C’est ce mardi que démarre à New York le ballet des orateurs présidentiels à la tribune des Nations-Unies, à l’occasion de la 72e Assemblée générale de l’organisation mondiale. Alors que des dirigeants occidentaux à l’image d’Emmanuel Macron sont annoncés pour ce 18 septembre à la tribune de l’ONU pour leur baptême de feu et que des présidents de la force G5 devraient également se réunir pour affiner leur stratégie afin de faire avancer le dossier de financement de ladite force ; l’on se demande toujours si les dinosaures africains, à l’instar de Teodoro Obiang Mbasogo (75 ans dont 38 au pouvoir) feront le déplacement, lui dont l’image du pays à l’international a été malmenée ces derniers mois, avec le procès dit ‘’des biens mal acquis’’en France qui a vu le parquet de Paris requérir de lourdes peines (3 ans d’emprisonnement et confiscation des biens estimés à 150 millions d’euros), à l’encontre de son fils préféré et vice-président de la Guinée équatoriale.
En toute chose, comme en diplomatie mondiale, la première fois est toujours intéressante. Et le président français, Emmanuel Macron, qui effectue ce mardi son baptême de feu à la tribune de l’ONU, à l’occasion de l’ouverture de la 72e Assemblée générale (AG) de l’organisation, ne boudera pas son plaisir. Ce sera évidemment l’occasion pour lui de décliner sa vision, sa foi au multilatéralisme, le rôle que son pays, la France, attend jouer sur les grandes questions de l’humanité, notamment la lutte contre le réchauffement climatique que vise l’Accord de Paris.
L’AG de l’ONU étant traditionnellement une occasion pour tous les dirigeants du monde de se prononcer sur les préoccupations du monde, l’on se demande si l’homologue équato-guinéen de Macron, en l’occurrence le président Teodoro Obiang NGuema Mbasogo fera lui-aussi le déplacement de New York. Pour l’heure, son nom n’est pas la liste des chefs d’Etat devant prendre la parole ce mardi au Palais vert de Manhattan.
A 75 ans, ce n’est pas gagné d’avance pour Mbasogo
Comme ce n’est pas la première fois pour lui, ce n’est pas gagné d’avance. A 75 ans et dont 38 ans au pouvoir, Teodoro Obiang pourrait avoir mieux à faire que de faire des milliers de kilomètres pour venir parler devant une tribune où il ne sera pas écouté, encore moins applaudi.
Même les chefs d’Etat africains qui ont moins de dix ans de pouvoir n’éprouvent plus ce plaisir de se déplacer à New York. C’est ce qui s’est passé avec certains présidents de la G5 qui n’étaient pas chaud pour être cette AG de l’ONU. Et il a fallu que le président malien IBK vienne les solliciter personnellement pour qu’ils se décident finalement à y aller.
Mais, avec l’affaire des biens dits mal acquis qui a conduit à un procès contre son fils à Paris, le président équato-guinéen a certainement des choses à dire à la communauté internationale.
Son discours à la tribune de l’ONU, s’il devrait faire effectivement le déplacement de New, serait, on l’imagine, dans le registre de celui du 20 septembre 2011.
Ce jour-là, Teodoro Obiang NGuema avait souhaité que l’ONU «redevienne une organisation au sein de laquelle les points de vue et intérêts de tous les pays du monde soient représentés de façon équitable et juste. L’Afrique, théâtre de plusieurs conflits fratricides et dont les peuples ont été exploités durant des siècles par des puissances étrangères, se trouve face à une nouvelle forme de colonialisme sous prétexte d’interventions humanitaires qui ne servent qu’à violer davantage les droits des peuples africains. L’Afrique doit faire valoir sa personnalité internationale en évitant des divisions internes liées à des intérêts non avoués».
Transparency intertational et Me Bourdon en ligne de mire
Qu’il vienne ou pas à New York pour cette 72e AG de l’ONU, Teodoro Obiang NGuema dispose sur place d’un digne représentant du régime. Il s’agit de Anatolio Ndong Mba, représentant permanent de la Guinée équatoriale auprès des Nations Unies. Il y a un peu plus d’un mois, c’est lui qui était montré au créneau au lendemain du procès dit des biens mal acquis à Paris pour dénoncer ce qu’il qualifie de «tentative de déstabilisation de son pays par la France» d’Emmanuel Macron.
En effet, au cours de la conférence de presse organisée au siège de l’ONU le 14 août dernier, l’ambassadeur équato-guinéen aux Nations unies n’est pas passé par quatre chemins pour pointer du doigt la France. Pour lui, “c’est parce qu’ils n’ont pas eu accès aux affaires pétrolières qu’ils ont inventé tout ce processus judicaire pour se venger’’.
En ligne de mire de cette cabale selon le conférencier, se trouve l’ONG Française Tranparency International avec son maître d’ouvrage l’avocat Me William Bourdon.
A en croire l’ambassadeur extraordinaire plénipotentiaire, Transparency intertational et Me Bourdon ont voulu rentrer dans le système pétrolier de la Guinée équatoriale mais ils ont échoué. Et que c’est la raison fondamentale de cet acharnement.
Anatolio Ndong Mba, digne représentant à l’ONU
Anatolio a insisté pour dire que cette menace de la France ne datait pas d’aujourd’hui. ‘’C’est ce qu’ils voulaient faire avec l’invasion mercenaire en 2004. L’intervention des mercenaires était leur plan A. Le plan Bvise à s’attaquer à une personnalité pour déstabiliser le pays.”
Le diplomate onusien tirait ainsi la sonnette d’arme et prenait la communauté internationale à témoin. Il était convaincu que ce qu’il qualifiait de complot allait perdurer. ‘’Il s’agit d’un processus enclenché par la France et les commanditaires ne vont pas s’arrêter en si bon chemin’’, avait-t-il martelé.
Avec un tel et digne représentant à l’ONU, surtout dans un contexte économique difficile pour l’émirat pétrolier qu’est son pays, la Guinée Equatoriale, le président Teodoro Obiang NGuema Mbasogo pourrait se permettre de ne pas faire le déplacement de New York et de laisser faire son chef de la diplomatie ou tout simplement son combatif représentant à l’ONU.
Victor Bassolé/ News York
Burkina Demain