Au cours de sa conférence de presse tenue le 8 juillet dernier à Hambourg en Allemagne, en marge du sommet G20 ; le président français Emmanuel Macron, a eu la mauvaise ou bonne idée, c’est selon, de lâcher cette phrase, en réponse à la question d’un confrère ivoirien qui lui demandait ce que les pays du G20 étaient prêts à débourser dans le cadre d’un plan Marshall : le « défi de l’Afrique est différent, il est beaucoup plus profond, il est civilisationnel». Des propos qui ont choqué et continuent de choquer sur le continent. Macron est traité de raciste. Près d’une semaine après, la polémique est loin de s’estomper.
Le «défi de l’Afrique est différent, il est beaucoup plus profond, il est civilisationnel». Cette phrase prononcée par Emmanuel Macron, président français, lors du récent sommet du G20 en Allemagne ; restera pendant longtemps gravée dans la mémoire des Africains. Elle survivra à sa présidence. Comme celle qu’avait prononcé le président Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007, parlant d’une Afrique qui n’était pas entrée dans l’histoire. Macron et Sarkozy semblent avoir la même vision de l’Afrique. En voulant marquer la rupture avec son prédécesseur, le président François Hollande lui avait dit le contraire, à savoir que l’Afrique était bien entrée dans l’histoire. Comme l’avait bien prouvé de son vivant le Sénégalais Cheick Anta Diop.
Mais, cette dernière sortie du président Macron montre bien également que cette question de la présence africaine dans l’histoire est loin d’être une certitude chez tous. Même chez les Africains. «A quand l’Afrique ? », se demandait l’autre grand historien Joseph Ki-Zerbo dans un de ses ouvrages.
Tant que l’Afrique sera perçue sous le prisme occidental
Ce débat de l’entrée ou non de l’Afrique dans l’histoire ne finira pas de sitôt, tant que l’Afrique sera perçue sous le prisme occidental. Les Africains, comme l’avait bien défendu de son vivant Cheick AntaDiop, doivent prendre conscience de leur contribution à l’histoire de l’humanité et tracer à partir de là leur modèle de développement en tenant compte des réalités contemporaines. Ce n’est pas aux autres de le leur dire. Tant que les Africains courront après les modèles occidentaux et que ce sont les occidentaux qui doivent toujours juger de leur niveau de civilisation, ces Africains ne seront jamais à la hauteur de la civilisation occidentale. C’est une logique simple.
Christian Tas
Burkina Demain