«Beaucoup de choses se racontent depuis le mois de juillet sur la compagnie. Avec le changement, la compagnie se place dans une perspective de développement et il faut que le client y croie et continue à faire confiance à notre compagnie !», indiquait Abderahmane Berthe, directeur général d’Air Burkina, dans un entretien en 2014 sur les perspectives de la compagnie avec comme attraction centrale, l’acquisition de nouveaux types d’aéronefs. Ces propos du DG Berthe allaient être confirmés plus tard par des actes, avec l’acquisition en grande pompe en 2015 desdits aéronefs. Mais, aujourd’hui, avec ce qui se dit encore, l’on est tenté de se poser des questions sur l’avenir de notre fleuron.
Abordant la situation de la compagnie lors de son discours sur la situation de la Nation, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba n’a pas vraiment rassuré sur l’avenir de notre compagnie aérienne. Il a utilisé le terme «scandaleux » pour qualifier ce qui se passe dans la gestion actuelle de la compagnie, parlant de location d’aéronefs qui coûterait très chère, donc serait intenable pour sa viabilité. Au finish, l’on s’inquiète pour le sort d’Air Burkina qui faisait encore il y a peu de temps la fierté nationale. Et l’autre question que l’on se pose, est la suivante : les difficultés d’Air Burkina sont-ils liés à la situation économique nationale globale marquée par une certaine morosité ou une mauvaise gestion de la compagnie par ses responsables ? Rien n’est moins sûr. Il y a quelques mois, plus précisément le 22 octobre 2016, c’est le président du conseil d’administration d’Air Burkina Mamady Sanoh qui se faisait élire à Tunis président de l’Association des transporteurs aériens francophones (ATAF). Si elles sont confirmées, ces allégations de mauvaise option ou gestion ne sont pas du tout en son honneur. En effet, comment faire bonne figure devant ses pairs si sa propre compagnie est en difficultés. Ce serait catastrophique si notre Air Burkina qui souffle cette année ses 50 bougies, devait disparaître du ciel africain. Les différents acteurs sont donc appelés à leurs responsabilités.
Rappel historique
Créée en 1967 à l’aube des indépendances, « Air Volta » de son nom originel fait partie des compagnies aériennes qui partageaient leur trafic international avec la défunte Air Afrique. Vers la fin des années 90 Air Burkina est partiellement privatisée. Le 21 février 2001 l’État du Burkina Faso cède 86 % des actions de la Compagnie AIR BURKINA au Consortium AKEFD/IPS (WA) du réseau Agan Khan de développement. Cette opération de privatisation a fait l’objet de trois conventions: la première engage le repreneur à assurer la pérennité de l’exploitation du transport aérien au Burkina Faso, la deuxième est une convention de Concession de trafic qui fixe les conditions et modalités de l’exploitation et du développement des services aériens de transports. La troisième consacre le transfert effectif du contrôle de la société AIR BURKINA au Consortium AKFED/IPS (WA). Depuis le 1er juin 2007, la compagnie propose aux touristes et aux hommes d’affaires un système de billets électroniques pratique et économique.
Mathias Lompo
Burkina Demain