Au lendemain de l’annonce par le président Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, Emmanuel Macron avait promis de poursuivre les discussions avec lui dans l’espoir de le ramener à la raison. Aujourd’hui, trois mois après, une bonne nouvelle nous vient de Washington avec la décision de l’administration Trump de poursuivre la mise en œuvre de Power Africa, une initiative heureuse de Barack Obama de grande portée en matière de limitation du réchauffement climatique à travers cet ambitieux programme de promotion des énergies renouvelables en Afrique.
Selon Andrew Herscowitz, l’administration Trump poursuivra la mise en programme Power Africa. Il s’agit d’un ambitieux programme lancé en 2013 par le président Barack Obama avec le noble objectif de doubler l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne, d’ici à 2030.
Il est ainsi question de produire d’ici les 13 prochaines années 30 000 MW d’électricité et de permettre à 60 millions de foyers d’être raccordés à un réseau électrique. Le programme est exécuté sous le modèle Partenariat-public-privé, «PPP», comme on dit chez nous. Ainsi, pour chaque dollar investi par le gouvernement des Etats-unis, les acteurs du privé peuvent apporter 50-100 dollars. Des grands investisseurs africains, à l’image du milliardaire nigérian Tony Elumelu, sont parties prenantes du programme.
Power Africa fait la promotion des énergies renouvelables. L’on estime qu’à ce jour, les trois-quarts des projets de centrales solaires et éoliennes prévues dans le cadre de la mise en œuvre du programme ont déjà démarré.
Déjà en juin 2015, l’administration Obama indiquait avoir finalisé 4 100 mégawatts de projets.
Pour permettre de suivre les programmes de Power Africa, USAID a développé l’application Power Africa Tracking Tool.
Un rattrapage pour Trump sur l’accord de Paris ?
On le sait, la promotion des énergies renouvelables sont essentielles dans la lutte contre la limitation du réchauffement climatique visée par l’Accord de Paris sur le climat que les Etats-unis ont quitté en juin dernier sur une décision du Donald Trump. A travers ce quitus donné pour la poursuite de Power Africa, le locataire de la Maison Blanche voudrait-il se rattraper par rapport au retrait controversé de l’Accord de Paris.
On se rappelle, le président Emmanuel Macron était monté au créneau pour regretter la décision de son homologue américain, promettant de poursuivre les discussions avec lui dans l’espoir de le ramener à la raison. Trump avait ensuite été l’invité spécial de la fête du 14 juillet 2017 à Paris.
Ces démarches du locataire de l’Elysée ont-elles pesé dans cette décision de l’administration Trump de poursuivre la mise en œuvre de Power Africa.
Plus de 620 millions d’Africains encore privés d’électricité
C’est assurément une excellente décision pour l’Afrique qui a crucialement besoin de résorber son handicapant déficit énergétique.
Comme cela a ressorti clairement dans le rapport 2015 d’Africa Progress Panel, Malgré quinze ans de croissance économique continue, les pénuries d’énergie, l’accès limité à l’électricité et la dépendance aux combustibles solides compromettent les efforts de réduction de la pauvreté sur le continent.
Le fossé énergétique ne cesse de se creuser entre l’Afrique et le reste du monde. Ainsi, selon ce rapport, un Tanzanien mettrait environ huit ans à consommer autant d’énergie qu’un Américain en un mois.
Au total, environ plus de 620 millions de personnes en Afrique Sub-saharienne n’ont pas encore accès à l’électricité. Pour toutes ces raisons, on peut dire que l’administration Trump confirme là à travers cette poursuite du Power Africa la bonne lecture de l’administration Obama. On ne le dira pas assez, sans énergie, il n’y a pas de développement viable en Afrique.
«C’est en Afrique que les liens entre l’énergie, le climat et le développement sont les plus évidents. Bien qu’aucune région n’ait aussi peu contribué au changement climatique, c’est l’Afrique qui paiera le plus lourd tribut si l’on ne parvient pas à empêcher une catastrophe climatique mondiale. Par ailleurs, les systèmes énergétiques de la région sont de faible puissance, inefficaces et inéquitables. Les déficits énergétiques ralentissent la croissance économique, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté, et renforcent les inégalités de richesse, les inégalités entre les sexes et le clivage entre zones rurales et urbaines», soutient à juste titre l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, président d’Africa Progress Panel.
Grégoire B. Bazié
Burkina Demain