Le procès des présumés coupables de l’attaque de Yimdi, a débuté ce 28 mars 2017 au Tribunal militaire de Ouagadougou. Dans le box des accusés, 22 éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), accusés de désertion en temps de paix, tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat, détention illégale d’arme à feu ou de munitions, coups et blessures volontaires, association de malfaiteurs, complot militaire.
Ce sont entre autres, le sergent-chef Ali Sanou, présenté comme le cerveau du groupe, les sergents-chefs, Poda Ollo Stanislas, Salif Coulidiati, Abdoul Nafion Nébié, les caporaux Desmond Toé, Issaka Ouédraogo, Amidou Drabo et les soldats de 1re classe, Kam Bienvenu, Amadou Zongo, Aboubakari Ould Ahmed, Boureima Zouré, Abdou Ouattara, Issouf Traoré, Seydou Soulama et le sergent-chef Roger Koussoubé, transféré l’an dernier par les autorités ivoiriennes.
Dès l’entame de l’audience, Maîtres Michel Traoré et Dieudonné Ouily, respectivement avocats-conseils de Roger Koussoubé et de Seydou Soulama ont fait des recours en annulation, sous prétexte que les noms de leurs clients ne figuraient pas sur l’ordre de poursuite émis par le ministre de la Défense comme l’exigent les dispositions du code militaire.
Après ces palabres liées aux questions de vices de forme, la Chambre a procédé à la lecture de l’arrêt de renvoi consistant à la présentation individuelle des présumés coupables et les faits qui leur sont reprochés. A suivi l’étape des interrogatoires, des plaidoiries et des réquisitoires.
Le caporal Abdoul Nafion Nébié, né le 28 mai 1988 à Léo dans la province de la Sissili, célibataire et père d’un enfant, a été le premier à être appelé à la barre. Reconnaissant les faits de désertion en temps de paix, il a plaidé coupable. Il a expliqué avoir quitté le camp Naba Koom, sous la menace des obus ; il a décidé de se retirer dans son village à Léo, avant de poursuivre son chemin vers la Côte d’Ivoire, sur proposition du sergent-chef Ali Sanou, en passant par le Ghana voisin.
Cela dit, le caporal Nebié a plaidé non-coupable par rapport à la détention illégale d’armes et de munitions, en niant en bloc les informations contenues dans les dépositions faites auprès de l’officier de police judiciaire ou pendant les enquêtes préliminaires à la gendarmerie. Pour sa défense, il affirme avoir fait des déclarations, sous la pression des gendarmes qui lui ont fait subir toutes sortes de menaces et parfois des tortures.
Maître Olivier Yelkouni, avocat commis d’office à la défense du caporal Abdoul Nafion Nébié, a avancé que son client a quitté le territoire par instinct de survie. Selon lui, les dépositions ne valent qu’à titre de renseignements et le parquet militaire ne saurait se contenter de les brandir comme preuves pour amener quelqu’un à reconnaître des faits dont il est accusé .
«Il appartient donc à la partie qui accuse, de prouver la culpabilité de mon protégé en apportant bien sûr les preuves et les pièces à conviction », a dit Me Yelkouni.
Dans son réquisitoire, le parquet militaire a demandé au tribunal de ne pas tenir compte des «arguments de diversion et le mensonge» développés par le caporal Nébié.
A noter que l’attaque de la poudrière de Yimdi est intervenue dans la nuit du 21 au 22 janvier 2016.
Joachim Batao
Burkina Demain