Pour les Burkinabè, en particulier les Ouagalais, si le problème d’eau semble sur le point de trouver solution à court et moyen termes avec l’anticipation de la mise en service du projet Ziga II; l’incertitude demeure tout de même sur la question de l’approvisionnement énergétique en cette période de pointe. Mais, la solution à ce problème d’électricité pourrait venir de la Côte d’Ivoire qui s’apprête à mette en service en cette fin du mois de mars 2017 son complexe hydroélectrique de Soubré d’une capacité de 275 MW.
Après quatre ans de travaux, le barrage hydroélectrique de Soubré, l’une des promesses de campagne du président Alassane Ouattara, sera en principe mis en service en fin mars 2017. Cela au grand bonheur non seulement de la Côte d’Ivoire mais aussi de nombreux pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Burkina qui importent de l’électricité d’Abidjan. Surtout en cette période de pointe, caractérisée souvent par des coupures d’électricités et leurs incalculables conséquences socio-économiques. Soubré, chef-lieu du département de même nom, est une ville du sud-ouest de la Côte d’Ivoire, dans le district de Bas-Sassandra, située à 367 km d’Abidjan, capitale économique ivoirienne.
Financé par les Chinois et l’Etat ivoirien
D’un coût global au départ de 331 milliards de FCFA, le projet du barrage de Soubré a été financé par Eximbank de Chine à hauteur de 239 milliards de francs CFA, soit 85% du budget.Le taux d’intérêt du prêt est de 2% et la durée de remboursement, 20 ans avec un différé de 9 ans. Les 15% restants du budget, soit 92 milliards de francs CFA, ont été assurés par l’Etat ivoirien.
Sur les 331 milliards, 281 milliards de FCFA ont servi à la construction du barrage et des cités et 50 milliards, pour les mesures environnementales et sociales, ainsi que pour la maîtrise d’œuvre.
Pour la Côte d’Ivoire, qui connaît ces dernières années une précarité au niveau de l’équilibre entre l’offre et la demande énergétique, la prochaine mise en service du complexe hydroélectrique constitue une bonne nouvelle. Cela devrait contribuer à la réalisation des ambitions énergétiques du pays, tant au plan national que régional.
Les enjeux pour la côte d’Ivoire
Au plan national, la réalisation du barrage de Soubré d’une puissance de 275 MW et d’un productible annuel d’environ 1 100 GWh, devrait permettre à la Côte d’Ivoire de tendre vers son ambitieux objectif de doubler sa puissance installée d’ici à 2020 pour la porter à 3 500 MW. A court terme, Soubré permet à la Côte d’Ivoire de valoriser davantage son potentiel hydroélectrique, estimé à 2000 MW dont seulement 25% étaient exploités et donc d’accroître la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Avant Soubré, Abidjan ne comptait que les barrages de Taabo (210 MW) et de Buyo (165MW).
En matière d’accès à l’électricité, Soubré devrait contribuer à la mise en œuvre de l’engagement des autorités ivoiriennes d’électrifier d’ici à 2020 tous les villages de plus de 500 habitants.
Par ailleurs, le complexe hydroélectrique de Soubré permettra à la Côte d’Ivoire de respecter ses engagements de fourniture d’électricité vis-à-vis des pays de la région ouest-africaine. C’est important pour Yamoussoukro qui aspire à devenir le premier marché énergétique de l’Afrique au Sud du Sahara d’ici à l’horizon 2030. Ambition affirmée par le nouveau ministre du pétrole, de l’énergie, et des énergies renouvelables Thierry Tanoh, lors des travaux du premier sommet sous régional sur l’énergie tenu les 26 et 27 janvier 2017 à Abidjan, capitale économique ivoirienne. Pour ce faire, la Côte d’Ivoire n’a cessé de prendre en compte dans ses prévisions de production énergétique les besoins des pays de la région.
Les enjeux pour les pays de la région
Pour les pays de l’Afrique de l’Ouest, l’annonce de la mise en service du complexe hydroélectrique de Soubré est un espoir d’une meilleure fourniture de l’électricité en provenance d’Abidjan.
Faut-il le rappeler, plusieurs pays ouest-africains dont le Burkina Faso importent de l’électricité de la Côte d’Ivoire.
Ainsi, le Burkina Faso au terme du contrat d’importation qui lie la Société nationale d’électricité (SONABEL) à la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) était en droit d’attendre 80 MW du réseau ivoirien. Mais, les termes de ce contrat étaient souvent difficilement à appliquer lorsque la partie ivoirienne avait des contraintes liées à la production. Ces contraintes pourraient donc être levées avec la mise en service du barrage de Soubré. En cela le complexe hydroélectrique pourrait être une solution au problème de délestages dans nos pays.
Grégoire B. Bazié
Burkina Demain