Le présumé cerveau de l’attaque de la poudrière de Yimdi, le sergent-chef Ali Sanou, a comparu, le 1 er avril 2017 à Ouagadougou, dans le cadre du procès. Accusé de désertion à l’étranger en temps de paix, de complot militaire, de détention illégale d’armes à feu et de munitions, d’association de malfaiteurs, d’atteinte à la sûreté de l’Etat, il assume et dédouane ses présumés complices.
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Né le 18 juillet 1976 , le sergent-chef Sanou a été enrôlé dans l’armée en 1997. A la question de savoir: «Reconnaissez-vous les faits de complot militaire qui vous sont reprochés ?» , il a répondu: « affirmatif, monsieur le président ». Et d’expliquer que l’idée de l’attaque lui est venue en tête après avoir obtenu des informations faisant état de ce que l’ancien Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, fomentait un projet pour attenter à la vie des généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, détenus à la MACA.
«Il me fallait tout faire pour empêcher ce dessein suicidaire de s’accomplir», a déclaré le sergent-chef Sanou. Il a précisé qu’il n’a pas tenu de réunion en Côte d’Ivoire, jusqu’à son retour au Burkina Faso. A l’en croire, il était seul à porter le projet et à réfléchir à la stratégie. Sa foi, dans le domaine militaire, quand un chef à une mission à accomplir avec ses subalternes, il ne leur dévoile la mission qu’une fois sur les lieux de l’opération.
Autre question du juge, comment avez-vous procédé pour amener les autres camarades ex-RSP à revenir de la Côte d’Ivoire avec vous et à la même date ? Le sergent Ali Sanou déclare: «Un sergent-chef doit disposer de moyens pour convaincre sa troupe. J’ai donc utilisé la psychologie du renseignement pour détecter le point faible de chacun d’eux ensuite, je m’en suis servis pour les convaincre». Il a relevé que certains avaient laissé une femme et des enfants, d’autres, une femme enceinte ou encore des familles dans des difficultés.
De ses explications, ils ont quitté la Côte d’Ivoire, le 18 janvier 2016 pour le Burkina Faso. Puis, il les a contactés au matin du jour de l’attaque, en les invitant un à un autour d’une bière. Là, il a promis à chacun de le rappeler la nuit sans en préciser la raison.
« C’est ainsi que je leur ai demandé la nuit de me rejoindre à Boulmiougou. Nous avons ensuite progressé, transportant certains dans mon véhicule, jusqu’au pont où j’ai constitué deux équipes avec une mission claire : «neutraliser les sentinelles sans coup de feu et sans attenter à leur vie», a-t-il affirmé, en avançant qu’ils ont fini par ligoter les gardes pour . investir le magasin. C’est alors qu’un coup de feu est parti d’un garde qui a observé une présence étrangère; les autres, y compris ceux qui se reposaient dans les bâtiments ont tous fui, abandonnant la soute de Yimdi.
Selon le sergent-chef Sanou, ses amis et lui n’ont pas trouvé les armes qu’ils recherchaient, à savoir les roquettes et les RPG7 et ils ont replié emportant les kalachnikovs des fuyards.
Quant à la désertion, Ali Sanou a parlé de contrainte des suites de menaces de mort dont il faisait l’objet de la part de soldats proches de l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac Zida, depuis juillet 2015. Ils n’avaient d’autre choix que de fuir, avec la dissolution de son corps du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).
Autre soldat entendu, le sergent Ollo Stanislas Poda, chef de l’une des équipes formées par Ali Sanou. De sa bouche, on a appris: » Yacouba Isaac Zida m’a invité chez lui et m’a proposé 60 millions , une villa et une formation en Israël pour que j’aille convaincre des camarades à adhérer à un projet d’élimination du général Gilbert Diendéré et le Colonel-major Boureima Kéré »
Il a poursuivi que son refus conduira ce dernier à mettre ses mercenaires à ses trousses. De plus, il a révélé que Isaac Zida a « donné 25 millions de F CFA à Delwendé pour empoisonner la cuisine ». Il prend à témoin le collège des sages, Michel Kafando, l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo, les généraux Zagré et Diendéré. « On n’est pas contre la transition, c’est Zida qui nous mettait en conflit avec la population », a -t-il déclaré.
Revenant à l’attaque, le sergent Poda a laissé entendre que son rôle était de neutraliser les sentinelles, sans coup de feu. « La mission proprement dite, c’est moi et Gounabou Albert (en fuite) qui l’avons faite. Je n’avais pas d’arme. Ce que j’ai appris, ça dépasse arme et il y a des missions que je peux faire sans arme … la sentinelle était sur le lit, il avait ses écouteurs et il manipulait son téléphone, son arme était déposée à côté ». Et 5 à 6 armes auraient été emportées lors de l’attaque.
Joachim Batao
Burkina Demain