dans des situations standard. Il est absolument nécessaire de réunir les conditions optimales pour tendre vers un haut rendement. Dans le jargon des énergéticiens, l’on parle d’efficacité énergétique qui est vraiment essentielle lorsqu’il est question d’énergie solaire.
Quand ces préoccupations de bon paramétrage ou d’efficacité énergétique ne sont pas réellement prises en compte dans l’exécution de projets d’électrification, les résultats sont rarement au rendez-vous. Et c’est comme si les fonds qui ont servi pour ces projets avaient été jetés par les fenêtres. A l’ambassade de la République de Chine Taiwan l’on ne dira pas le contraire. Cette ambassade avait dû interrompre ses initiatives d’électrification des rues dont elle ne voyait pas les résultats, pour se reconcentrer les projets de muni- centrales solaires où il y avait plus ou moins du sérieux. D’importantes institutions de la République du Faso comme la Présidence du Faso, la Primature, le ministère de l’énergie ou de l’environnement en sont dotées.
Tirer les bonnes leçons des échecs passés
L’ambassade la République de Taiwan vient de reprendre ses initiatives en faveur de l’éclairage de la voirie avec un don de près 66 millions de francs accordé à la mairie centrale de la ville en vue de l’électrification de certaines artères comme Charles De Gaulle. Il faut espérer que de bonnes leçons ont tirés des échecs passés.
Au-delà des institutions comme la mairie, ils sont certainement nombreux les Burkinabè qui ont fait une mauvaise expérience du solaire et certains s’en sont même détournés. Cela parce que tout simplement ils n’avaient pas la bonne information.
C’est pour toutes ces raisons, qu’il est toujours recommandé en cas de besoin d’installation de dispositifs solaires, de faire appel aux services de spécialistes ou de maisons qualifiées. Dans un pays comme le nôtre où l’on estime à 5% ceux qui ont recours à l’énergie solaire, le travail de sensibilisation des populations reste encore immense. La culture du solaire ne se donne pas. Elle s’acquiert. Et c’est là tout le travail qui est attendu de l’Agence nationale des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ANEREE), créée l’année dernière par le ministère de l’énergie.
Grégoire B. Bazié
Burkina Demain