C’est bientôt le 15 octobre, date de l’assassinat du leader de la Révolution burkinabè du 4 août 1983 Thomas Sankara. Alors que les Sankaristes de différents bords se préparent à la commémoration de ce 30e anniversaire de la disparition de «Thom Sank», disparition que certains attribuent aux réseaux FrançAfrique, c’est le moment que choisit la justice française pour condamner une figure emblématique de cette nébuleuse franco-africaine, en l’occurrence l’avocat d’affaires Robert Bourgi, fils spirituel du père de la FrançAfrique, Jacques Foccart.
A priori, cette condamnation vendredi dernier de l’avocat Robert Bourgi pour avoir donné trop d’argent aux partis de François Fillon et Nicolas Sarkozy en 2014 et 2015, soit 7.500 euros à chaque formation, n’est qu’une affaire franco-française.
Mais, vu d’Afrique, au regard des liens du personnage en cause -Robert Bourgi- et des bénéficiaires du trop d’argent perçu-Sarkozy et Fillon- avec le continent, le sujet mérite que l’on s’y attarde et se pose des questions.
Car, rien ne dit que ces fonds ne viennent pas d’Afrique, de ses dirigeants qui ont financé à travers l’avocat Bourgi l’un et l’autre partis censés remporter les élections en France. Cela a toujours été l’une des pratiques de la FrançAfrique qui consistent pour les dirigeants africains désireux de perdurer au pouvoir de financer la campagne des leaders politiques français afin de s’assurer de leur soutien une fois à l’Elysée.
Très futés, ils ne mettent jamais leurs œufs dans un seul panier dans l’Hexagone, n’étant pas toujours sûrs à l’avance des résultats des urnes. Ils misent en général sur les candidats ou formations à même de remporter les élections. Mais, apparemment là, ça n’a pas du tout fonctionné.
Inquiéter les acteurs de la FrançAfrique
Finalement, c’est Macron et son mouvement qui ont déjoué les pronostics. N’étant apparemment pas du système et n’ayant pas bénéficié de ce probable système de financement occulte, la France de Macron par le biais de sa justice s’est sentie ainsi en mesure d’inquiéter le sulfureux avocat et par ricochet les acteurs de la FrançAfrique.
Et si la France de Macron voulait sérieusement s’attaquer à cette nébuleuse franço-africaine qui a, jusque-là, réussi à survivre aux différents régimes français malgré les discours de rupture tenu ça et là ; elle ne pouvait pas s’y prendre autrement. Reste à savoir si elle ira jusqu’au bout face à cette FrançAfrique qui ne cesse de s’adapter à l’évolution des contextes politiques.
Christian Tas
Burkina Demain