La cour d’assises de Yopoungon a rendu son verdict dans le procès des «Disparus du Novotel», ce jeudi 13 avril 2017 à Abidjan. Sur les dix hommes poursuivis pour enlèvement et meurtre, six ont été condamnés pour des peines de six à vingt ans et quatre acquittés.
Après six heures de délibération, la cour a requalifié l’assassinat en meurtre. Et le commissaire Osée Loguey qui a achevé le français Yves Lambelin dans les jardins de la présidence ivoirienne d’un coup de mitraillette a écopé de 20 ans de prison. 18 ans pour le général Brunot Dogbo Blé, chef de la garde républicaine, qui avait en charge la surveillance de ce palais, et les colonels Jean Aby et Leopold Okou Mody, ses subordonnés au moment des faits, le 4 avril 2011.
Deux autres membres du commando, Henri Guehi Bleka, dit « le Rougeaud », et Yoro Tapeko ont respectivement écopé de peines de dix ans et six ans de prison. Quatre autres accusés ont été acquittés.
« Je suis fortement déçu parce que c’est une décision forcée, qui n’a rien à voir avec le droit, a réagi Me Mathurin Dirabou, l’avocat de Brunot Dogbo Blé. Requalifié cela pour pouvoir condamner ces accusés, je dis qu’on n’a pas fait du droit et c’est véritablement dommage. Que ce soit un an ou un jour de condamnation, c’est la même chose qu’une condamnation à vie. Pourquoi faire ce cinéma : dire qu’on les a condamnés à 18 ans ? Nous n’avons pas besoin de faveur, nous voulons que le droit soit dit, nous voulons que ces condamnations soient justifiées. S’il n’y a pas eu de préméditation, qu’est-ce qui fait dire que c’est Dogbo Blé qui a tué ? Quelle est la preuve qu’on a apportée pour dire qu’il a tué ? L’infraction se manifeste par un acte matériel. Si Dogbo Blé n’a pas tué, on le condamne à 18 ans pour quoi ? »
« Ils sont condamnés, maintenant refermons ce dossier, pensons à une réconciliation nationale. Et concernant les victimes, qui n’étaient pas là pour chercher des peines ou pour crier vengeance ou pour exprimer une haine quelconque, mais aussi dignes que la défense était indigne. Aujourd’hui, ce verdict est fait pour apaiser les choses. On ne saura jamais pourquoi ils sont allés les chercher au Novotel, pourquoi ils ont été torturés, pourquoi ils ont été tués, où ils ont été jetés. Mais ce qu’on sait, c’est ce qui s’est passé, et la justice a cette vertu de pouvoir apaiser les douleurs et de permettre à chacun de regarder maintenant devant. », a souligné Me Pierre-Olivier Sur.
La défense a indiqué jeudi soir qu’elle comptait se pourvoir en cassation.
A noter que quatre personnes, dont deux Français, ont été enlevées et tuées à Abidjan le 4 avril 2011, en pleine crise post-électorale en Côte d’Ivoire.
Anderson Koné
Burkina Demain