‘’Seules les montagnes ne se rencontrent pas’’, dit-on. Et le président Donald Trump a fini par être reçu ce mercredi au Vatican par le pape François. Avant cette rencontre, les deux hommes d’Etat –(Trump pour les Etats Unis et François pour le Vatican) semblaient diverger dans leur vision du monde. Saisissant l’occasion, le souverain pontife a demandé à son illustre hôte d’être «un instrument de paix » dans le monde.
«Nous avons eu un entretien fantastique. Le pape est une grande personnalité », confidences de Donald Trump, quelques heures après sa rencontre ce mercredi au Vatican avec le pape François. Au chef de l’église catholique le président américain confiera même «Je n’oublierai pas ce que vous avez dit». Quelques minutes plus tôt le pape François avait remis à Trump son message pour la journée mondiale de la paix en lui signifiant ceci : «Je vous le donne pour que vous soyez un instrument de paix».
Il y a un an, ces amabilités entre les deux hommes étaient quasiment inimaginables, tant ils ne semblaient pas partager la même vision du monde. Par exemple en février 2016, le pape François avait vertement critiqué le projet de construction d’un mur entre les Etats-Unis et le Mexique défendu par Trump, alors candidat républicain. «Une personne qui veut construire des murs plutôt que des ponts entre les gens n’est pas authentiquement chrétienne », avait alors déploré le souverain pontife.
Rapprochement mais pas encore la vision commune
Beaucoup d’eau a certainement coulé sous le pont entre le pape François et le président François. Mais, il est encore très tôt pour parler de même vision du monde. L’on peut juste parler de début de rapprochement.
Bien sûr, Trump ne s’est rendu au Vatican comme s’il partait au marché. Il a préparé le terrain en essayant d’apaiser ses relations avec le monde arabo-musulman, première cible de son décret anti-immigration. En témoigne son discours de Riyad dans lequel il n’assimile plus islam et terrorisme. Il reste quand même des éléments troublants dans sa démarche quand il appelle vertement à l’isolement de l’Iran ou quand il se permet à la veille d’une rencontre avec le pape de signer des contrats de vente d’armes à hauteur de 110 milliards avec l’Arabie Saoudite. Alors que qui parle de vente d’armes, parle de guerre. « Un marchand d’armes au Vatican », aurions-nous pu titrer.
On voit bien que cela ne rentre pas dans la vision du pape François qui a toujours prôné la paix. Et s’il n’était pas un bon catholique, de surcroît un pape, l’appel à l’exclusion de l’Iran et la signature des contrats d’armes auraient été amplement suffisant pour annuler cette rencontre avec Trump. Mais, en bon catholique, agissant en droite ligne de l’année de la miséricorde, le pape a bien voulu recevoir le président en lui indiquant clairement ce qu’il souhaitait de lui, à savoir qu’il soit un artisan de la paix et non un acteur de la guerre et de l’exclusion.
A ce stade, l’on ne saura encore dire que le message du pape est passé ou non. Surtout avec une personnalité imprévisible comme Donald Trump. Il a bien dit au pape François : «Je n’oublierai pas ce que vous avez dit». Wait and see, comme disent les Anglais.
Philippe Martin
Burkina Demain