C’est ce que l’on appelle dans le jargon journalistique, de l’événement : le surprenant déboulonnement de l’inamovible Issa Hayatou (69 ans) de la présidence de la Confédération africaine de football par l’outsider Ahmad Ahmad (57 ans), après près de 30 ans de règne du camerounais. Et cela s’est passé ce jeudi 16 mars 2013 dans l’imposante salle de Nelson Mandela au siège de l’Union africaine à Addis Abeba. Tout un symbole.
Surprenante ! Le mot même est faible, un véritable coup de tonnerre dans le ciel footballistique africain, pour qualifier la victoire du malgache Ahmad Ahmad devant Issa Hayatou que l’on ne présente plus, pour avoir régné 29 ans à la tête de la Confédération africaine de football. Sûr de l’emporter, comme à son habitude, le camerounais n’a même pas jugé nécessaire de prendre la parole pour défendre son bilan et appeler à voter encore pour lui. Erreur monumentale.
Ahmad Ahmad, qui a été actif durant ces mois, en a profité pour tenir un discours rassembleur et glaner encore des voix auprès de quelques présidents de fédération encore indécis.«Je ne suis pas candidat pour servir mes ambitions personnelles, mais pour assurer que chacun de vous puisse s’exprimer librement et participer à ce futur du football africain» (…) Nous devons embrasser ce changement et aller de l’avant», a-t-il soutenu. Un discours qui a manifestement fait mouche.
A l’arrivée, résultat catastrophique pour Issa Hayatou, qui visiblement n’en revenait pas. Au total, 34 présidents de fédération ont voté le malgache. Une vingtaine de présidents ont réaffirmé leurs soutiens à Hayatou. Mais, cela se révèle quand même insuffisant pour lui permettre de garder son fauteuil. Pour illustrer l’ampleur de cette victoire ou de cette défaite, on pourrait dire que Ahmad le David tombeur du Goliath Hayatou qu’aucun président de fédération africaine n’a su ou pu déboulonner depuis près de 30 ans. L’ivoirien Jacques Anouma peut en témoigner. Tous ceux qui ont essayé de lorgner le fauteuil du natif de Garoua, en ont eu pour leurs grades. Et certains détracteurs avaient fini pour le surnommer le prince ou le roi de cette ville du nord du Cameroun.
Mais, comme on le dit souvent, c’est erreur qui tue bandit-chef. Visiblement, pour Hayatou, cette huitième tentative était trop. Surtout avec l’arrivée de nombreux jeunes à la tête des fédérations africaines de football. Ajouté à cela les renouvellements intervenues au niveau des instances internationales, avec notamment l’arrivée de Gianni Infantino à la tête de la FIFA , Infantino que Hayatou n’avait pas soutenu lors des votes ; les choses étaient progressivement en train de tourner le dos à Hayatou. Mais, n’ayant pas opté de quitter les choses avant qu’elles ne le quittent, comme le préconisait le Général De Gaulle, Hayatou doit à présent assumer cette défaite historique. C’est cela aussi la loi du sport : on gagne ou on perd. Et Issa Hayatou a perdu et devrait à présent penser à rédiger, s’il ne l’a pas encore fait, ses mémoires.
Mathias Lompo
Burkina Demain