Scolasticat Saint Camille conduit les travaux de finition des boutiques ceinturant son enceinte. Près de huit mois après l’engagement de certains responsables de ladite mission catholique de revoir les coûts de location des magasins à la baisse pour permettre aux petits commerçants installés aux abords de la chapelle catholique d’en profiter, une équipe de la rédaction s’est rendue sur le terrain, au cours de la deuxième quinzaine du mois de mars 2017.
Les commerçants installés aux abords de la chapelle Scolasticat Saint Camille sont unanimes. Il n’y a plus rien à attendre des autorités de la chapelle. « Il n’y a plus d’appel à lancer. Actuellement, les gens ont déjà loué toutes les boutiques. Certains sont en possession de leurs clés. Quand les grands commerçants voient les boutiques de ce genre, ils se ruent sur elles. Il y en a même qui viennent pour se plaindre, qu’ils en n’ont pas eu », avance Souleymane Ouédraogo, vendeur de chaussures, qui note qu’il y a des personnes qui sont près à débourser 4 000 000 de FCFA pour occuper une boutique. « Il y a des gens qui sont installés ici qui n’ont même pas 100 000 F CFA pour vendre. Où vont-ils avoir 2 640 000 FCFA pour louer une boutique ? Ce sont des boutiques pour riches, pas pour les pauvres », renchérit Moussa Yaogo, vendeur de sacs chinois.
Les commerçants assis devant leurs étales de chaussures, de maillots, d’habits, de bouteilles de gaz, de pièces détachées, de bananes, de tubercules, de fruits et légumes mettent en cause les coûts élevés des magasins. Le loyer coûte encore 55 000 F CFA par mois et il faut payer une caution de 2 640 000 F CFA. Ces coûts rappellent ceux que des responsables de la mission avaient décidé de revoir à la baisse pour permettre à certains commerçants installés devant la chapelle, depuis 15 ou 20 ans, de se caser.
Une caution de 2 640 000 F CFA pour une boutique
« Les 55 000 F CFA sont acceptables, on aurait pu se mettre à deux pour louer une boutique, mais le problème, c’est qu’on demande de payer quatre ans de caution, 2 640 000 F CFA », note M. Ouédraogo qui signale que la mission leur a donné la fin du mois de mars pour vider les lieux.
L’économe de Scolasticat Saint Camille, le frère Paul Kaboré, confirme ledit délai, mais il souligne qu’il s’agit plutôt d’un système de contrat à bail et non de caution. Et de dire : «Tout varie en fonction des personnes », car, explique-t-il, « des demandeurs en ont payé moins que d’autres ». « Les coûts étaient exorbitants et on a négocié. Après plusieurs rencontres, on a convenu du montant de 55 000 F CFA le mois », avance t-il, en précisant que ces prix concernent uniquement les boutiques au rez-de-chaussée. Quant aux autres, situées au R+1, il relève que rien n’a été établi de façon définitive. De ses explications, l’église poursuit les négociations avec les commerçants qui proposent, entre autres, 10 000 F CFA, 15 000 FCFA et 20 000 F CFA. Pas vrai, rétorquent les commerçants qui indiquent n’avoir plus eu de discussions avec les responsables de la chapelle, depuis le mois d’août. « Franchement, on n’a pas eu de leurs nouvelles récemment. On a lutté, ça n’a pas marché », argue Souleymane Ouédraogo qui souhaite bonne chance aux heureux locataires. « Dans la vie, si tu n’a pas les moyens, tu ne peux pas compter sur quelqu’un », regrette-t-il. Toutefois, il reconnait que quelques-uns d’entre eux, pas nombreux, ont pu louer des magasins. « Nous autres qui avons construit des boutiques devant la devanture de la chapelle, sommes obligés de déguerpir », lance un commerçant désabusé, ayant requis l’anonymat, qui confie être installé depuis plus d’une décennie. Tout comme lui, tous ceux qui ont des installations à hauteur doivent fermer boutique pour ne pas faire de l’ombre aux nouveaux locataires.
Du déguerpissement des petits commerçants
« Nous sommes encore là, mais nous ne savons pas ce que nous allons devenir », marmonne Moussa Yaogo qui souligne que des commerçants dont les installations ne culminent pas des mètres sont autorisés à rester sur place.
Expliquant que l’œuvre de miséricorde est guidée par le charisme, le frère Paul Kaboré affirme que l’esprit de construction des boutiques est de régulariser la situation des commerçants installés anarchiquement. D’ailleurs, révèle-t-il, la question des réductions des coûts du loyer a toujours été au cœur des négociations et la mission catholique a rencontré les commerçants à maintes reprises pour recueillir leurs avis et suggestions.
Anderson Koné
Burkina Demain