En vue de favoriser la collaboration entre eux pour une meilleure production de l’information autour de l’activité minière, les journalistes et les responsables de communication des compagnies minières se sont rencontrés ce 6 juin 2017 à Ouagadougou, à l’initiative de l’Action des Journalistes pour les mines (AJM).
Entre un journaliste et un chargé de communication d’une compagnie minière, ce n’est souvent pas la bonne entente. D’un côté il y a le journaliste, confronté aux impératifs de l’info (rapidité) et qui est parfois pressé d’avoir une confirmation et de l’autre, le chargé de communication qui parfois n’a même pas l’information ou n’a pas le droit de confirmer ou infirmer sans l’autorisation de sa hiérarchie qui souvent doit elle-même se référer au siège de la compagnie en occident. Il en résulte pour l’un et l’autre des situations difficiles à gérer.
Le journaliste propagateur de fausses informations ?
Si le journaliste décide de publier l’information en l’état, il court le risque de diffuser une fausse information qui peut porter préjudice à l’image de la mine, dans un contexte où les mines n’ont déjà pas bonne presse. S’il ne le fait, sa source peut le considéré comme roulant pour la mine, alors que cette source peut aussi manipuler le journaliste en question. Pour le chargé de communication, il est systématiquement considéré par le journaliste comme un blocage à la production de l’information. Conséquence, les rapports difficiles et empreints de méfiance.
Les journalistes obligés de travailler avec les sources disponibles et parfois pas crédibles (membres des populations riveraines souvent opposées aux compagnies minières ou acteurs de la société civile) sont parfois considérés par les miniers comme des propagateurs de fausses informations. Les mines sont considérées par les journalistes et les observateurs comme des espaces fermés. «C’est même un fait», concèdent des responsables miniers tout en assurant que cela est lié même à la nature de l’activité minière et non à une quelconque volonté de ramer à contrecourant des impératifs de transparence qui à les écouter caractérise même l’exploitation minière industrielle. «Nous ne sommes pas contre la course aux scoops des journalistes. Mais, ce que nous souhaitons, c’est que ce soit des scoops basées sur des informations vraies», a laissé entendre pour sa part, AdamaSoro, responsable de la commission communication et RSE (Responsabilité sociale de l’entreprise) à la chambre des mines.
«Les mines gagneraient à s’ouvrir aux journalistes »
L’un dans l’autre, la présente rencontré initiée par l’Action des journalistes pour les mines (AJM) avec le soutien de la Chambre des mines (CMB) était indispensable pour les différentes catégories d’acteurs. Elle a permis de se comprendre jusqu’à un certain niveau et d’explorer des pistes de collaboration en vue de favoriser la production d’information saine pour une exploitation minière apaisée dans le pays.
Pour les miniers, les journalistes gagneraient à parler aussi souvent de ce qui se passe de bien dans le secteur extractif burkinabè. Au lieu de ne parler d’eux quand il y a les crises. L’or est devenu, rappelle le vice-président de la Chambre des mines Adama Barry, le premier produit d’exportation du Burkina et le secteur minier a créé 7 000 emplois directs et contribué pour près de 190 milliards de francs CFA au budget de l’Etat en 2016. Le secteur minier contribue pour 8,3% au PIB du Burkina.
Du côté des journalistes, l’on assure aussi que les mines gagneraient à s’ouvrir aux journalistes. Prenant en compte cette préoccupation, les miniers ont exprimé leur disponibilité pour l’organisation de visites sur les sites miniers qui permettront aux journalistes de mieux comprendre les contraintes de l’activité minières et de dissiper à leur niveau certains préjugés.
Il a été également question de désignation de porte-paroles au sein des compagnies minières habilité à répondre aux préoccupations. Dans sa communication, le président de l’AJM Elie Kaboré a évoqué les différents canaux existants que les journalistes peuvent emprunter dans leur recherche de l’information sur l’activité minière dans le pays. Il a cité par exemple les rapports ITIE, les rapports des conseils d’administration des compagnies.
Dans son mot de clôture, le directeur exécutif de la Chambre des mines, Toussaint Bamouni s’est félicité des résultats de la présente rencontre qui aura permis aux journalistes et aux chargés de communication d’accorder leurs violons sur de probables pistes de collaboration pour une information saine autour de l’activité minière.
Martin Philippe
Burkina Demain