A l’occasion de l’atelier de sensibilisation et d’information des médias et OSC sur la Directive CEDEAO relative aux grands ouvrages hydrauliques tenu à Ouagadougou, le 12 septembre 2017, une attention particulière a été portée sur le cas du barrage de Bagré situé au centre-est du Burkina Faso. Il s’est agi d’évaluer les incidences sociales, économiques et environnementales de la réalisation de ce barrage et les conséquences de l’adoption de la Directive CEDEAO ainsi que les défis à relever.

L’évolution des études d’impacts environnementales dans la réalisation du barrage ainsi que les défis liés à la mise en œuvre de la Directive ont été au cœur de la communication du directeur de la valorisation de Bagrépôle, Etienne Kaboré. A l’en croire, le cas de Bagrépôle est un exemple qui correspond parfaitement aux dispositions de la Directive CEDEAO.

En effet, depuis le lancement du projet Bagrépôle, les études d’impacts environnementales et sociales dans la réalisation du barrage ont montré que plusieurs habitants sont négativement affectés donc, doivent faire l’objet de réhabilitation. Pour cela, dans le souci de mener à bien le projet et d’éviter des tensions locales, plusieurs étapes ont été observées par les responsables du projet. Ainsi, « conformément à la politique 4.12 de la Banque mondiale et au cadre de politique de recasement des populations (CPRP) pour les projets de Bagrépôle, les personnes éligibles à la réinstallation sont celles affectées par le projet: individus, des ménages et des communautés dont les moyens d’existence se trouvent négativement affectés. D’abord, les personnes physiquement déplacées, celles qui perdent leur habitats. Et ensuite, les personnes économiquement déplacées qui sont: celles qui perdent leurs champs ; celles qui perdent leurs vergers  et plantations; et celles qui perdent l’accès aux ressources naturelles (les éleveurs) ».Ces personnes ont fait l’objet d’un recensement dont la liste a été affichée durant un mois pour recueillir les réclamations.

Les réclamations fondées sont corrigées

Etienne Kaboré, directeur de la valorisation de Bagrépôle, extrême droite

Toutes les réclamations suites à l’affichage font l’objet d’une gestion par les comités locaux à travers des sessions convoquées à cet effet. Par la suite, « les réclamations fondées sont corrigées et intégrées dans le document final. Et celles non fondées sont écartées par les comités. Les documents ainsi validés sont finalisés par Bagrépôle pour être soumis aux comités régional et provincial avant le niveau national pour adoption et autorisation pour paiement. Les états de paiement sont contresignés par le président du comité local », a expliqué le communicateur.

Etienne Kaboré a par ailleurs précisé que les indemnisations sont estimées à sept (07) milliards de francs CFA, mais à ce jour, ce sont un peu plus de quatre (04) milliards franc de paiement des indemnisations qui ont été déjà réalisés dans les rives gauche et droite du barrage et environ deux (02) milliards à payer dans les extensions nord et est en rive gauche.

D’autre part, le directeur a révélé que plusieurs autres infrastructures ont été réalisées au bénéfice des populations locales. Ce sont donc« la construction d’une école à six(06) classes à Guirmogo ayant permis d’accueillir  102 élèves pour l’année scolaire 2016/2017 ; la réalisation de 36 forages fonctionnels sur le site de réinstallation des PAP avec la mise en place des comités de gestion ; la construction des infrastructures de transformation de produits agricoles et habitats pour les PAP sur leur site de réinstallation et la réalisation d’infrastructures de stockage des sous-produits agroindustriels (SPAI), bâtiments pour tissage, équipement de moulins à grain ».

Difficultés rencontrées

Comme tout projet de grande envergure, la réalisation du barrage de Bagré n’est pas exempte de défis d’ordre pratique et technique. En effet, M. Kaboré a souligné que plusieurs difficultés ont été rencontrées lors des différents processus. Il s’agit entre autres de la mauvaise transcription de l’identité des PAP ; le nombre important de Personnes affectées ne disposant pas de pièces d’identité ; le recours à de nombreuses procurations pour permettre le paiement des indemnisations ; le non-respect des délais limite de dépôts des réclamations par les personnes affectées. La gestion des réclamations dont les dernières sont essentiellement liées aux arbres.

Il a aussi mentionné que des difficultés techniques survenues dans l’exécution des travaux d’aménagement ont immanquablement entrainé une prolongation de la durée des travaux avec pour conséquence, l’obligation d’un paiement d’une indemnisation pour perte de récolte pour deux années supplémentaires. Le montant de cette indemnisation de 311 168 125 FCFA pour les 1130 ha et 211 641 050 FCFA pour les 1 000 ha par an soit plus de 1 milliard supplémentaire payé aux PAP.

Près de 98 milliards de francs CFA

Pour rappel, le Projet Pôle de Croissance de Bagré (PPCB) a été mis en place, sur la base des potentialités existantes dans la zone, pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement du gouvernement, à travers le PNDES, à savoir :

-Accélération de la croissance ;

-Création d’emplois ;

-Réduction du chômage et de la pauvreté ;

-Soutien aux communautés vivant dans la zone du projet.

Il a pour approche le Partenariat Public-Privé par des financements publics qui servent de levier aux investissements privés  et a pour objectif général de contribuer à l’accroissement de l’activité économique par l’augmentation de l’investissement privé, la création d’emplois et la hausse de la production agricole.

Débutée en 2011, la réalisation du projet est prévue pour prendre fin 2018 avec un coût total de 97,85 milliards de franc CFA.

Mathias Lompo

Burkina Demain

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