Pour accéder à une de ces boutiques , il faut débourser 2 640 000 F CFA.

La pratique se répand comme un effet de mode. Après les mosquées, les temples protestants, c’est au tour de la prestigieuse institution catholique de ceindre son pourtour de bazars. Les côtés Nord et Est de Scolasticat Saint Camille sont dominées d’infrastructures R+ 1 à but commercial. Il en est de même à la Cathédrale Notre Dame, avec des bâtiments R+ 1 et R+3 du côté Nord. La fin des haricots, les boutiques sont mises en location aux fidèles catholiques et autres commerçants, qui se plaignent des coûts onéreux des loyers, échelonnés entre 40 000 F CFA, 55 000 F CFA, 350 000 F CFA et 600 000 F CFA. < Pour accéder à une de ces boutiques , il faut débourser 2 640 000 F CFA.[/caption]

Mettre les boutiques en location n’est pas forcément une mauvaise idée, mais c’est le coût qui pose problème, surtout quand l’on sait que, à priori, l’Eglise n’a pas pour vocation de chercher de l’argent, mais de rechercher des âmes perdues… En plus, dans ce cas, l’Eglise paie-t-elle des impôts ? L’incompréhension semble surtout plus grande quand l’on sait que le plus souvent, ce sont des terrains que l’Etat a gracieusement offert à l’Eglise, pour une œuvre religieuse…

Si certains curés en charge des projets, se débinent, refusant de répondre aux préoccupations, il s’est trouvé un qui a accepté de décliner les objectifs qui ont présidé à la création de ces magasins. L’Abbé, dont nous taisons volontiers le nom, a expliqué que les magasins, destinés aux riches, devraient permettre de gagner de l’argent pour venir en aide aux pauvres. Et d’ajouter l’animation de la vie de la paroisse, le financement de la construction de paroisses et de chapelles. Car, de son avis, les dimes et les offrandes ne suffisant pas; il aurait fallu attendre 10 à 20 ans, voire plus, pour réaliser certains projets.
Pourquoi nos hommes de Dieu manquent-ils de patience? Eux, mieux que quiconque, pourraient nous situer, encore qu’il nous est impossible d’accéder à cette zone exsangue de secret qu’est le prélat.

N’empêche, nous constatons, avec amertume, que l’église est en train de concasser, avec une insouciance saumâtre, le trésor d’humanité à elle reconnue; à travers la violation des 4 principes qui fondent sa doctrine sociale.

La première, le respect de la dignité humaine
L’église, oubliant que chaque personne, créée à l’image de Dieu, possède une dignité inaliénable, n’a pas traité les petits commerçants comme une fin, mais plutôt comme un moyen. Elle a demandé purement et simplement à chacun d’eux, incapables de payer le loyer fixé, de vider les lieux, d’ici à la fin du mois de décembre.

Le deuxième, le bien commun
L’église a oublié que l’homme, créé à l’image de Dieu qui est communion trinitaire, atteint sa perfection non pas en s’isolant des autres, mais en communauté; sinon elle n’aurait pas sommé les pauvres commerçants d’aller voir ailleurs. Ainsi fait-elle montre d’égoïsme aiguillonnée par la recherche effrénée du gain aux dépens du bien du prochain, surmontable par la recherche du bien commun.

Le troisième, la subsidiarité
L’église a encore oublié que les décisions devaient être prises au niveau le plus bas possible de la société, autrement dit, en concertation avec les principaux bénéficiaires. Se rebiffant sur elle-même, elle a imposé des prix à des commerçants qui plus sont des fidèles catholiques, baptisés et confirmés par les soins de prêtres qui se réfugient derrière des arguties de paille.

Le quatrième et dernier, la solidarité
L’église a oublié, hélas, que la solidarité n’est pas seulement un sentiment vague d’attendrissement, mais une vertu authentique qui pousse à devenir responsables les uns des autres. Sinon, elle se serait prise de sympathie et d’amour pour les pauvres, en leur apprenant à pêcher, non pas à vouloir les maintenir dans l’assistanat perpétuel, sous la sulfureuse idée de vouloir prendre aux riches pour leur venir en aide.

Le comble du comble, les curés et la cohorte de serviteurs intéressés phagocytent, à petit feu, l’âme et l’esprit de l’Eglise. On se rappelle bien l’appel prophétique du père de la Chrétienneté, en colère contre les chefs des prêtres, les scribes et les notables, en plein gauchissement de l’évangile, qui reste un acte fondateur éternel. « Et Jésus entra dans le temple de Dieu, et il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; et il renversa les tables des changeurs, et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons. Il leur dit: il est écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière; mais vous en avez fait une caverne de brigands. » Matthieu 21, 12-13.

Est-ce à dire que nos hommes de Dieu, avec l’église catholique en tête, se préparent comme 2 000 ans plus tôt, à tuer Jésus Christ, avant son retour annoncé par l’évangile?
Une fois revenu, acceptera-t-il d’enjamber les barricades de bazars pour accéder à l’intérieur des églises, qui se douterait-il bien si elles ne cachent pas de tempêtes?

Il n’est pas superfétatoire de rappeler que les églises étaient belles, crédibles et attractives à l’ère où elles évoluaient dans les domaines de l’Education, la Santé et autres actions de philanthropie. Osons croire qu’elles se ressaisiront, car comme nous l’apprend 2 Jean 1: 9 : »
Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils ».

Anderson Koné
Burkina Demain

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