La 72e Assemblée générale de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) se poursuit à New York, où la République de Chine Taiwan n’a pas le droit de siéger. A l’approche de cette 72e AG de l’ONU, le ministre taiwanais des affaires étrangères, David Lee s’était lancé, sans grande chance de succès, dans une offensive internationale destinée à faire admettre le droit des 23 millions de Taiwanais au niveau de l’instance onusienne. En tous les cas, si Taiwan devrait effectuer son retour au sein de l’ONU comme membre à part entière comme la Chine continentale, il se fera avec plus ou moins le soutien du Burkina Faso dont le nouvel ambassadeur, Aminata Sana/Congo, a présenté ce 19 septembre 2017 ses lettres de créances à la présidente Tsai Ing-wen.
Au cours de la présentation, ce 19 septembre 2017 à Taipeh, de ses lettres de créances, l’ambassadeur Aminata Sana/Congo, a transmis, à la présidente taiwanaise Tsai Ing-wen, les salutations du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, présent au même moment à New York à l’ouverture de la 72e Assemblée générale de l’ONU.
Ce fut l’occasion pour la présidente taiwanaise de réaffirmer la disponibilité de son pays aux côtés du Burkina Faso dans le cadre de la lutte contre l’insécurité.
Le 6 juin 2017, faut-il le rappeler, Taiwan avait remis deux hélicoptères à l’armée burkinabè pour l’aider dans la lutte contre le terrorisme.
Pour l’occasion, c’est le chef d’Etat-major de l’armée de terre de la République de Chine, le Général Wang, himself, qui avait fait le déplacement de Ouagadougou pour remettre les deux aéronefs au ministre burkinabè de la défense Jean Claude Bouda.
Ce don d’hélicoptères taiwanais au Burkina Faso était intervenu après la visite de hauts responsables du régime Kaboré à Taipeh dont l’ex-président de l’Assemblée nationale feu Salifou Diallo et le Premier ministre Paul Kaba Thiéba.
Le rétablissement des relations entre le Burkina Faso et la République de Chine Taiwan date de 1994 et touche plusieurs domaines dont la santé et la défense.
Toujours pas reconnu à l’ONU
Si Taiwan jouissait du même statut international que son principal allié africain le Burkina Faso, la présidente Tsai Ing-wen serait à New York où elle aurait pu rencontrer en tête-à-tête son homologue burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, surtout que les deux chefs d’Etat ne se sont pas encore rencontrés.
Voulue et entretenue par la Chine de Pékin avec la complicité des puissances onusiennes, cette situation est de plus en plus mal vécue par les autorités taiwanaises.
«Si l’ONU veut une véritable universalité, elle doit ouvrir ses portes aux Taïwanais. La République de Chine est un partenaire de valeur pour les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU», a soutenu, à l’approche de cette 72e AG, le ministre taiwanais des Affaires étrangères, David Lee.
Faut-il le rappeler, la République de Chine fut un membre fondateur de l’Organisation des Nations Unies en 1945. En 1949, à la fin de la guerre civile chinoise, le gouvernement de la République de Chine se réfugia à Taïwan, laissant le contrôle de la majeure partie du pays aux mains du gouvernement de la République populaire de Chine.
Le siège chinois à l’ONU fut alors occupé par Taïwan jusqu’au 25 octobre 1971, date à laquelle il fut attribué à la République populaire de Chine dans toutes les instances de l’ONU par le vote de la résolution 2758.
Attendre un contexte international plus favorable
Depuis lors,Taiwan tente en vain de récupérer son siège, ou du moins un siège en bonne et due forme au sein de l’ONU. Les autorités taiwanaises avec en tête la présidente Tsai Ing-wen, avaient cru que la donne allait changer avec l’avènement de Donald Trump, surtout qu’elle avait eu cet honneur d’avoir Trump au téléphone au lendemain de son élection, ce qui avait suscité de sérieuses inquiétudes à Pékin au sujet du respect, par la nouvelle administration américaine, du principe de la Chine ‘’Unique’’. Pour les autorités de Pékin, Taiwan ne saurait se prévaloir d’une reconnaissance internationale au sein de l’ONU en ce sens que l’île est considérée comme une partie autonome de la Chine continentale ou a simplement vocation à retourner dans le giron de la Chine, comme l’a été Hong Kong à l’expiration de la souveraineté britannique.
Aujourd’hui avec le contexte international marqué ces temps-ci par l’épineux dossier nord-coréen, les Etats-Unis de Donald Trump ne peuvent pas se permettre de jouer ouvertement la carte Taipeh face à Pékin qui représente d’énormes enjeux, y compris économiques, pour le pays de l’Oncle Sam. Ainsi, à chaque tir de missile de Pyongyang, les autorités américaines se retournent systématiquement vers leurs homologues de la Chine continentale pour leur demander de faire pression sur le régime nord-coréen.
Taiwan va devoir forcément attendre un contexte international plus favorable pour se rejeter dans la bataille pour la conquête d’un siège à l’ONU.
Grégoire B. Bazié
Burkina Demain